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29/Yam ASC-Lyon

 Un rayon de soleil me réveille à sept heures du matin. Je roule sur le dos tandis que les événements de la veille me reviennent en mémoire. Le sourire de Lenni quand il a dit : « Ma vie, elle est à moi. » Ce qui transpirait sous ces paroles me terrifie.

Je me lève, la tête lourde, passe sous la douche. L'eau brûlante achève de me réveiller. Evania choisit ce moment pour apparaître.

– Coucou !

– Evania ! JE-SUIS-SOUS-LA-DOUCHE !

– Oh, ça va, glousse-t-elle, je ne regarde pas.

Elle sautille à travers la pièce, une main sur les yeux, trébuche sur le tapis de bain et s'étale à plat ventre en jurant.

– Hou-là, si Adolphe entendait sa muse en cet instant...

Elle se relève en se massant les reins.

– Il n'y a rien qui interdise à une muse de jurer !

Je ricane.

– Passe-moi plutôt une serviette.

Elle tend les mains à l'aveuglette et en agrippe une qu'elle lance dans ma direction.

– Tiens, ingrat.

Je sors de la douche et noue la serviette autour de ma taille. Evania zieute entre ses doigts avant d'enlever sa main de ses yeux.

– C'est vrai, ce que tu as dit hier ?

– Quoi donc ?

– Ben, tout ça, Lisa, Tyler qui veut absolument mettre le grappin sur Lenni...

Je me coiffe du bout des doigts, debout devant le miroir. L'humidité fait boucler mes cheveux.

– Oui, c'est vrai. Tu étais là, non ?

Elle adopte une moue boudeuse.

– Quand tu es avec Lenni, tu as tendance à m'oublier.

– Tu exagères, comment veux-tu que j'oublie quelqu'un qui vit dans ma tête ?

– Tu y arrives.

J'ouvre la porte et inspecte le couloir avant de filer dans ma chambre et me planter devant mon armoire. J'attrape un treillis et une chemise bleu marine. Je traverse le couloir en la boutonnant, direction la cuisine. Je fais chauffer de l'eau pour le thé de Lenni et farfouille les placards à la recherche de chocolat en poudre.

Une minute plus tard, un grincement de porte m'avertit de l'arrivée de Lenni. Il tangue jusqu'à une chaise où il s'écroule en se frottant les yeux.

– Comment fais-tu pour sauter partout dès le matin ? Moi, il me faut deux heures pour retrouver une activité cognitive normale.

Je pose la théière sous son nez et lui mets le pain entre les mains.

– Tiens, coupe des tartines, ça t'aidera à te remettre le cerveau à l'endroit.

Il obtempère très lentement. Je retire juste à temps le lait du feu et sors une tasse de ma main libre. Evania que j'avais totalement oubliée entre et s'assied.

– Ça sent bon, dit-elle en mettant le nez dans la théière. Dommage que je ne puisse pas manger.

Lenni ne lui accorde aucune attention même quand elle agite une main devant lui en criant :

– Eh, oh, bonjour !

Lenni repose le couteau et commence à aligner les tartines d'un air absent. On sonne à l'entrée.