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11/ Au bord du gouffre.

 Ce matin, à mon grand désarroi, un nouveau livreur chargé d'un nouveau bouquet sonne. Il est aussi imposant que le précédant, sinon plus.

– Je ne sais pas qui c'est, mais elle doit beaucoup vous apprécier, commente le livreur en me les remettant.

Je marmonne une réponse floue et claque la porte. Evania, qui visiblement les attendait de pied ferme, se matérialise en tourbillonnant.

– Donne-les-moi !

Je lui abandonne le bouquet. Elle s'assied par terre et entreprend de trier les fleurs par couleur.

– Eh, il y a encore un mot. Alors : « Je n'ai de souhait plus cher et plus profond que de vous rencontrer. » Comme c'est drôle !

Je me penche à la fenêtre. J'ai eu l'impression de voir le reflet d'un drone, mais ce doit être mon imagination. Au loin, huit heures sonnent.

– Tu vas être en retard, fait observer Evania.

Je referme la fenêtre. Il ne fait pas si chaud.

– Oui. On y va.

Evania disparaît et revient sagement se ranger sous ma clavicule, laissant les fleurs éparpillées sur le plancher. Je prends mon sac et descends au parking.

Tandis que je roule vers le centre d'entraînement, j'aperçois un geai orangé voltiger au-dessus du fleuve.

***

Quelque chose s'est faufilé entre mes jambes.

– Tao, ATTENTION !

Je me plaque contre le mur, juste à temps pour voir le gang des Allemands passer au grand galop dans le couloir. Ils tournent à l'angle du mur en dérapant sur les dalles et poursuivent leur course. Derrière, Tim, essoufflé, arrive au petit trot.

– Heu, ils font quoi ?

Je désigne la direction que Yann, Julian et Kev' viennent de prendre.

– Ils poursuivent un chat, lâche Tim.

– Un chat ? Mais c'est gentil, un chat. Vous ne pouvez pas l'attraper plus simplement ?

– Apparemment, non. Il s'est réfugié dans un coin, Kev' a essayé de l'attraper gentiment, mais il l'a griffé. Alors Yann et Julian lui sont tombés dessus. Sur le chat, je veux dire.

Un bruit de cavalcade retentit un peu plus loin, et je lance un regard circonspect aux environs. Décidé à mettre au clair cette histoire de chat, je pars en trottinant dans le couloir.

– Eh, crie Tim, attends-moi !

Je débouche dans la salle de gym. Julian, Yann et Kev' ont acculé le chat contre une pile de tapis de sol. Yann me voit et m'ordonne fermement :

– Ne t'approche pas, Tao, on va l'avoir.

Je stoppe et attends de voir. Kev' tente encore de convaincre le chat par la douceur :

– Viens, minou, minou...

Un feulement lui répond.

– Laisse tomber, Kev', conseille Julian, il est méchant.

– À mon signal, dit Yann, un, deux...

– Mais que se passe-t-il ici ?

Rupert vient de franchir le seuil de la salle de gym, flanqué de Luis qui transporte un sac de sport. Julian tente de le prévenir :