Chapitre 20

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Vendredi 28 janvier 2022

Cela faisait quasiment 4 semaines que Mathieu m'avait dégagé, de sa vie, de son procès, de tout. Mon cœur était en miette alors qu'il n'avait jamais été question d'une histoire entre nous, mais je n'arrivais pas à reprendre le dessus, je passais mes journées à me trainer dans l'appartement, à ne répondre à personne. Ju' tentait de me rendre le sourire mais sans succès. Noah avait passé quelques soirées avec nous mais sans succès.

Sur les réseaux, Mathieu était discret, quelques photos du studio, de ses récompenses et quelques selfies, c'était tout.

Je n'avais eu aucune nouvelle de la part de Damien, en congés il n'avait pas le droit de me contacter et encore moins de me licencier, il connaissait très bien le droit du travail et que je n'hésiterais pas à le mettre au prud'homme s'il tentait quelque chose. Mathieu, par l'intermédiaire d'Antoine, avait dû indiquer sa volonté de ne plus se faire représenter par nous, finalement heureusement que je n'étais pas là pour me faire couper la tête sur la place publique.

Encore deux jours à attendre avant lundi de voir mon carton avec mon mug et mes affaires devant la porte de l'entreprise. Je n'avais pas hâte d'aller m'inscrire à Pôle Emploi. Bien sûr qu'il y avait d'autres cabinets d'avocats qui m'embaucheraient, mais avec le scandale autour de Mathieu, peu aurait envie de me faire confiance.

En parlant de scandale, la photo a rapidement été oublié par le monde cruel d'internet, un drama avec Kim Kardashian a bouleversé le monde et évidemment un pauvre petit smack avec un rappeur français c'était vite passé en second plan, puis en troisième plan et enfin totalement passé à la trappe.

Noah avait à nouveau essayé de me faire sortir ce soir mais je n'en avais pas la force, je terminais devant Netflix avec des nouilles instantanées et des cookies en guise dessert, ma petite passade à vide me permis au moins de faire plus connaissance avec ma cuisine et j'avais préparé beaucoup de pâtisseries en peu de temps. J'avais donc des cookies en premier dessert, puis de la glace au spéculoos que je pouvais manger jusqu'à l'indigestion.

Au sixième épisode de Gossip Girl que j'avais déjà vu dix fois mon téléphone sonna, Noah devait encore essayé de me convaincre de la rejoindre, elle n'allait jamais me lâcher.

- Quoi ? Demandais-je pour toute introduction.

- Maître Charbonnier ? C'est Olivier du commissariat.

Redescente.

- Olivier ! Pardon ! Que se passe-t-il ?

- On a un de vos clients en cellule de dégrisement qui n'arrête pas de répéter qu'on vous appelle pour venir le chercher. Il y avait votre numéro dans ses contacts.

- Qui est-ce ?

- Mathieu Pruski.

Mon cœur rata un battement.

- Maître Charbonnier vous êtes là ?

- Oui pardon, quand est-ce que je peux venir le chercher ? Demandais-je anxieuse.

- Dans une heure, il a déjà bien décuvé et il a l'air de dormir.

- Merci Olivier, j'arrive.

Je raccrochais en tremblant. Je n'allais pas aller le chercher alors qu'il m'avait viré il y a un mois. Je devrais le laisser pourrir dans sa cellule crasseuse, Antoine ou son père viendront bien le chercher à un moment donné.

Je me reconcentra sur Blair et Chuck avec mon pot de glace sur les genoux, je n'avais finalement aucune raison d'y aller. Ce n'était pas parce que Mathieu siffle que je dois courir le sortir de sa merde, il est majeur après tout.

***

Je me détestais d'une force incommensurable, j'étais garée devant le commissariat éclairé par deux vieux spots fatigués et je n'osais pas sortir de ma voiture, j'avais à peine pris le temps de m'habiller et je n'avais pas nécessairement envie d'arriver ainsi. Olivier m'avait appelé de manière informelle, j'étais ici en tant que Lola et pas en tant qu'avocate de Mathieu, mais tout de même. Cela avait dû alimenter les ragots au sein du commissariat.

