La brise me fouette le visage. Les talons vers le bas, le dos droit, les yeux fixés vers l'horizon. Mes muscles ont besoin de se détendre. J'ai passé la nuit à être crispée par l'angoisse alors même que je me suis effondrée de sommeil la veille.
Plier les genoux, coup de talon, accélération. Ma monture s'élance à toute vitesse dans les jardins. Après mon cours d'histoire avec Mirelty, puis celui d'équitation avec Valerian, j'ai décidé de faire une balade avec le cheval avec lequel je me suis entrainée. De sa longue crinière noire et de sa croupe s'écoule de la lave, mais l'animal ne semble pas dérangé par le magma coulant sur son pelage sombre. Ses sabots martèlent les gravillons des chemins et les projettent derrière lui.
Des ricanements résonnent dans les buissons comme des clochettes qui tintent. Soudain, de petites fées unseelies sortent des feuillages et se placent devant mon cheval qui freine sèchement, manquant de me propulser à terre. Je lâche sa crinière et m'estime heureuse de ne pas avoir attrapé un filament de lave. Mon cœur bat vite, trop vite, et je peine à reprendre mon souffle alors que je me replace correctement en selle.
Vêtues d'uniquement quelques colliers, les fées volent et se bousculent en se donnant des coups de coude. Leurs peaux sont de la même couleur que l'écorce et que la mer, leurs yeux noirs sont plus profond que le néant, leurs dents pointues ne vont pas avec leur visage d'enfant. Toujours en se chamaillant, le petit groupe pousse l'une des leur au-devant puis s'agenouille enfin devant moi.
— Votre Altesse, c'est un honneur de pouvoir vous parler, commence la petite fée en réfrénant un rire aigüe. Mes amies et moi avons une requête à vous faire.
— Je vous écoute, je réponds en me retenant de faire une remarque sur l'accident qu'elles auraient pu me causer.
— Notre droit à la magie a été restreint. Mais, sans notre pleine puissance, nous ne pouvons plus attirer d'enfants dans la forêt et nous mourrons d'ennui.
— N'y a-t-il pas d'autres façons de s'amuser ?
— Nous avons bien essayé, mais les bagarres font des blessés.
Elles n'ont pas besoin d'en dire plus pour que je me doute que la magie leur a été restreinte pour une bonne raison. Ces créatures, aussi petites soient elles, sont vicieuses et malicieuses.
— Je ne peux pas répondre à votre requête pour le moment, mais je la prends en compte et m'en occuperai dès que possible.
Comme toutes les autres que j'ai noté dans un coin de ma tête depuis le premier jour du couronnement.
— Profitez des jardins pour essayer de trouver une nouvelle activité.
— Mais nous avons trouvé ! Nous ensorcelons les enfants pour leur faire boire de l'hydromel et danser pieds nus dans les cailloux, et montons sur vos chevaux ! C'est pourquoi nous aimerions le retour de notre magie ! Nous ne pouvons pas quitter la forêt quand bon nous semble, alors sans, nous ne pourrons pas toujours venir au château.
J'ai comme l'impression que les fées vont trouver une solution à tout ce que je vais leur dire. Je tente de réfléchir afin de trouver une solution convenable. Je demande à un jardinier de faire venir Elowyn, qui maitrise quelques bases d'enchantement, ce qui donne une lueur d'espoir aux fées unseelies alors que j'ai l'intention de lui demander de faire un tour du jardin pour libérer les enfants ensorcelés s'il y en a.
— Que faites-vous des chevaux ?
— Nous partageons des fruits, coiffons leurs crins avec des fleurs et nous nous promenons sur leur dos. Nous ne nous fatiguons plus jamais !
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Le secret des reines de Diopelfe
FantasyAurore n'a pour souvenir que son nom lorsqu'elle se réveille dans le royaume de Diopelfe où on la couronne reine. Alors que le peuple réclame le retour de la magie, presque complètement disparue depuis la crise magique, le mystère des reines plane...