16/ La conférence de presse.

37 1 7
                                    

 Quand j'entre dans le Café des Brumes, Aïko est en train d'essuyer des verres à l'aide d'un torchon immaculé. Elle sourit en me voyant, mais je lis derrière son sourire. Quelque chose la tracasse.

– Salut, Tao, ça va ?

Je m'accoude au comptoir.

– On fait aller. Tu...

La sonnerie de notification de mon smartphone m'interrompt. Je jette un œil distrait à l'écran avant de le rapprocher vivement de mon visage.

Conf' de presse cet après-midi, 14 h.

Rupert. C'est seulement maintenant qu'il me prévient ? Il pense que je suis à sa disposition, ou quoi ? J'ai à peine formulé cette pensée que je me rends compte que, oui, je suis à sa disposition. Très dérangeant.

Aïko pose sur moi un œil interrogateur. Je range mon smartphone dans la poche arrière de mon jean :

– Tu voulais me dire quelque chose ?

Elle repose lentement son verre et son torchon, place ses mains bien à plat sur le comptoir, et commence, hésitante, tout en fixant ses ongles vernis de noir :

– C'est le petit blondinet, celui qui était avec toi l'autre jour.

– Lenni ?

Le nom a jailli de ma bouche comme s'il était resté coincé dans ma gorge depuis que Lenni a quitté le café l'autre jour. Aïko acquiesce, le nez froncé, soucieuse.

– Il est passé hier soir, juste avant que je ferme. Il m'a seulement demandé s'il pouvait entrer un peu pour se réchauffer. Je lui ai dit que bien sûr, même s'il ne faisait pas très froid. Il s'est mis sur une banquette, il n'avait pas l'air d'aller très bien.

– Comment ça ?

Aïko soupire, sans que je sache si elle est agacée ou préoccupée.

– Il était pâle, il avait mauvaise mine, quoi. Et j'ai vu que ses mains tremblaient un peu, même s'il essayait de le cacher. Il m'a fait pitié. Je lui ai offert un thé chaud, il a fini par l'accepter, puis il est reparti.

Elle me regarde par-dessous sa frange noire et rouge.

– J'ai pensé que tu... aurais aimé le savoir. Si c'est un ami à toi...

Je hoche machinalement la tête. Elle reprend :

– Je pense qu'il était fiévreux, mais je n'ai pas osé lui demander. Il est un peu...

Je souris. Oui, Lenni est un peu...

Aïko se détourne et s'affaire à préparer mon chocolat habituel. Quand elle pose la tasse devant moi, elle se penche soudain et demande, pointant l'index sur ma poitrine :

– Tiens, c'est nouveau ce collier ?

Je baisse les yeux sur le médaillon, pendu à mon cou, que je caresse machinalement.

– C'était à Joe, je chuchote.

Aïko esquisse un sourire triste et n'ajoute rien. Elle pose juste brièvement sa main sur la mienne et la serre avant de s'éloigner prendre les commandes de trois jeunes filles qui viennent d'entrer dans le café.


***


Tim m'attendait devant le centre d'entraînement. Il a l'air soulagé en m'apercevant.

– Salut, ça va ?

IMAGOOù les histoires vivent. Découvrez maintenant