Chapitre 39 : Lonely (Noah Cyrus)

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Les jours passent et se ressemblent. J'ai l'impression d'être revenue pendant ces mois où j'étais en Californie. Je n'ai envie de rien, sauf de voir Logan. Mais je ne peux pas aller lui rendre visite. Alors je passe mes journées à travailler depuis le club et mes nuits à sangloter.

À la fin de la première semaine, je suis une épave. Je ne prends même plus la peine de me coiffer ou de me maquiller. Je me laisse complètement aller. Je vois bien que mon père veut faire ou dire quelque chose mais qu'il n'ose pas. Finalement, un soir il vient me voir dans la chambre de Logan, dans laquelle j'ai pratiquement emménagé.

- J'ai quelque chose pour toi de la part de Crow.

Mon père est allé le voir en prison aujourd'hui, mais je ne suis pas autorisée à y aller, en partie à cause de mon métier et du fait que « c'est trop risqué » d'après mon père. Je me ronge les sangs de savoir s'il va bien ou pas et les nouvelles que mon père me donne me rassurent un peu.

Il me tend un trousseau de clés que je saisis. Il y en a trois avec un porte-clé Harley Davidson représentant une moto. Je les fais tourner entre mes doigts et relève la tête vers mon père pour qu'il m'explique.

- Ce sont les clés de son appartement.

Le clubhouse est en fait un immeuble où chaque membre et prospect a un appartement. La majorité n'y vivent pas et restent dans les chambres au rez-de-chaussée.

- Il aimerait que tu t'y installes.

Mes yeux s'embuent de larmes et je plaque ma main devant ma bouche pour éviter de laisser échapper un sanglot. C'est tellement adorable de sa part de continuer à penser à moi alors qu'il est enfermé.

- Remercie-le de ma part.

- Ce sera fait. Tu veux que je t'accompagne dans ton nouveau chez toi ?

Je hoche la tête et nous rassemblons mes quelques affaires avant de nous diriger à l'étage. L'appartement de Logan est au dernier étage, à côté de celui de mon père. Je déverrouille la porte avec le trousseau avant de l'ouvrir.

L'appartement est plongé dans l'obscurité donc je ne vois pas grand-chose pour l'instant. Je repère un interrupteur et appuie dessus. Un luminaire suspendu au plafond nous éclaire. Je découvre le hall d'entrée qui donne sur un grand séjour avec cuisine ouverte. Un canapé d'angle en cuir noir et un fauteuil assorti forment le coin salon autour d'une table basse et en face d'un grand écran plat accroché au mur. L'agencement et la décoration — ou plutôt son absence — sont typiquement masculins.

Quatre tabourets sont alignés près du bar qui sépare la cuisine de la pièce à vivre. D'où je suis, je ne vois pas trop la cuisine. Je sens la présence de mon père dans mon dos alors que je l'avance vers le salon. À ma droite, se trouve un couloir qui doit probablement mener aux chambres.

Il m'a dit que tu avais carte blanche pour la décoration. Je hoche la tête et m'approche des grandes baies vitrées du salon. Mon esprit dérive vers Logan et je me perds dans mes pensées, comme souvent ces derniers temps. J'entends mon père s'affairer, mais je continue de regarder au loin. La nuit est tombée, donc on ne voit pas grand-chose à part un fin croissant de lune dans le ciel.

- J'ai posé tes affaires dans le salon et je vais te laisser tranquille pour t'installer.

La voix de mon père me tire de mes pensées et je me retourne vers lui. Il m'observe avec un peu d'inquiétude dans le regard. J'en ai marre que tout le monde prenne des pincettes avec moi, mais je ne peux pas leur en vouloir, après tout, je suis à fleur de peau depuis que Logan n'est plus là.

- Merci, papa.

Après un câlin, mon père me laisse seule dans le grand appartement vide. Pour éviter de trop réfléchir, je pars explorer le reste du lieu. Le couloir dessert trois pièces, dont sa chambre avec une salle de bain attenante. Au centre de la pièce trône un lit king size avec des draps bleu marine. De chaque côté, se trouvent des tables de nuit assorties avec sur chacune une petite lampe. Sur le mur du fond, une grande commode en bois occupe une grande partie de l'espace.

Être ici sans lui est un coup porté à mon cœur déjà si fragile. Mais je suis contente d'y être, je me sens plus près de lui, même s'il était rarement dans cet appartement. J'ouvre les tiroirs de la commode et les découvre pleins de vêtements.

Je poursuis mon exploration dans la salle de bain. Mon regard est tout de suite attiré par la baignoire d'un style ancien avec les pieds dorés en forme de pattes de lion. Dans un coin, se trouve une cabine de douche avec les parois vitrées. Le carrelage est noir, donnant une touche d'élégance à la pièce. Le lavabo à double vasques est surmonté d'un grand miroir avec éclairage intégré.

Sans tarder, je fais couler de l'eau pour remplir la baignoire pendant que je me déshabille. J'ajoute mon bain moussant que j'ai amené et m'immerge. L'eau chaude et moussante me détend et je me sens presque bien. Toujours mieux que ces derniers jours, en tout cas.

Quand l'eau est froide, je sors et enroule une grande serviette moelleuse autour de mon corps. Cela me rappelle toutes les fois où nous avions pris notre douche ensemble avec Logan. Une vague de tristesse et surtout de solitude s'empare de moi. Je comprends désormais pourquoi on dit que l'on réalise ce qu'on a qu'une fois qu'on l'a perdu. Je ne pensais pas être aussi liée, aussi dépendante de Logan que cela, mais il fait croire que oui. Les mois qui arrivent vont être longs et cela va être un combat de tous les instants pour ne pas me laisser aller à la tristesse.

Hell's BastardsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant