Chapitre vingt-deux

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Ashton

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Ashton

Dans un geste doux et tendre, Abigaëlle laisse glisser délicatement ses doigts sur mes joues. Son toucher est empreint d'affection et de bienveillance. Ses mains sont légères, froides mais chaque caresse semble porter la chaleur de sa bonté d'âme.

Ses doigts effleurent ma peau avec une douceur presque imperceptible, comme des pétales de rose caressant une brise d'été. Elle fixe ses yeux dans les miens, transmettant un message silencieux d'interrogation, elle semble toute aussi perdue que moi. Malgré le doute, le doux sourire qui illumine son visage révèle le ravissement qu'elle éprouve à toucher mon visage, comme si après ces semaines à se côtoyer, ce goût agréable de se découvrir ainsi nous transperce mutuellement. C'est un moment d'intimité, de proximité où les mots ne sont pas nécessaires, car les gestes parlent d'eux-mêmes, exprimant une complicité naissante.

Son regard vissé au mien, les notes de la musique semblent si lointains à cet instant précis. Une envie irresponsable me pousserait à combler cette ridicule distance qui séparent nos lèvres, découvrir le goût des siennes. Mes doigts viennent s'enrouler autour de son second poignet, cherchant à savoir ce qui lui passe par la tête. Y compris dans la mienne. Ces voix angoissantes refont leur apparition, me hurlant de l'éloigner de moi, m'électrisant à coup de frissons désagréables. Ma bouche s'entrouvre, m'apprêtant à finalement prendre la parole au risque de briser ce moment. Cependant elle me devance, se libérant de ma prise, laissant glisser ses mains brisant ainsi notre contact à la place. Ses bras retombent le long de son corps, elle fait un pas de recul en se pinçant les lèvres en un sourire timide.

Cette distance qui s'installe à nouveau à l'effet d'une bourrasque de vent glacial qui me paralyse l'échine. J'aurais aimé conserver un peu plus longtemps la chaleur de cette proximité qu'elle m'a offert pendant notre courte danse. Je m'éclaircis la voix en me grattant nerveusement l'araire de la nuque. J'ai l'impression d'avoir quinze ans à nouveau en plein flirt pris sur le fait par ses parents. J'accroche son regard émeraude une nouvelle fois, et soudainement, un léger rire nous prend. Tous les deux mal à l'aise, c'est comme si le rire était une façon de détourner la gêne de la situation. Une once de regret me broie l'estomac, regrettant de ne pas avoir agi.

Ne sachant pas comment faire pour sortir de cette situation, je lui montre mes mains blanchies par la peinture en retenant un énième rire étouffé.

« Je... Je vais aller retirer tout ça..., lui annoncé-je en indiquant la salle de bain d'un test de menton.

— C'est une bonne idée, je ne vous ai pas raté, répond-elle amusée.

— Je m'en suis pas si mal sorti non plus si je vous regarde. »

En effet, la jeune femme face à moi est couverte de peinture. Des traces blanches recouvrent ses bras, son visage, ses vêtements non plus n'ont pas été épargné. Les miens non plus. Je la quitte pour rejoindre la salle d'eau. J'expire l'air que j'ai l'impression de retenir depuis cet instant de proximité avec elle. J'observe mon reflet, esquisse un sourire en découvrant l'ampleur des dégâts. J'attrape une serviette et commence à frotter mes joues, mon front. Mes mains sont les suivantes à subir un nettoyage en profondeur. Je retire mon t-shirt pour le laisser tomber dans la panier. Je sors de la pièce en tombant nez à nez avec la charmante brune. Ses joues prennent une teinte rosée alors que ses yeux semblent se balader.

My unfairness' shadowOù les histoires vivent. Découvrez maintenant