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22/ Les petites victoires.

J'ai laissé Lenni sur le canapé. J'avais peur de le réveiller si je le déplaçais. Je suis assis sur mon lit, perdu dans mes pensées. Je réfléchis à ce que Xavier Terry m'a raconté. Pour moi, il n'y a plus aucun doute. Joe a été assassinée. Maintenant, il faudrait savoir pourquoi. Pourquoi tuer Joe ? Qu'a-t-elle découvert ? Qu'a-t-elle fait ?

Je me demande si elle voudrait que je comprenne. Si elle voulait m'en parler, mais qu'elle n'en a pas eu le temps.

Je me laisse tomber en arrière, croise les mains derrière ma tête et contemple les étoiles du plafond.

Une musique relevée me tire brusquement de mes méditations. Mon smartphone sonne. Je roule sur le côté, attrape l'appareil. C'est Tim. Je décroche, enclenche le visio.

– Allô ?

– Tao, comment ça va, mec ?

Je souris à l'image de Tim, ses cheveux crépus ébouriffés dans toutes les directions, comme s'ils essayaient de s'enfuir de sa tête. Derrière lui, je devine une fenêtre et un morceau d'étagère que je ne me rappelle pas avoir vu chez lui. La lumière donne l'impression qu'il n'y a qu'une lampe de chevet pour éclairer la pièce.

– Je vais bien, Tim. Enfin, aussi bien que possible. Pourquoi tu as mis autant de temps à m'appeler ?

Il se dandine, gêné.

– Désolé. Toi non plus, tu ne m'as pas appelé.

Il se déplace un peu et j'aperçois un tableau, accroché au mur dans son dos.

– Tim, où es-tu ?

Il lance un regard autour de lui.

– Chez Yann. Je, heu, Camille m'a jeté dehors.

– C'est vrai ?

Il hoche la tête, son visage s'affaisse un peu.

– On a cassé, et comme c'était chez elle, ben...

– Je vois. Je suis désolé pour toi, Tim.

Une silhouette passe à l'arrière-plan et un instant plus tard, le visage de Yann apparaît à l'écran.

– Chouchou ! Comment va ?

– Bien, Yann, et chez vous ?

Il fait une grimace.

– Bon sang, depuis que tu es parti, c'est l'enfer. Rupert est sur les nerfs comme pas possible, et il répète à qui veut l'entendre que tu n'es qu'un petit con imbu de sa personne.

– Aïe, dur.

Yann se rapproche de l'écran, écrasant au passage Tim qui proteste.

– Ouais. Et il nous a prévenus ; le premier qui fait un pas de travers sera mis à pied. Alors personne ne moufte, les gars ne veulent pas perdre leur place.

– D'accord...

Tim pousse Yann pour déclarer :

– C'est une bande de trouillards !

Yann tempère :

– Julian et Kev' te soutiennent, mais ils n'osent pas faire trop de bruit. Angel aussi. Carlos, Quentin et Antonin sont neutres. Ronny et Pedro pensent que tu es un imbécile. Et Lucas ne dit pas grand-chose, donc on ne peut pas savoir. Quant à Luis, il est tétanisé en présence de Rupert.

Tim, de nouveau écrasé par Yann, tente une intervention :

– L'entraînement était nul sans toi. Même Rupert n'était pas content.

Le visage de Yann envahit tout l'écran.

– Oui, et à la fin, Tim lui a dit : « Vous êtes content, maintenant que vous avez perdu votre meilleur joueur ? » Rupert a répondu : « De qui parlez-vous, Monsieur Glimber ? » Et là, Tim a dit... Eh !