Chapitre vingt-trois

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Ashton

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Ashton

Trois jours se sont écoulés depuis qu'Abigaëlle est venue me donner un coup de main pour la peinture. Trois jours que je n'ai pas eu de ses nouvelles non plus. Si ce n'est un simple message hier m'indiquant qu'elle était désolée, qu'elle aurait aimé venir m'aider à nouveau mais qu'elle était débordée par son travail en plus de plans personnels. L'envie de lui écrire, même de l'appeler m'a démangé les doigts.

Et non, ce n'est pas pour qu'elle vienne m'aider à peindre des fichus murs.

Je ne peux m'empêcher de supposer que la raison de son silence est liée à ce qu'il s'est passé. Ou bien à ce qu'il ne s'est pas passé. Je n'ai pas cessé d'y penser. Je suis perdu tel navigateur égaré en plein brouillard, incertain de la direction à prendre dans le vaste océan des sensations et émotions. Identifier ce que je pense, ressens, ce n'est pas tâche facile. Deux ans, deux ans que je n'avais pas eu ne serait-ce qu'une étreinte avec une femme. Clara a été la dernière personne à me démontrer une certaine affection, m'avoir pris dans ses bras. C'est long deux ans. Et je dois dire que depuis, j'ai cultivé à la fois une impatience, une excitation et une terreur angoissante de retrouver cette proximité avec quelqu'un.

Il est probable que j'analyse plus que nécessaire la situation. Après tout, il s'agissait peut-être simplement d'une euphorie, un instant de flottement incertain résultant de la complicité du moment. Ce contact qui m'a provoqué des sensations que je pensais enfouies voire éteintes n'était sans doute que le résultat d'une longue période de solitude. Oui, c'est probablement ça. L'évidence me frappe soudainement. J'esquisse faussement un sourire et quitte mes pensées pour reprendre mon travail.

Depuis onze heures, je m'active dans les coulisses de la cuisine, prêt à danser au rythme effréné des éviers, des égouttoirs et des éponges. Du moins, aussi prêt qu'on puisse l'être quand on est mentalement tourmenté par diverses pensées. Mais comme chaque jour, je m'efforce de faire sortir le danseur solitaire en moi, tourbillonnant entre les assiettes sales et les couverts abandonnés, les plaçant soigneusement dans l'évier. Est-ce que j'embellis et romantise mon travail pour me motiver ? Absolument. Je n'ai pas la tête à ça, en plus de mes réflexions, je suis surtout trop impatient de revoir Jade. Je ne l'ai pas vue depuis ce qui s'apparente à une éternité.

« Alors mon p'tit loup on est perdu dans sa tête ?, entends-je derrière moi en même temps que des mains se posent sur mes épaules.

Je secoue la tête pour revenir sur terre, me retourne et observe mon collègue qui arque un sourcil, suspendu à ma réponse.

— Quoi ? Non, non ça va, réponds-je simplement.

— Tu es pensif, certes ça change pas tant de d'habitude on s'entend, mais quand même ? T'as quoi dans là-dedans ?, m'interroge-t-il directement.

Son index tapote ma tempe me lançant un regard interrogateur. Je balaye sa main et hausse les épaules simplement. Cela dit, s'il y a bien une chose que j'ai apprise sur Kyle, cet homme aux apparences dures est qu'il a très peu de patience et surtout n'aime pas passer par quatre chemins. Si la réponse ne le satisfait pas, la conversation n'est certainement pas finie. 

My unfairness' shadowOù les histoires vivent. Découvrez maintenant