J'ai mal au dos. C'est la première chose que je parviens à penser. J'ai mal à la tête, la seconde.
« Tao ! Réveille-toi ! »
Evania me hurle dessus. Enfin, façon de parler. Disons, mentalement. J'émerge à demi et comprends pourquoi j'ai mal au dos.
On est en train de me tirer sur le sol par les bras. Et le sol est dur. Je me réveille en plein et me rappelle ce qui s'est passé.
Pourquoi Lisa a-t-elle eu besoin de me droguer ? Je n'ai pourtant presque rien bu. À moins que ce soit cette insupportable odeur de jasmin. Et où est-ce qu'on m'emmène ?
J'entrouvre un œil. Un plafond de pierres. On dirait une sorte de souterrain. En déplaçant légèrement la tête sur le côté, je vois une rangée de portes. Il fait sombre et humide.
« Evania, où sommes-nous ? »
« Je ne sais pas tout à fait, mais ça ressemble fort à des oubliettes. »
Des oubliettes ! Lisa a décidé de me mettre au trou ? Ce n'est pas du tout ce qui était prévu.
Celui qui me traînait me lâche brutalement. Je retombe sur le sol froid. Ma mâchoire claque et je me mords la langue. Un crissement horrible me vrille les tympans. Mon geôlier reprend mes poignets et me tire encore sur un ou deux mètres avant de m'abandonner. Le crissement retentit de nouveau, suivi d'un cliquètement de clé. Je suis enfermé.
L'esprit embrumé, je roule à quatre pattes. Mes bras tremblent sous mon poids. Je lève les yeux.
Un mince filet de lumière coule d'une lucarne à environ deux mètres cinquante du sol. Les murs sont dégoulinants d'humidité. Dans un coin de la cellule, un matelas en mousse est posé à même le sol. Mes yeux s'accoutument à l'obscurité et je constate que la pièce ne fait guère plus de trois mètres carré.
Je m'appuie contre le mur. Est-ce ça qu'Oleg appelait « le trou » ? Il fait froid. Je tente :
– Il y a quelqu'un ?
Pas de réponse.
– Ohé !
Rien. Je me laisse glisser le long de la paroi. Bon. Restons calme.
J'étudie la situation. Je suis enfermé dans une cellule. Je ne sais pas où je suis, mais je ne suis pas attaché. Je plaque une main sur ma poitrine et constate que le médaillon est toujours là. En revanche, j'éteins la caméra. Il faut économiser la batterie.
J'entreprends d'examiner les murs. Je passe mes mains le long des pierres, mais elles sont impeccablement alignées, sans rien d'autre que de la mousse. Je termine par la porte. Elle est construite en planches grossières sur lesquelles de multiples inscriptions sont gravées. Pas de poignée ni de loquet. Elle ne s'ouvre que de l'extérieur.
« Alors, on est coincé ? »
Un papillon rouge volette dans la cellule et Evania apparaît. Son legging blanc et sa robe orange font tache dans cet endroit glauque. Elle regarde autour d'elle, diffusant une lueur rougeoyante.
– Ah, c'est moche ici !
Je ne réponds pas. Il semble que ça la vexe. Elle s'assied sur le matelas et croise les bras et les jambes. Je m'appuie contre la porte. Elle est moins froide que le mur.
– Evania ?
– Hum ?
– Tu crois qu'elle mentait ?
Evania décroise les bras.
– Lisa ? J'en sais rien. Je ne la connais pas, moi.
Je ferme les yeux. Les paroles de Lisa se sont infiltrées dans mon cerveau et continuent de diffuser leur venin dans mon esprit. Ta mère s'est laissée mourir.

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IMAGO
Mistério / Suspense2067. Dans un monde qui a échappé de peu à l'apocalypse, Tao est un joueur d'acrofoot riche et célèbre. À part quelques articles de presse people, rien ne perturbe sa vie bien rangée. Sauf que Tao a des secrets, et qu'il suffirait de pas grand-chose...