ERGA OMNES - PLK

Chapitre 50

Mercredi 18 mai 2022

J'avais l'impression que le silence avait duré des heures, mes oreilles sifflaient et j'avais du mal à déglutir.

Je rendis le téléphone à Mathieu qui avait retiré ses lunettes de soleil pour plonger son regard dans le mien.

- Tu vas y aller ? Demandais-je avec un boule dans la gorge.

- Lola... Soupira-t-il en posant son téléphone à côté de lui. Evidemment que non. Je veux que tu lui répondes.

Sa réponse me surprit, il voulait que je lui réponde, je ne voyais pas le but de la manœuvre.

Il remit ses lunettes de soleil et bascula sa tête en arrière pour regarder le ciel bleu maculé de quelques nuages blancs.

- Tu m'as brisé le cœur Mathieu et je n'arrive pas à passer au-dessus de ça et à te refaire confiance à nouveau. Malgré toutes tes bonnes actions je n'y arrive pas.

- Je sais.

- Quand on sera rentré à Paris je ne sais même pas comment ça va se passer, est-ce qu'on va retourner chacun à nos petites vies ? Est-ce qu'on va se revoir ou est-ce que c'est la fin ?

Il laissa passer un long silence avant de se redresser, retirer une nouvelle fois ses lunettes, il saisissait ma main et caressa ma peau avec son pouce.

- C'est à toi de décider ce que tu veux maintenant. J'ai appelé mon père pour lui avouer que notre histoire ça n'avait jamais été sérieux, il le savait il ne voulait juste pas en rajouter avec le procès. Il l'a su lorsqu'on a mangé au resto ensemble. Il m'a dit que ma grand-mère le savait aussi, elle espérait simplement que cela devienne réalité. J'ai encore déçu ma famille. Comme d'habitude je suis au cœur du problème.

- Mathieu non, tu n'as pas déçu ta famille, ils sont toujours là pour toi, quoi que tu fasses ils sont toujours là pour toi. Je l'ai vu au procès, rien que le fait qu'ils soient venus te soutenir en dit long sur le soutien qu'ils te portent.

Il esquissa un sourire et regarda au loin, réfléchissant à ce que je venais de dire.

- Je ne sais pas comment faire pour que tu ne me vois plus comme un connard.

Je me tournais vers l'horizon, posant mon livre à côté de moi et ramenant mes genoux sur ma poitrine.

- Quand tu m'as raconté que tu allais rejoindre Noémie après le restaurant où on était censé nous voir et que tu as posté cette photo de moi, j'étais détruite. J'ai passé des journées à pleurer, à travailler, à courir. Je n'avais jamais été dans un état pareil, j'étais persuadé que tu couchais avec Noémie pendant que j'étais seule à pleurer dans ma chambre et que tu m'avais manipulée pour arriver à tes fins. Ça me rendait malade.

Il ne me coupait pas, attendant la suite, tenant toujours ma main.

- Même avec Ju' et Noah je n'arrivais pas à passer à autre chose, je n'avais jamais ressenti ça, jamais pour Brice encore moins avec Victor. Au fur et à mesure, je me suis rendue compte que c'était parce que j'avais des sentiments pour toi. Rien de nouveau je te l'ai avoué lors du procès, quand on était sur le toit du tribunal juste avant le verdict. Je pensais qu'on avait perdu et que je n'allais plus te revoir.

- Sympa. S'amusa-t-il en se remémorant ce souvenir.

- En t'avouant mes sentiments je pensais mettre un terme à tout ça, je n'allais plus te voir et tout ça allait lentement disparaitre. Quand finalement on a appris sur tu prenais que du sursis, j'étais tellement soulagée mais je t'avais aussi avoué mes sentiments. Simplement je pensais que même si tu étais dehors, tu n'allais plus avoir de contact avec moi.