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50(1/2)/ Le risque d'exploser en vol.

 Quelque chose me tombe lourdement dessus au beau milieu d'un rêve. Je me réveille en sursaut et frôle l'arrêt cardiaque en percevant une autre respiration. Les yeux écarquillés pour essayer d'y voir plus clair, je tâtonne au hasard. Mes doigts rencontrent une masse de cheveux et les contours d'un visage.

– Lenni ?

Il grogne une réponse qui, si elle est incompréhensible, me confirme au moins son identité. Je m'assieds comme je peux, Lenni en travers de mon ventre.

– Qu'est-ce qui t'arrive ?

Je tente de trouver le bouton de la lumière. Lenni roule sur le dos et articule d'une voix sifflante :

– Fièvre... Headache... Tao...

Je trouve enfin l'interrupteur. La chambre s'illumine et Lenni se recroqueville en se cachant les yeux.

– Pas la lumière...

Je repousse Lenni pour sauter sur mes pieds. Il reste allongé sur le dos, un bras sur les yeux. Je ne me pose pas davantage de questions et file chez Madame Rodriguez.

Je ne croise personne sur mon chemin et c'est heureux. Je n'ai pas envie d'expliquer à Adolphe pourquoi je me « promène » en caleçon dans l'immarbre au milieu de la nuit.

Sur le palier du quatrième, j'actionne furieusement la sonnette. Madame Rodriguez apparaît, en chemise de nuit, l'air ensommeillée.

– Mon petit Tao, mais que se passe-t-il ? Il est cinq heures du matin. Et quelle est cette tenue ?

Je croise les bras.

– Je suis venu comme j'étais. Madame Rodriguez, c'est Lenni. Je crois qu'il refait une crise.

Cette phrase achève de la réveiller. Elle disparaît à l'intérieur de son appartement puis revient, sa mallette à la main.

– Dépêchons.

Elle et moi remontons à toute vitesse au cinquième. Arrivée chez moi, Madame Rodriguez se dirige naturellement vers la chambre d'amis mais je la rappelle.

– Non, il est venu s'échouer dans ma chambre.

Lenni est toujours exactement là où je l'ai laissé, roulé en boule sur mon lit. J'enfile – par décence et parce que j'ai froid – un pantalon de survêtement pendant que Madame Rodriguez ouvre sa mallette et farfouille dedans.

– Je vais lui faire une injection tout de suite. De toute façon, il n'y a rien d'autre à faire.

Elle dose le produit et prépare son aiguille. Je me penche vers Lenni, qui n'a pas l'air de nous avoir entendus.

– Lenni ?

Son bras bouge de deux centimètres et il entrouvre un œil fiévreux.

– Tao... J'ai cru voir Tyler... Je crois que je délire. Je délire, hein ?

Je me penche un peu plus pour qu'il soit sûr que je ne suis effectivement pas Tyler.

– Ça dépend. Moi, je suis là, Madame Rodriguez aussi. Mais Tyler, il est dans ta tête.

Il fait la grimace.

– Ne dis pas des trucs aussi horribles... Tyler inside my head. Damn.

Madame Rodriguez s'approche et lui attrape fermement le bras.

– Ne bouge pas, ça risque de piquer un peu.

Elle enfonce l'aiguille dans son bras sans lui laisser le temps de réaliser ce qui lui arrive.