Je suis en train de faire à manger quand la sonnette retentit. Je suis étonnée, car je n'attends personne. Encore moins si tard. Après m'être essuyé les mains, je me dirige vers l'entrée. J'allume la lampe dans le coin du salon au passage. Je jette un coup d'œil à travers le judas et manque de défaillir en découvrant qui se trouve de l'autre côté. Je suis obligée de regarder une deuxième fois pour m'assurer que je n'ai pas halluciné.
Je déverrouille la porte, puis l'entrouvre. Logan se tient là, debout dans toute sa splendeur. Je le distingue à peine car, le couloir n'est pas éclairé et que la seule lumière provient de derrière moi. Néanmoins, je parviens à discerner les contours de son visage et de son corps.
- Logan.
Son nom franchit la barrière de mes lèvres et c'est la seule chose que j'arrive à dire. C'est un murmure, mais je ne sais pas si c'est une supplication ou si c'est de la surprise de le voir. Mon cœur bat la chamade dans ma poitrine et je sens l'air crépiter autour de nous.
Logan ne dit rien et se contente de me dévisager, comme je le fais aussi. Puis, dans un éclat de lucidité, je réalise que nous sommes plantés face à face dans le couloir à plus de vingt-et-une heure. J'ouvre la porte en grand et lui fais signe d'entrer. Je ne connais pas mes voisins, donc je ne sais pas si ce sont des commères ou pas. Cela dit, je n'ai pas envie d'être épiée.
Lorsque le VP me frôle pour pénétrer dans mon appartement, une bouffée de son odeur me parvient. Mon cœur bat plus vite et des souvenirs de nous deux me reviennent comme des flashes. Je prends le temps de respirer et de calmer mes pensées avant de faire face à Logan qui m'observe depuis le salon. Son regard est perçant et je suis sûre que malgré les semaines de séparation il arrive toujours à lire en moi.
L'avoir en face de moi en chair et en os me fait réaliser la force de mes sentiments pour lui et que quoi qu'il arrive je reviendrai toujours vers lui. Je l'observe aussi et m'approche. Je devrais probablement le mettre dehors et lui dire que je ne veux plus jamais entendre parler de lui. Ce serait logique comme décision, mais j'en ai marre d'écouter mon cerveau.
Logan doit percevoir mon changement d'humeur puisque sa posture change, elle semble moins raide, plus détendue. Je suis désormais à un pas de lui. Les yeux dans les yeux, aucun de nous ne prononce un mot. Finalement au bout d'une minute, c'est lui qui rompt de silence.
- Poupée... murmure-t-il.
Des papillons battent des ailes dans mon ventre quand je l'entends m'appeler par ce surnom. La voix de Logan est rauque et envoie des frissons dans tout mon corps. Même si je suis prête à succomber à nouveau, il y a quelque chose que nous devons faire avant.
- VP. Je pense qu'il est temps de faire ce qu'on n'a jamais fait avant et qu'on aurait dû faire.
Son regard devient interrogateur, m'incitant à en dire davantage.
- Parler, discuter, communiquer, j'explique.
Je pars en direction de la cuisine et un sourire se dessine sur mes lèvres quand j'entends ses pas me suivre. Je m'installe sur un des hauts tabourets et Logan fait de même et s'assied sur celui qui est en face de moi.
- J'aimerais que tu répondes à une question.
Je suis étonnée que Logan prenne la parole en premier. Je pensais que j'allais parler et qu'il allait me répondre par monosyllabes ou par des grognements. Il a peut-être changé au cours de ces derniers mois. J'acquiesce d'un hochement de tête dans l'attente de sa question.
- Pourquoi être partie ?
Cette question, il me l'avait posée en avril, au lendemain de notre nuit ensemble. Je lui avais juste dit que c'était trop pour moi, sans plus de précision. Je ne me sens pas prête à lui avouer mes sentiments aujourd'hui, mais je pense que je peux lui donner une réponse plus développée que la dernière fois.
- Toi, mon père, le club, le boulot, c'est devenu trop d'un coup. Ce qu'il se passait entre nous a changé, ce n'était plus du sexe pour du sexe et tu ne peux pas le nier.
Nous restions dans les bras de l'un de l'autre après l'acte, nous dormions ensemble... Nous n'étions plus juste deux personnes qui couchaient ensemble juste pour assouvir un besoin physique. Même si aucun d'entre nous n'a abordé le sujet, nous étions exclusifs aussi.
- Je suis d'accord.
Je prends cette phrase comme une petite victoire. En fin de compte, il a peut-être ouvert les yeux sur ce qu'il ressent.
- Et puis, il y a eu cette soirée du nouvel an... D'un seul coup, on s'est retrouvés au centre de toute l'attention. Le VP et la fille unique du Président.
Je marque une pause et détaille son visage impassible. Comme d'habitude, c'est impossible de savoir ce qu'il pense. Son regard est fixé sur mon visage aussi. Il me transperce et me met à nu.
- Ensuite, vous vous êtes battus avec mon père et je dois dire que toute cette violence m'a fait peur. Je sais dans quel monde on vit, mais j'ai trouvé que c'était trop. D'un côté, il y a mon père qui n'accepte pas que je puisse avoir des relations avec un homme et d'un autre il y a toi. J'étais complètement perdue, coincée entre le marteau et l'enclume. Partir a été la seule échappatoire que j'ai trouvée.
Parler du jour de mon départ me fait automatiquement penser aux mois qui ont suivis. Ne pouvant plus soutenir son regard, je détourne la tête vers la fenêtre. La tristesse s'abat sur moi et je sens mes yeux se remplir de larmes.
Logan ne dit rien, et je lui en suis reconnaissante, mais je l'entends se lever et me rejoindre de l'autre côté du bar qui sépare la cuisine et le salon. Il attrape mon menton entre ses doigts pour tourner mon visage vers le sien. Je lis de la compréhension et un soupçon de tristesse dans ses yeux. Ma gorge est nouée, aucune parole ne pourrait en sortir.
Une larme roule sur ma joue alors que j'essaie de toutes mes forces de la retenir. J'en ai marre d'être à fleur de peau et de m'effondrer à la moindre occasion. Logan l'essuie avec son pouce et je peux voir à quel point il est désemparé. Je ferme les yeux et prends une grande inspiration pour éviter de me mettre à pleurer pour de bon.
Quand j'ouvre les paupières, son visage semble être plus proche du mien qu'avant. Son regard descend sur mes lèvres et il me faut un instant pour comprendre qu'il veut m'embrasser. Je glisse mes mains autour de son cou pour l'inciter à baisser un peu plus la tête et à poser ses lèvres sur les miennes.
Lorsque nos bouches entrent en collision, j'ai l'impression que la Terre s'arrête de tourner et que le temps s'est arrêté. Il ne reste rien d'autre que nos corps et nos âmes. Au début, ni l'un ni l'autre ne bougeons. Puis, avec lenteur nos lèvres commencent à bouger. Le baiser est doux, sans aucune précipitation. Nous prenons le temps de nous retrouver, totalement à l'opposé de ce que nous avons fait la dernière fois que nous nous sommes vus au printemps.
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Hell's Bastards
Любовные романыÀ cause de la pandémie de Covid-19, un confinement est mis en place. Quand mon père me propose de passer ces semaines d'isolement à venir avec lui, dans son club de motard, j'accepte. Mais j'étais loin de me douter que cette décision serait détermin...