Hannah, tome 3 ~ Les tourments de nos âmes

Hannah - samedi 26 octobre (3)

Le train entre à peine en gare que je suis déjà devant les portes, impatiente de sortir. Il a promis qu'il viendrait me chercher, et après tout ce qu'il s'est passé j'ai vraiment besoin de sa présence rassurante. Il est le seul qui puisse m'apaiser à ce point, me faire me sentir en sécurité. Sans doute grâce à cette aura de douceur qui l'entoure en permanence.

Les portes s'ouvrent, mais je suis déjà dehors. Je l'ai vu par la fenêtre, je sais où il est... Je cours vers lui comme il court vers moi. Je le vois, ses cheveux clairs attachés en une queue basse, sa taille moyenne et ses yeux verts qui pétillent de joie.

Sans hésiter, je me jette dans ses bras, un large sourire sur le visage. Il m'étreint avec la tendresse du frère qu'il est pour moi, comme si nous ne nous étions pas vus depuis des mois. Je ne suis partie que la veille, mais sa présence a un tel effet sur moi qu'elle m'a manquée pendant ce petit jour.

- Et bien et bien, je t'ai manqué à ce point princesse ?

- Mmmmmmh... Tu n'imagines pas à quel point.

- Ça s'est bien passé ?

- Couci-couça.

- D'accord j'ai compris, fait-il avec un petit rire. On va aller boire un coup dans ton fichu salon de thé et tu me raconteras tout.

- Mmh, si tu veux.

- Par contre, il faudrait peut-être que tu me lâches...

- Nan, ma peluche m'a trop manquée.

- Je te porte si tu veux.

- Sur le dos ?

- Sur le dos.

- Tu sais que je t'adore ?

- Et après, on dit que c'est moi le gamin... Grimpe !

Je ne me le fais pas dire deux fois et saute sur son dos. Sous l'impact, il pousse un grognement qui me fait rire, puis ramasse mon sac de voyage et se met à marcher pour sortir de la gare. Bercée par le balancement de ses pas, épuisée par toutes ces émotions, je ne tarde pas à m'endormir sur ses épaules confortables.

&&&

- Et voilà.

Liam sirote un instant son thé à la camomille, puis hausse un sourcil, l'air de dire « c'est tout ? ». Évidemment. Il a tout de suite deviné que je ne lui ai pas tout dit. J'ai pourtant bien fait attention à ce qu'il n'y ait aucun incohérence, que ce soit pour ma visite au cimetière ou la rencontre avec la mère d'Émile.

J'ai juste passé sous silence ma discussion avec Ewan, d'abord pour ne pas l'inquiéter mais aussi pour le protéger de lui-même, tout comme il me protège de moi-même quand il est question d'Evelyn. Enfin lui ne me cache rien la concernant, il m'en tient juste éloignée quand elle est dans les parages...

- Et donc, qu'est-ce que tu ne m'as pas dit ?

Exactement ce que je pensais, il a deviné. Depuis quand me connaît-il aussi bien ?

Mal à l'aise, je détourne le regard et resserre ma prise autour de ma tasse. Même la bonne odeur de ce thé à la menthe ne me calme pas.

- ... Tu me promets de ne pas te mettre en colère ?

- Ça dépend ce que tu vas me dire.

- J'ai rencontré Ewan devant la tombe de Malory.

Cash, direct. Mieux vaut arracher le pansement d'un coup, comme on dit...

Pendant une seconde je le vois se demander qui est Ewan, puis son visage se durcit. Celui que j'appelle Ewan a pour lui le nom de Gueule de Loup, et alors que je vois en lui un rassurant souvenir du passé, lui ne voit que le chef de gang qui a ruiné sa vie.