Chapitre 1 : Highway To Hell (AC/DC)

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- Allô ?

Je décroche mon téléphone sans même regarder qui m'appelle tandis que je me débats avec mon trousseau de clé pour ouvrir la porte de mon appartement.

- Poussin, c'est papa.

Je reconnais immédiatement la voix de mon interlocuteur. Mon père ne m'appelle pas trop souvent, ce qui m'intrigue. On s'échange de nombreux textos et occasionnellement des coups de téléphone.

- Salut, papa.

Dès que j'ai déverrouillé la porte, j'entre dans ce qui est devenu mon chez-moi. Je vis ici depuis bientôt 5 ans, et j'adore mon appartement. Il est composé d'un petit hall d'entrée qui donne sur une pièce à vivre avec cuisine ouverte. Un couloir part de l'entrée et dessert les deux chambres et la salle de bain. Je n'ai pas besoin d'autant de place puisque je vis seule, mais mon père a insisté.

- Comment ça va ? je demande.

- Ça va, et toi ?

- Ça va aussi.

- Tu as vu les infos ?

- Non, je viens de rentrer.

J'entends déjà les reproches qu'il va me faire, car il est presque 23 heures et que j'étais dehors. Mais, j'ai 22 ans, alors il n'a rien à me dire. Je pose mon sac à main sur le canapé et me dirige vers la cuisine, le téléphone collé à l'oreille.

- Qu'est-ce qu'il se passe ?

- Le gouvernement met en place un confinement pour 4 semaines minimum à cause de ce virus.

J'ouvre la bouche pour répondre, mais il ajoute :

- J'aimerai bien que tu viennes au club pendant ce temps.

Je n'ai pas grandement envie de rester 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 enfermée au club de motards de mon père avec ses hommes, mais je préfère cela plutôt que de rester seule dans mon appartement. Il est certes spacieux avec un balcon, mais ce n'est pas comparable à l'immense terrain sur lequel est bâti le club.

- D'accord, je réponds.

- Je passe te chercher dans une heure.

***

Le clubhouse n'a pas changé depuis la dernière fois où je suis venue, il y a quelques mois. Le bar dans le fond à l'air toujours aussi rempli de toutes sortes d'alcools et un néon brille au-dessus de la tête de Fire, qui assure majoritairement le service. En face du bar, se trouvent une rangée de 5 tabourets sur lesquels sont assis plusieurs membres du club.

À l'exact opposé, il y a ce qu'on pourrait appeler un coin salon avec des canapés et des fauteuils en cuir noir. Les sièges forment une espèce de cercle autour d'une grande table basse en verre jonchée de cadavres de bouteilles et de verres vides. Sur le mur d'en face est accroché un immense écran plat, qui est actuellement éteint. Je crois reconnaître Sinner, le sergent d'armes, assis sur un des canapés avec une fille sur les genoux. Ils ont l'air d'être en pleins préliminaires. 

Des scènes comme celle-ci ne me gênent pas du tout, j'ai connu ça depuis mon plus jeune âge, au grand désarroi de mon père, qui voulait préserver mon innocence.Je prends une grande inspiration et remplit mes poumons d'air, en savourant l'odeur du lieu qui est toujours la même : parfum masculin, sueur, alcool. Enfin, je me sens à la maison.

- On va poser tes affaires dans ta chambre, Poussin ? demande papa.

Sa voix me sort de mes pensées et j'acquiesce avec un sourire. Mon père me rend mon sourire et nous nous dirigeons vers le couloir qui mène aux chambres. Quand je le regarde, j'ai l'impression de voir mon reflet, tellement on se ressemble. Seuls nos cheveux sont différents, les miens sont blonds et les siens châtain foncé avec un peu de gris au niveau des tempes. Quelques rides d'expression encadrent ses yeux et sa bouche, trahissant son âge.

Le long du long couloir se trouvent de nombreuses portes, menant chacune à une chambre avec salle de bain privée. Chaque membre à sa chambre réservée avec son nom écrit sur la porte. La mienne est au fond, en face de celle de mon père.Quand on entre dans la pièce, je peux voir que rien n'a changé ici non plus depuis la dernière fois que je suis venue. Mon lit est fait, et les rideaux tirés. Mon père cale ma valise contre le mur et me prend dans ses bras. Puisque je ne suis pas très grande et assez menue, je suis engloutie dans son étreinte. On reste un moment comme ça, à profiter de la présence de l'autre. Il dépose un baiser sur mon front et me relâche.

- Je suis content que tu sois là.

- Je suis contente d'être là.

Hell's BastardsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant