Chapitre vingt-huit

155 13 39
                                    

Abigaëlle

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

Abigaëlle

Depuis aussi longtemps que je me souvienne, je suis habitée par la volonté d'aider et de protéger les enfants de ce système. La réalité, quand on est baladé de foyer en foyer, en passant par une famille d'accueil qui n'a pas toujours les intentions les plus louables, c'est qu'on en sort brisés. Je ne le sais que trop bien et savoir que la plupart du temps je suis considérée comme la responsable de ça dans les yeux de ces jeunes âmes, ça fait mal. J'ai probablement le syndrome du héros, voulant représenter un bouclier d'amour, un rempart inébranlable dressé contre les tempêtes de la vie, une lumière bienveillante qui éclaire le chemin de ces petits êtres. Être un doux murmure qui les guide vers un avenir plus sûr, où ils se sentiraient plus en sécurité.

Alors quand je vois une nouvelle fois cette méfiance et crainte dans les yeux de cette jeune enfant aux boucles d'or, mon coeur se serre un peu plus. Je suis consciente que je vais devoir créer un lien avec elle, lui prouver qu'elle peut me faire confiance, que je ne suis pas une ennemie.

Je me redresse pour lui laisser l'espace et le temps dont elle a besoin, lui laissant le choix d'initier ou non le contact. Si j'ai bien appris quelque chose grâce à mon travail, c'est que la patience est primordiale pour faire face aux enfants et à leurs peurs. Les laisser faire le premier pas est important, ainsi ils savent qu'ils sont en sécurité. Du moins je l'espère.

Mon regard se dépose sur Ashton dont le regard inquiet qu'il arborait semble s'être dissipé. Il ne doit pas avoir l'habitude de laisser sa fille à des inconnus et je comprendre tout autant ses appréhensions. Ses yeux trouvent les miens et je lui souris, tentant de le rassurer du mieux possible. C'est un homme tourmenté lui-aussi, tout aussi brisé que ces enfants que je vois au quotidien.

Le revoir pour la première fois après l'avoir embrassé l'autre soir, c'est comme explorer un livre captivant dont les premières pages m'ont laissé un avant-goût de l'histoire à venir. Chaque regard, chaque sourire, et j'ai envie de continuer à tourner ces pages les unes après les autres. Je veux découvrir le récit qu'il représente. Il m'intrigue, me tient en haleine, m'offre une impression de renouveau.

Les traits masculins de son visage se détendent, m'offrant un sourire à son tour. Son téléphone se met à vibrer dans sa poche et la frustration se lit à nouveau sur son visage, il doit sûrement y aller bientôt. Il s'abaisse à nouveau à la hauteur de sa fille et lui promet de revenir le plus vite possible. J'ai beau me tenir à plus ou moins deux mètres de ces deux-là, je suis fouettée en pleine figure par l'amour qu'ils dégagent à travers leur étreinte. La douceur si pure qui les habite tous les deux est précieuse, et à cet instant précis je me promets à moi-même de tout faire pour les aider à rester uni ainsi.

« Je dois y aller ma princesse, l'informe Ashton embrassant son front. Tu me promets d'être sage avec Abigaëlle ?

La jeune enfant me regarde un instant, de haut en bas comme pour analyser une nouvelle fois la personne que je suis et si elle peut ou non me faire confiance. Puis hoche la tête. Son auriculaire levé, un sourire habille son visage innocent, elle le lui promet.

My unfairness' shadowOù les histoires vivent. Découvrez maintenant