Chapitre cinquante

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Ashton

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Ashton

— On t'attend ici, prends ton temps.

Abigaëlle dépose un baiser sur ma joue et me sourit tendrement. Dans ses bras, Jade s'accroche à son cou et m'envoie un baiser de sa main libre. Je leur souris, le coeur battant fort et hoche la tête, me donnant le courage qu'il me faut pour franchir les grilles en fer noir du cimetière de Green Wood.

Nous avons quitté le Bronx pour se rendre à Brooklyn. Je n'ai pas réussi à me résoudre à faire le trajet seul, elles m'ont alors accompagné. Mais ce bout de chemin qu'il me reste, je me dois de le traverser par moi-même. Les lèvres pincées, j'enfonce ma main dans ma poche et attrape mes clés avec lesquelles je joue. Toute distraction est bonne à prendre pour m'éviter de me faire envahir par mes pensées débordantes.

Troisième allée, quatorzième pierre tombale.

J'avance, un pas après l'autre vers la tombe de Clara. Mes sens en alerte, analysant chaque mouvement des feuilles dans les arbres, le bruit de la circulation au loin, l'odeur des fleurs récemment déposées ou de celles que je tiens dans ma main. C'est la première fois que mes pieds foulent ces graviers. La sensation sous la semelle de mes chaussures hérisse les poils de ma nuque. Je jongle entre trop retenir mon souffle, et respirer bien trop fort. L'angoisse me paralyse, bien que le besoin viscéral de franchir ces derniers mètres me pousse à mettre un pied devant l'autre.

J'ai l'impression de voir flou, que rien autour de moi n'est clair. Tout va trop vite et en même temps tout semble être au ralenti, comme si l'environnement autour de moi était aussi embrouillé que mon esprit. La faible brise vient balayer mon visage alors que mes yeux se posent sur les écritures encore trop nettes, me prouvant que cette pierre n'est pas très ancienne.

Clara Jonhson

2 juillet 1996 — 23 mai 2021

Fille, Soeur, Amie et Marraine bien-aimée

Mon coeur se serre en voyant l'inscription. Je reste de longues minutes à simplement fixer ces mots, les relire encore et encore, les épaules tendues. J'ignorais que ses parents allaient préciser qu'elle était marraine de Jade. Je n'ai eu aucun contact avec eux depuis le procès. J'ai tenté de m'excuser, je leur ai même écrit en prison, mais je n'ai jamais reçu de réponse et je les comprends. Je ne leur en ai pas voulu. Mais j'aurais aimé être cru, qu'on me croie que jamais je n'aurais fait le moindre mal à leur fille, à mon amie.

Mes yeux balayent les alentours, personne n'est là excepté une personne âgée à plusieurs mètre de moi. C'est calme. En totale contradiction avec mes émotions internes. Je me penche légèrement et dépose au pied de la pierre tombale le bouquet de lys blancs que je tenais.

Une énième brise fait flotter une odeur florale avec une note à peine perceptible de noix de coco. Une note si subtile que je me demande si je ne l'ai pas imaginée. Je n'ai jamais vraiment cru aux signes, aux synchronicités de la vie, et pourtant la part irrationnelle de mon cerveau ne peut s'empêcher d'associer cette odeur à celle qui caractérisait ma meilleure amie. Un sourire triste prend place sur mon visage.

My unfairness' shadowOù les histoires vivent. Découvrez maintenant