Epilogue

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Ashton

Trois ans plus tard

— Chut, papa tu fais trop de bruit ! me crie Jade en faisant plus de bruit que moi.

Je ne retiens pas mon rire alors que je referme la porte discrètement derrière moi. Avec l'aide de ma fille qui continue de grandir sans que je lui ai donné l'autorisation, on s'adonne à la mission secrète du jour : célébrer l'anniversaire d'Abigaëlle.

Depuis des semaines Jade me réclame de lui faire la surprise pour souligner ses trente bougies. Alors à l'aube, le soleil à peine levé, nous voilà à décorer notre nouvel appartement, que nous avons acheté quelques mois plus tôt avec Abigaëlle. Proche du quartier de Manhattan où elle résidait avant avec Harry. Il vit d'ailleurs toujours dans le même appartement avec une nouvelle colocataire, une collègue à lui de ce que m'a dit Abby.

Les ballons à l'helium se multiplient et flottent doucement dans l'air. J'aspire du gaz par moment et fait rire ma fille avec une voix bien plus aiguë que la mienne. Entre deux rigolades, je porte Jade sur mes épaules pour qu'elle puisse accrocher des guirlandes lumineuses et une seconde avec écrit joyeux anniversaire au dessus de l'ilot de cuisine. Elle a maintenant huit ans, et elle prend son rôle de décoratrice très au sérieux.

En la faisant regagner le sol, je renverse une pile d'assiettes en plastique et je m'attirer les douces foudres de ma fille chérie.

— Papa, tu vas la réveiller ! me gronde-t-elle en riant.

Je lui réponds par un geste de silence exagéré.

Une fois tout en place, toujours avec la discrétion qui nous habite, nous nous dirigeons vers la chambre où dort encore Abigaëlle. J'ouvre la porte avec précaution mais c'est sans compter sur Jade qui saute sur le lit.

— Joyeux anniversaire, Abby ! s'exclame-t-elle.

La femme qui partage ma vie depuis plus de trois ans ouvre les yeux, un peu désorientée, mais le sourire éclatant de Jade la ramène à la réalité.

— Viens dépêche-toi ! Continue ma fille sans la moindre délicatesse.

Elle lui tire le bras pour la faire se lever et l'entraine dans l'autre pièce sans me laisser le temps de l'embrasser et la célébrer comme elle le mérite. Elle me lance un regard intrigué, les yeux encore endormis, le sourire aux lèvres.

Je les suis et observe la réaction de la plus grande. Jade la fait tourner sur elle pour lui montrer les ballons, guirlandes qu'elle a accrochés toute seule. Abigaëlle la prend dans ses bras, la serrant fort contre elle et parsemant son visage de baisers.

Au cours des dernières années, Jade l'a complètement adoptée, et ensemble elles ont développé une complicité qui m'arrache toujours un sourire quand j'en suis témoin. Comme à cet instant où je les vois rire et s'enlacer pendant que ma fille lui chante joyeux anniversaire. Je me joins à elles, me rapprochant et laissant mon rôle de spectateur pour prendre ma place dans cette scène.

— Merci, c'est parfait, tout est parfait, me remercie Abigaëlle en glissant ses bras autour de mon cou.

Je lui souris et dépose mes lèvres sur les siennes. Je la rapproche contre moi en l'attrapant par la taille pendant que Jade semble s'activer dans la cuisine. La femme nouvellement trentenaire approfondit notre baiser avant que je glisse mes lèvres à son oreille.

— Tu auras ma part de ton cadeau quand Jade dormira, lui murmuré-je à l'oreille.

Ses yeux remontent vers les miens alors qu'elle pique un fard. Elle n'a pas le temps de répondre qu'on est rappelés à l'ordre par la seule figure d'autorité de la maison, à savoir une enfant de huit ans qui pourrait nous mener à la baguette si elle le voulait vraiment.

My unfairness' shadowOù les histoires vivent. Découvrez maintenant