De toute façon j'étais devant. Je sortis de ma voiture et monta les marches jusqu'à la porte, je pénétra dans les lieux trop familiers et je reconnu Olivier derrière le guichet de l'accueil.

- Bonsoir Maître ! Me salua l'agent, cette fois ci c'est de l'autre côté, je vous emmène.

Il se leva et je le suivis à l'intérieur des locaux, je n'avais pas l'habitude de cette partie du bâtiment, nous descendîmes un étage et le froid me glaça les eaux, un petit couloir mal éclairé et quelques portes opaques, il déverrouilla la première. Une dalle de béton avec une couverture, un toilette en inox et un blondinet couché sur le côté, face au mur.

- Aller Mathieu, lève-toi, on rentre. Me contentais-je de dire.

Je le vis trembler, se lever, regarder par terre et me suivre sans un mot. Olivier me rendit ses affaires, un téléphone, ses clefs, ses chaines et chevalières, ses lacets et sa casquette. Je payais la somme due et nous quittâmes ce lieu infernal. Le blondinet empestait l'alcool et le fait de le voir dehors montrait bien qu'ils avaient oubliés de lui faire un test salivaire.

Il grimpa dans ma voiture et s'endormi avant même que je ne démarre. C'était bien ma veine, si j'avais toujours l'adresse du studio où je l'avais déposé la première fois, je n'avais plus aucune idée de la rue où il habitait.

Il fallait que je trouve rapidement une solution, si on nous voyait ensemble dans ma voiture j'étais définitivement cuite. Le stress me faisait trembler et transpirer, je devais trouver une solution. Je me pencha vers lui et bascula sa casquette sur l'avant de son visage, le blondinet grogna mais ne bougea pas. Déjà on le reconnaitrait moins.

Je démarrais ensuite rapidement en essayant de trouver une solution sur la route, j'avais l'impression de revivre notre rencontre mais j'avais beaucoup plus à perdre aujourd'hui, vraiment beaucoup plus.

Je me laissais finalement conduire jusqu'à chez moi, après avoir évité de lui prendre une chambre d'hôtel au risque d'être vus et pris en photo, et j'ai également évité le studio, si Antoine y était-il allait nous défoncer tous les deux et je n'avais pas envie de cela.

Une fois garé, je sortis de la voiture et réveilla Mathieu en retirant sa casquette de son visage, il réagissait à moitié, je le tira hors du véhicule et passa son bras sur mes épaules pendant que je lui tenais la taille. Pas léger le bébé, mais au moins il avançait, lentement mais surement. Dès que l'on passerait la porte d'entrée de l'immeuble je me sentirais mieux.

Il monta avec difficulté les trois étages, je priais pour être seuls. Ju' devait passer la nuit chez une copine, mais elle pouvait aussi être revenue à l'appartement. Le noir et le silence nous accueillit lorsque la serrure se déverrouilla, merci seigneur.

Mathieu grogna à nouveau lorsque la lumière de l'ampoule lui grilla ses pupilles trop dilatées. Je l'installa sur le canapé, lui retira ses baskets et lui jeta un plaid. Il se retourna et se rendormi immédiatement. Un léger ronflement envahissait le séjour me laissant bien comprendre qu'il n'était pas prêt à se réveiller.

Je faisais quoi maintenant ? J'avais une bombe à retardement dans mon salon et je n'avais aucunement envie de dormir en sachant qu'il pouvait se réveiller à tout instant. Et quand il allait se réveiller, qu'allait-il se passer ?

Lola, t'es encore dans la merde !

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Holàààà ! Est-ce que comme Lola vous seriez aller chercher Mathieu au commissariat ?

Laissez-moi vos impressions.

Chloé ❤

ERGA OMNES - PLKOù les histoires vivent. Découvrez maintenant