Chapitre 5

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La bibliothèque est gigantesque. Des livres pas milliers sont rangés et triés parmi les centaines d'étagères dans les différents étages mezzanines qui montent jusqu'au plafond arqué. Des papillons bruns et gris volent dans pièce et déplacent parfois des parchemins qu'ils déposent ici et là ou qu'ils apportent aux scribes et aux archivistes. C'est toujours un plaisir de pénétrer l'antre de la gardienne du savoir. J'en ressors toujours un peu plus savante.

J'avance le long de l'immense table qui scinde la pièce centrale en deux, à la recherche d'un gardien à qui je pourrai demander de l'aide sans le déranger dans son travail. Un lutin traverse la pièce en direction de la porte descendant aux archives, un escabeau sous le bras.

— Bonjour, excusez-moi...

— Oh ! Votre Majesté !

Le lutin dépose son marchepied sur le côté et retire son bonnet rouge pointu en s'inclinant devant moi.

— Que puis-je faire pour vous ?

— Je suis à la recherche de la salle de rapport.

— Bien sûr, suivez-moi.

Le gardien me guide jusqu'à l'un des deux grands escaliers qui mènent au premier étage. Nous tournons avant d'avancer dans le dédale sans fin d'étagères et de piles de livres jusqu'à une porte, la réplique exacte de celle à l'entrée, mais bien plus petite. Le lutin se hisse sur la pointe des pieds pour l'ouvrir et me laisse entrer.

— Pendant que vous êtes là, pouvez vous faire apporter à mes appartements la carte des passages secrets ?

— Elle s'y trouvera lorsque vous y entrerez.

Je remercie le gardien qui repart travailler. La salle parait minuscule à côté de la grandeur de la bibliothèque. On pourrait presque penser qu'il s'agit plus d'un placard que d'une réelle pièce. Je me demande comment font les gardiens pour rédiger leurs rapports ici sans se chevaucher les uns les autres lors des grandes missions, cela me semble impossible. Les murs sont couverts d'étagères vêtues de classeurs en cuir rouge plus épais les uns que les autres, dont quelques-uns sont maintenus fermés par des cordelettes pour ne pas exploser.

Je dépose mon petit sac sur la table qui habille le centre de la pièce. Je repère rapidement les différentes gardes symbolisées par des écriteaux. La garde des alchimistes est représentée par un erlenmeyer dont s'échappe des fleurs ; celle des soldats, par une épée et un bouclier ; celle du savoir, par un livre ouvert ; et celle des espions, par un papillon de nuit et une souris. Je remarque qu'on a strié un écriteau au motif indéterminable tant il est abîmé et que l'espace destiné à la garde de l'alchimie est bien plus grand que les autres. Je repense alors à cet espace entre Valerian er Elowyn dans la salle du conseil. Il ne manquait pas quelqu'un. Une garde a été effacée.

J'essaye d'atteindre les classeurs de rapports les plus anciens, mais je suis trop petite pour les atteindre et l'unique chaise présente dans la salle ne m'est d'aucune utilité. Puis ce n'est pas le sujet, j'aurai tout le temps de m'en occuper plus tard. Mais une petite partie de moi se demande pourquoi Mirelty ne l'a pas encore évoqué à travers les cours qu'elle me donne. Peut-être n'a-t-elle pas jugé cela important.

J'attrape le classeur des gardiens actuels. Je le feuillette, observant les visages des personnes au service du royaume. Leurs noms sont inscrits en dessous de chaque peinture avec leurs informations personnelles. Ils sont triés par garde, le premier étant toujours le chef, et ce sont ces fiches qui m'intéressent. Je les détache et les glisse dans mon sac pour pouvoir prendre le temps de les lire plus tard. Je n'aurai qu'à les rapporter rapidement. En attendant, je dois me dépêcher si je ne veux pas être en retard.

Le secret des reines de DiopelfeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant