Chapitre 20 : Persephone (Tamino)

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LOGAN :

Je n'en reviens pas à quel point cette petite blonde a réussi à me mettre le cerveau sens dessus dessous. Elle hante mes pensées jour et nuit, m'empêchant de me concentrer. Depuis qu'elle est partie sans un regard en arrière le jour du nouvel an, je n'ai envie de rien, sauf d'elle.

Le soir, alors que je suis seul dans mon lit, je me trouve à penser à son corps contre le mien, à sa délicieuse odeur fleurie et à elle tout simplement. Je passe plus de temps qu'avant à me branler, forcément en me remémorant nos moments ensemble. Son souvenir est de partout au club : la cuisine, les canapés, ma chambre... Cela ne rend pas la tâche de me la sortir de l'esprit aisé.

Alors, je bosse comme un malade toute la journée entre le salon de tatouage ou le garage, et enchaîne run sur run la nuit. Je dors peu, et cela me convient, car elle est dans mes rêves aussi. Tout le monde a remarqué que quelque chose a changé en moi depuis qu'elle est partie, et heureusement personne ne dit rien. Dès que j'ai un peu de temps libre, j'avale les kilomètres sur ma Harley pour me vider la tête et ne pas penser à ce qu'Angélique a réussi à me faire ressentir alors que j'avais choisi de faire une croix sur les émotions il y a plus de vingt ans.

Danger et moi, nous nous ignorons le plus possible. Je sais qu'il est aussi affecté par le départ de sa fille que moi. Nous n'avons plus parlé du fait que j'ai couché plusieurs fois avec elle, et c'est très bien comme cela.

Les semaines passent, se transformant en mois. Je me rends à peine compte du temps qui passe et nous sommes déjà au mois d'Avril. Sur un coup de tête, je prends le premier avion pour la Californie, où je sais qu'elle est. Ça n'a pas été compliqué de la trouver, car elle a envoyé un message à Danger pour lui dire. Elle est partie pour mettre de la distance, pas pour se cacher.

Puisque je n'ai pas pu emmener ma moto avec moi, je suis obligé de louer une voiture pour aller de l'aéroport à chez elle. Je gare le SUV en bas de son immeuble et relis le message que m'a envoyé un prospect d'un club local missionné de la suivre. Elle est au bar avec des collègues.

Je fume une cigarette avant d'entrer à l'intérieur. De la musique passe en fond sonore, qui est presque entièrement recouverte par les conversations. Je repère Angélique rapidement. Elle est dos à moi, assise sur un tabouret. Elle porte une chemise blanche avec un pantalon noir et ses cheveux sont attachés en chignon. J'ai envie de le défaire et de passer les mains dans sa chevelure.

Je marche dans sa direction et vois à sa posture qui change qu'elle a senti ma présence. Être de nouveau près d'elle, de la voir, de sentir son parfum et d'entendre sa voix, m'avait manqué. Cette prise de conscience me surprend mais je ne m'attarde pas dessus.Elle me fait ressentir des choses, et je dois avouer que cela m'effraie un peu. J'ai mis mon coeur et mes sentiments sous clé il y a bien longtemps, et c'est la première personne depuis qui arrive à briser le mur que j'ai érigé entre moi et les autres. Et je l'ai laissée faire, je l'ai laissée entrer.

***

L'avoir à nouveau près de moi, dans mes bras pour le temps d'une soirée m'a rappelé ce que j'ai eu et que j'ai perdu. Le retour à la réalité à New York n'est pas facile. Encore plus le 31 Mai. Le jour de son anniversaire. Et du mien aussi, par conséquent. En 44 ans d'existence, c'est la première fois que je ressens quelque chose, je crois. Même enfant, j'ai mis mes émotions sous clé, pour qu'elles ne deviennent pas une faiblesse. C'est ce qu'est devenue Angélique, ma faiblesse.

Même si je sais que je ne suis pas bon pour elle, sur aucun point, je n'ai pas envie de la laisser. Elle est mon exact opposé : douce, lumineuse, parfaite, alors que je n'ai pas une seule part de bonté ou de lumière en moi. Mon âme est sombre et froide comme mon cœur.

Je comprends tout à fait que Danger ne veuille pas de moi pour sa fille, mais comme des aimants, je suis attiré inexorablement vers elle. J'ai essayé de garder mes distances, et j'ai échoué. J'ai tenté de passer à autre chose avec d'autres filles, mais apparemment je n'arrive qu'à bander pour Angélique. Elle s'est infiltrée en moi et je ne peux m'en défaire.

Alors, je travaille et roule jusqu'à l'épuisement pour ne plus penser à rien et continuer de faire comme si tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes.

Hell's BastardsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant