Chapitre vingt-six

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Ashton

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Ashton

Pour cette première journée en compagnie de ma fille, nous avons décidé de mettre les petits plats dans les grands et de nous concocter un déjeuner digne de nos deux estomacs sur pattes. Sous les ordres bien précis d'une demoiselle haute d'un mètre zéro neuf, je m'exécute en remuant la préparation d'une pâte à crêpe. L'odeur de tous ces ingrédients mélangés sont comme une caresse pour mes sens, m'apportant un sentiment de réconfort et de joie intense. Cuisiner n'a jamais été mon fort. J'ai toujours aimé ça mais je n'ai pas la fibre du cuisto' en moi, certainement pas. Cependant, le processus en lui-même est apaisant, exaltant. Et ce matin encore plus alors même qu'une tête blonde m'indique tout ce que je ne fais pas correctement.

« Papa fais attention, me gronde Jade. Tu mets des coquilles. »

Son implication et sa dévotion à la nourriture me fait sourire.

Debout sur une chaise proche de la plaque de cuisson, je surveille prudemment ses gestes lorsqu'elle verse une petite quantité de pâte pour cuire crêpe après crêpe. Les arômes se dégageant de notre petit déjeuner forment une symphonie matinale qui éveille les sens, tout comme la musique peut égayer une journée. J'ai cette impression, cette sensation qui secoue mes tripes que tout va bien, un retour à la vie normale. Un père et sa fille qui préparent un petit déjeuner, prêts à affronter une nouvelle journée remplie de joie et de rires. Jade est en vacances et je me languis tellement de passer chaque seconde avec elle, ne laissant aucune occasion m'échapper d'ancrer ces moments partagés dans mon esprit.

Le bruit de nos ustensiles cognant nos assiettes garnies, son petit air chantant que ma fille fredonne toujours lorsqu'elle mange, les bruits ambiants de la rue animée créant une nouvelle symphonie harmonieuse, réchauffant un peu plus mon âme.

« Papa, est-ce qu'on peut aller au cinéma s'il te plait aujourd'hui ?, m'interroge-t-elle la bouche pleine.

Cette scène me fait sourire même si intérieurement un noeud se noue dans mon estomac. Cette question innocemment posée par une enfant de cinq ans me renvoie deux ans plus tôt. Je sens ma respiration s'accélérer, les battements de mon coeur s'intensifier et cogner contre ma poitrine. J'essaie de le dissimuler, mais Jade me regarde perplexe, un regard inquiet.

— Tu vas bien papa ? Tu fais une drôle de tête...

— Oui ma puce, tout va bien, tenté-je de la convaincre souriant. C'est une bonne idée, quel film voudrais-tu aller voir ?

Les souvenirs remontent, la culpabilité avec. Je tentais si fort de l'écraser, de ne plus me laisser bouffer par la sensation d'être coupable mais je me voilais la face. Elle est toujours là, et ma réaction à la simple évocation de la dernière activité que j'ai faite avec Clara en est la preuve. Je me sens soudain si triste. La nuit de sa mort défile sous mes yeux avec une précision qui me détaille chaque instant comme s'il s'agissait du film que nous avions été voir cette nuit-là.

My unfairness' shadowOù les histoires vivent. Découvrez maintenant