Chapitre quarante-cinq

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Abigaëlle

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Abigaëlle

La jalousie n'a jamais été un sentiment familier pour moi. Je n'ai jamais été du genre possessive, ce n'est juste pas moi. Mais je dois avouer que voir Ashton et son ex parler à moins d'un mètre de moi fait naître en moi une sensation que je ne pensais pas ressentir un jour. Je ne suis pas inquiète, mais ça me dérange oui.

Ça me dérange de la voir le regarder comme elle le fait, avec des yeux toujours amoureux. Ça me dérange d'entendre Ashton échapper son surnom, Lia, comme il devait sûrement le faire lorsqu'ils étaient ensemble, un vieux réflexe qui me prouve la profondeur de leur lien.

Je tente de me distraire et d'ignorer leur conversation, mais même avec toute la volonté du monde, je n'y parviens pas.

— Ce que je dis c'est que t'aurais au moins pu me donner des nouvelles ! prononce-t-il d'un ton faussement calme.

— Je pouvais pas, et tu le sais. On avait besoin de cette distance.

— Non non, tu en avais besoin, tu avais besoin de partir seule, pas moi !

Je m'efforce de ne pas réagir, mais entendre sa voix se briser et transmettre toute la tristesse et colère qu'il a en lui depuis des années me comprime la poitrine. Cet homme n'a demandé que d'être aimé et entouré des siens. Depuis presque quatre mois, je le côtoie, j'apprends à le connaître et j'en suis arrivée à la conclusion évidente que son âme souffre. Elle souffre tellement qu'elle hurle ses maux à qui veut les entendre, à qui voudra bien les panser. Mais il est seul, il s'est retrouvé seul bien trop longtemps et ça n'a fait qu'empirer sa souffrance.

— Tu disais vouloir de l'aventure, vouloir découvrir le monde et vivre pleinement ta vie, explique Ashton. T'as pas le droit de dire que j'étais d'accord avec ça, je l'étais pas. Ta vie, tes aventures, toutes ces choses on aurait pu les vivre à trois, donc c'est toi et toi seule qui avait besoin de cette distance. Tu nous as laissés seuls.

— Ash'... Je suis tellement désolée, j'ai jamais voulu vous faire souffrir, jamais. Mais comprends-moi aussi, je venais de vivre des mois horribles, j'ai failli mourir alors oui j'avais besoin de vivre !

— Je sais, souffle-t-il et du coin de l'oeil je le vois passer sa main dans ses cheveux. Je suis désolé.

Il ne devrait pas s'excuser à mon sens, mais je ne suis personne pour juger cette situation. Et je  ne suis personne pour la pointer du doigt non plus. J'ai quitté mon fiancé et ai décidé de tout recommencer à zéro aussi. L'amour que j'avais pour lui n'avait rien à avoir avec ma décision. Quand j'ai accouché de mon bébé, qu'on m'a dit qu'il n'avait pas survécu, mon monde s'est écroulé. Tout ce en quoi je croyais, toutes mes envies pour l'avenir, absolument tout s'est déconstruit et une partie de moi s'est brisée à jamais. Je ne peux que comprendre l'envie et le besoin d'Emilia d'avoir voulu vivre après avoir côtoyer de loin ou de près la mort.

My unfairness' shadowOù les histoires vivent. Découvrez maintenant