Chapitre 36 : Can You Feel My Heart (Bring Me The Horizon)

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Je suis encore sur un petit nuage quand notre avion atterrit à New York le matin suivant. Je ne réalise toujours pas que Logan m'ait dit ses sentiments. Depuis qu'il la fait, nous n'en n'avons pas reparlé et je pense que cela lui convient très bien. Lui qui ne parle jamais de ce qu'il ressent, je pense que cela a été une épreuve de me dire ce qu'il ressentait pour moi.

La chaleur est déjà écrasante alors qu'il est à peine 10 heures du matin. Étant donné que Logan a été absent un moment du club, il doit y aller directement. Nous prenons donc un taxi jusque chez moi pour que je prenne des affaires et que nous récupérions sa moto, bien que j'aurais préféré pouvoir l'avoir encore pour moi toute seule un moment.

Même si nous sommes samedi, la circulation est dense et il nous faut un peu d'une demi-heure pour rejoindre le club house. Lorsque nous arrivons, mon père nous attend derrière le portail. Dès que je descends de la Harley, il me prend dans ses bras et me serre contre son torse.Malgré tout, je sens une sorte de retenue dans son étreinte et mon père me lâche assez rapidement pour s'approcher de Logan. Je suis contente de voir qu'il se font plus la guerre tous les deux.

- J'ai un truc à te dire Crow.

Logan fronce les sourcils et suit mon père à l'intérieur. Il s'arrête néanmoins pour m'embrasser sur la bouche avant d'entrer. Même si j'ai très envie de savoir de quoi il en retourne, je dois contenir ma curiosité, car cela ne me regarde probablement pas.

***

LOGAN

J'emboîte le pas à Danger alors qu'il se dirige vers la chapelle — notre lieu de réunion. J'espère que ce qu'il a à me dire ne va pas prendre trop de temps, car j'ai envie de passer du temps avec Angélique avant qu'elle ne reprenne le travail lundi.

La pièce est plongée dans l'obscurité lorsque nous ouvrons la porte. Après avoir pressé l'interrupteur pour allumer les lumières, le Pres' s'installe dans son fauteuil en bout de table. 

C'est étrange de n'être que tous les deux ici, la pièce paraît vide.

Je prends place à sa droite et sors mon paquet de clopes de ma poche. J'en propose une à Danger, qu'il accepte, et nous nous contentons de fumer en silence pendant quelques minutes. Son raclement de gorge m'annonce qu'il va prendre la parole avant qu'il ne fasse.

- Pendant que tu étais en vacances, quelqu'un s'est présenté au club et t'a demandé.

Je ne réponds rien, j'attends qu'il poursuive. Mon cerveau tourne à plein régime, essayant de deviner qui cela peut bien être. Rien n'aurait pu me préparer à ce qu'il annonce.

- Cet homme soutient qu'il est ton père...

Danger garde le silence. Moi aussi. Bon Dieu, jamais je n'aurais pu penser à cela.

- Qu'est-ce que tu as dit ? je demande.

- Que je verrai avec toi.

Danger fait glisser un papier vers moi.

- Il m'a laissé sa carte.

Je prends le papier dans mes mains et lis ce qu'il y a écrit dessus. L'homme qui prétend être mon père n'est nul autre que Frank Richardson, un putain de sénateur. Nous avons eu affaire avec lui il y a peu de temps, car il veut se mettre les motards dans la poche, comme il l'a fait avec les policiers.

Je laisse échapper un rire sarcastique et écrase mon mégot dans le cendrier qui déborde déjà. Je me demande comment l'idée d'être mon géniteur a pu lui venir. La colère bouillonne en moi et j'ai envie d'aller lui casser la gueule. Bien que mes parents n'aient jamais été présents dans ma vie, je connais l'histoire de ma naissance : ma mère était une droguée qui s'est retrouvée enceinte d'on-ne-sait-qui et j'ai été abandonné à la maternité avant d'être placé en orphelinat.

- Tu veux faire quoi ?

- Rien.

Je n'ai pas envie de perdre du temps et de l'énergie dans des conneries de ce genre. J'ai mieux à faire.

***

Au cours des jours qui suivent, la vie reprend son cours normal, si c'est seulement possible. L'annonce de Danger tourne en permanence dans ma tête, remplissant toutes mes pensées et m'empêchant de dormir. Je vois bien qu'Angélique a remarqué que quelque chose a changé et je lui en suis reconnaissant de ne rien dire, même si je sais très bien qu'elle va me confronter à un moment donné.

Nous passons presque toutes nos soirées et nos nuits ensemble. Généralement chez elle, dans son appartement New Yorkais, puisqu'il est proche de son travail. Une sorte de routine s'est installée : je la rejoins en début de soirée avec le dîner ou nous préparons quelque chose ensemble, nous profitons du corps de l'autre avant de nous endormir.

Comme tous les matins, je la dépose au travail à moto avant de retourner au club. Dès que j'entre dans le club house, je sens que quelque chose ne va pas comme à l'accoutumée. Danger m'entraîne vers la chapelle et claque la porte derrière nous. J'essaie de ne pas me laisser décontenancer par son attitude et attends qu'il prenne la parole.

- Aujourd'hui, nous avons reçu les résultats de test ADN prouvant que Richardson est bien ton géniteur.

Je refoule toutes les émotions qui déferlent sur moi comme des vagues.

- On en est sûrs ? je demande.

Danger acquiesce d'un hochement de tête et me tend une enveloppe de papier craft. Je parcours des yeux les documents présents et je sens la colère monter en moi. Je ne sais pas contre qui elle est dirigée, mais elle est bien présente. D'autant plus quand le Pres' place devant moi une enveloppe qui m'est adressée.

Ce que j'y lis attise encore plus ma rage. Il veut que nous apprenions à nous connaître, que nous construisions une relation et même que le club s'associe avec son groupe politique. C'est cette dernière partie qui me met le plus hors de moi. Tout cela, c'est seulement par intérêt. Je ne suis même pas étonné.

- Qu'est-ce que tu veux faire ?

Je prends une minute pour réfléchir à la question de Danger. En réalité, je n'en sais foutrement rien. La seule chose de sûre, c'est que je ne veux pas qu'il traîne autour du club et qu'il fourre son nez dans nos affaires.

- On refuse sa proposition, je réponds.

Hell's BastardsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant