Chapitre quinze

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Ashton

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Ashton

Une foulée maîtrisée, une respiration contrôlée, une symphonie rythmée. Chacun de mes pas résonne sur le bitume du chemin que j'ai emprunté pour ma course devenue presque quotidienne. L'effervescence matinale, causée par les fonctionnaires et travailleurs new-yorkais, entoure la bulle dans laquelle je me suis enfermé. L'air des chansons qui défilent dans mon casque me garde à l'écart de tout ce rythme effréné.

Mon circuit est toujours le même, à travers les rues du quartier, je rejoins le parc peu animé en début de matinée. La température estivale écrasante n'a pas encore frappé, il m'est donc agréable de rallonger d'un tour mon parcours. L'air encore frais me fait du bien, venant contraster avec la chaleur émanante de mon corps suite à l'effort.

J'apprécie toujours autant cette liberté. Ce sentiment de pouvoir aller où bon me semble sans avoir cette chaine accrochée à mes pieds sans que je ne puisse rien y faire. Peu à peu, les habitudes et réflexes que j'ai adoptés en prison s'en vont. Certainement pas tous, quelqu'uns resteront probablement à jamais gravés en moi mais cette peur incessante de faire quelque chose d'illégal. De ne pas avoir le droit d'agir, de sortir, de marcher. Oui, cette crainte s'évapore lentement et je m'en sens plus léger. Les cicatrices invisibles qui hantent mon esprit semblent se refermer, certes elles restent encore fragiles.

C'est mon jour de congé, et j'avoue que ça me fait du bien. J'ai enchainé plusieurs journées en ligne depuis quelques temps et même si sur le moment on ne s'en rend pas compte, la fatigue et l'envie d'une pause se font ressentir. Particulièrement après l'épisode du témoignage. Diego m'a accordé aujourd'hui et demain. Rien de mieux que d'aller courir pour commencer en beauté ce petit repos et sortir de ma tête.

Cela fait quatre jours que j'ai parlé avec l'agent Nolan pour la première fois. Même si je n'irais pas jusqu'à dire que c'était une discussion conviviale autour d'un café. Il m'a rappelé pour terminer ses questions. Je me suis résigné et y suis allé hier, finissant de répondre à ses fichues interrogations qui n'étaient à mon sens pas pertinentes. Est-ce que je suis de mauvaise foi ? Oui probablement. Il a cependant eu la délicatesse, disons le ainsi, de ne pas remettre sur la table le sujet qui m'a emporté l'autre jour.

Je n'ai pas osé aller voir Jade cette semaine, ma tête était bien trop occupée et je ne voulais pas lui imposer mes pensées intrusives, mes doutes. Mais je l'ai eue au téléphone, et je dois dire qu'elle a toujours ce doux effet sur mon humeur, elle apaise les vents et marais de mon âme simplement par sa présence. N'étant pas pressé aujourd'hui, je prends mon temps pour rentrer à l'appartement. Je m'autorise même un détour pour aller chercher ces brioches à la cannelle, découvertes il y a quelques temps grâce à Abigaëlle, pour les faire découvrir à mon tour à Jade. J'aimerais aller la voir aujourd'hui. Michael et Pascale doivent s'absenter dans deux semaines, et toute la semaine pour aller aux funérailles d'un ancien frère d'armes de mon beau-père. Devant aller à l'autre bout du pays, je ne sais pas comment ils vont faire pour Jade. On pourrait malheureusement dire que le timing est bon, elle a bien sa semaine de vacances au même moment mais il est préférable qu'elle n'assiste pas à cet évènement. Je ne préfère pas. Elle a déjà vécu suffisamment de choses pour son jeune âge. Si je peux lui éviter d'avoir à gérer un enterrement, je le ferais.

My unfairness' shadowOù les histoires vivent. Découvrez maintenant