Chapitre 39

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Samedi 14 mai 2022

- Viens dans l'eau avec moi je crève de chaud.

- J'ai pas envie.

Il ne me répondit pas et se contenta de se lever, époussetant le sable collé à son short de bains. Il restait hors de ma vue et je n'aimais pas ça.

- Pourquoi t'as frappé Rayan ?

Demandais-je à nouveau, qu'ils se soient expliqués était une chose, le frapper en était une autre.

- Il t'a manqué de respect, ça m'a mis les nerfs.

- Tu pouvais pas juste lui en parler au lieu de l'agresser ?

Il soupira longuement avant de me répondre.

- Tout de suite les grands mots, chez moi on s'assoit pas autour d'une table pour discuter Lola, quand on veut quelque chose c'est par la force, le respect, pareil.

- Ça reste ton pote.

- Zeu c'est mon frère, c'est pire, on n'est pas trahi par les siens. Répondit-il sérieusement.

- Il t'a pas trahi. Il a juste...

- Ne lui cherche pas d'excuse, me coupa Mathieu, il a vu la vidéo de toi, je supporte pas de repenser à ses images, j'aurais vraiment dû buter ce connard de Victor.

Je me redressais également pour marcher en direction de la mer, l'eau était calme, les vagues donnaient envie de se jeter dedans et de ne jamais en ressortir, elles me léchaient les pieds alors que j'avançais prudemment dans l'eau. A mes côtés, Mathieu avait l'air décidé à dépenser son trop plein d'adrénaline. Il courut dans l'eau salée, et lors qu'elle lui arriva au niveau des cuisses, il se retourna et se laissa retombée dans l'eau, éclaboussant tout autour de lui. Je ne pus m'empêcher de rigoler quand il se frictionna ses cheveux trempées.

Je m'approchais de lui doucement, je n'étais pas encore rentrée, la chair de poule couvrait mes bras, je préférais prendre mon temps.

- Plonge putain ! A ce rythme on est encore là demain ! Grognais le polonais impatient.

- J'arrive, je veux pas mourir d'hydrocution.

- Ouais mais moi je me gèle les couilles là, donc dépêche-toi.

Il tendit ses mains pour saisir les miennes, à peine posées sur ma peau sèche, je remarquais l'état de ses dernières. Ses phalanges étaient rougies, certaines ouvertes, l'eau salée rouvrant ses plaies. 

Il s'était battu à cause de moi et une partie de moi se sentait coupable qu'il se soit infligé ça. J'imaginais Rayan et l'état dans lequel il devait être.

- Math tu saignes...

- Je sais, ça pique un peu mais c'est rien.

- C'est pas la première fois, murmurais-je en passant mes doigts sur ses mains meurtries.

Le blondinet, dont l'eau lui arrivait aux épaules, se remit sur ses pieds et se tint debout face à moi, l'eau ruisselait sur son corps, le soleil le faisait briller.

Il était proche de moi et je devais maintenant lever la tête pour le regarder dans les yeux. Je tenais toujours ses mains meurtries entre les miennes.

- C'est vrai.

- La première fois que je t'ai vu les mains en sang c'est quand je suis venue te chercher en garde à vue.

- Tu voulais m'envoyer à l'hosto, ria le polonais à l'évocation de notre première rencontre.

- Je voulais gagner du temps, je savais pas encore que tu me payerais des vacances en Corse.

ERGA OMNES - PLKOù les histoires vivent. Découvrez maintenant