Après avoir passé vingt-deux mois en prison, Ashton Simmons est finalement innocenté. Il retrouve sa liberté, et plus important encore, sa fille désormais âgée de cinq ans.
Cependant, après presque deux ans derrière les barreaux, toute personne cha...
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Ashton
Mon coeur ne sait plus comment fonctionner. À l'entente de son prénom, j'ai l'impression que mes poumons se sont vidés de leur air et qu'il m'est impossible de respirer. Plus de quatre ans se sont écoulés depuis la dernière fois que j'ai vu Emilia.
Que fait-elle ici ? Pourquoi et comment on l'a trouvée ?
Je regarde par dessus mon épaule et je vois Abigaëlle aussi surprise que moi. Visiblement, c'est une information que mon avocat s'est bien gardé de nous dire. Une fois que la juge a réceptionné et pris connaissance du document, elle demande une pause le temps d'étudier la demande. Elle appelle les avocats dans son bureau et nous demande de revenir dans quinze minutes.
Je retrouve soudainement l'usage de mes jambes et je cours presque en dehors de la salle. J'ai besoin de sortir d'ici. J'entends qu'on m'appelle mais je suis incapable d'identifier à qui appartient cette voix. Je remonte le couloir espérant ne pas la croiser. Je vivais bien sans sa présence. J'ai réussi à gérer son absence, mes sentiments face à cette situation. Mais la revoir, c'est comme si tout allait s'effondrer. Et j'ignore si je suis prêt.
Mon coeur bat bien trop vite, j'ai du mal à respirer. Mes yeux sont envahis de souvenirs autrefois agréables, aujourd'hui douloureux.
— Ashton..., m'appelle Abigaëlle. Tout va bien aller.
J'entends ce qu'elle me dit mais sa voix me semble si loin. Je regarde autour de moi, incapable de lui répondre.
— Viens.
Sa main agrippe mon bras et la seconde d'après, je me retrouve dans une pièce vide. Une sorte de bureau inutilisé ou débarras. Je sens sa paume se poser sur ma poitrine et j'ose poser les yeux sur elle.
— Ashton je t'en prie, respire.
Je me rends alors compte que je continue malgré moi à retenir ma respiration. Je prends une grande inspiration presque douloureuse. L'air me brûle l'œsophage alors mes doigts s'enroulent autour de son fin poignet.
— Pourquoi est-ce qu'elle est là ? demandé-je en parlant plus pour moi que pour elle.
— Je sais pas Ashton... Mais c'est pas grave, elle va peut-être pouvoir t'aider, on ignore ses intentions.
— Elle a pas le droit...
Ma voix n'est qu'un murmure. Mon dos rencontre le mur derrière moi et il me faut toute la force du monde pour ne pas me laisser tomber par terre. Deux mains fraiches prennent en coupe mon visage.
— Ça va bien aller d'accord ? affirme Abigaëlle. Tu vas pas la laisser, ni elle ni qui que ce soit avoir de l'emprise sur toi et te déstabiliser, pas aujourd'hui c'est clair ?
Ses yeux verts prairie ne quittent pas les miens alors que j'opine légèrement. Me retrouver dans un tel état à la simple idée de la revoir, c'est comme si tout ce que je ne m'étais pas autorisé à vivre est sur le point de refaire surface. Toutes les émotions que j'ai enfouies quand elle est partie. La trahison de son départ, le sentiment d'abandon, d'insuffisance. La colère parce qu'elle n'aimait pas notre fille autant qu'elle aurait dû. J'ai sincèrement pensé que je ne lui en voulais pas, que je la comprenais et qu'elle avait eu raison de se choisir au lieu de rester malheureuse. Je l'ai cru et me suis convaincu que c'était ce que je pensais.
