Chapitre 41

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— En quoi cela nous avancerait ?

— Je veux juste apprendre à vous connaître avant d'entamer les négociations. Vous savez déjà tout de moi, mais j'ignore tout de vous. Parlez moi de votre vie, de vos habitudes, de votre passé, de vos secrets, de vos rêves. Qui êtes-vous, reine Aurore ? demande-t-elle en me sondant de ses yeux perçants.

Qui je suis ? Cela me paraît évident au premier abord, je suis la reine incontestée de Diopelfe, la successeuse de la reine Imelda. Je suis l'élue des dioptases pour régner sur cette terre et la choyer jusqu'à la fin de ma vie. Mais tout d'un coup, je doute. Je sens au plus profond de mon cœur que quelque chose ne va pas.

— C'est bien ce que je pensais, rétorque la sorcière. Vous ne savez même pas qui vous êtes. Comment voulez-vous diriger un monde où vous n'êtes pas capable de dire qui vous êtes ?

— Vous me manipulez.

— J'aurais pu. Mais je ne l'ai pas fait. Vous rendez-vous compte de l'absurdité de la situation ?

Je suis incapable de répondre. Tout ce charabia n'a aucun sens.

— Je suis venue pour avoir des explications sur vos agissements, pas pour tracer mon autobiographie.

— Très bien.

Mayela s'avance langoureusement vers moi, faisant trainer la pointe de ses bottes dans l'herbe glissante. Elle détaille le bas de mon visage puis remonte jusqu'à mes yeux. Un léger sourire se dessine au coin de ses lèvres. Ezeckiel s'apprête à dégainer l'une de ses dagues, mais la sorcière le stoppe d'un simple regard qui suffit à lui faire ranger l'arme dans son fourreau. Que vient-elle tout juste de faire ? Le sénéchal la foudroie du regard, un regard noir qui pétrifierait n'importe qui sur place et qui dissuaderait d'agir peu importe le croiserait. Mais pas Mayela.

— Vous êtes plutôt jolie, vue de près. Je serai presque jalouse que le temps vous ait épargné à ce point. Avez-vous déjà voyagé en dehors du reinaume ?

— Je ne suis pas particulièrement intéressée par la mer.

— Je parle des terres, des contrées lointaines, bien plus grandes que Diopelfe.

— Il n'y a rien par-delà l'océan.

— Vous êtes bien naïve, pouffe-t-elle. Le temps ne vous a peut-être pas si bien réussi, finalement. Vous n'avez rien appris de mes petits sortilèges ? Vous n'avez toujours pas compris ?

— J'attends que vous m'expliquiez. Je suis ici pour cela.

Et je commence à m'impatienter que l'on se moque de moi.

— Que diriez-vous si je vous montrais plutôt que de m'embêter à parler ?

— Mayela ! gronde Ezeckiel en sortant les crocs. Ça suffit !

— Oups, lâche-t-elle innocemment en posant ses index entre mes sourcils et contre ma poitrine.

Je n'ai même pas le temps de réagir que j'ai le souffle coupé. J'entends au loin la voix du sénéchal. Je n'arrive pas à comprendre s'il me parle ou s'il s'adresse à Mayela. Il est agressif, en colère, inquiet peut-être aussi. Une lumière agressive m'empêche de voir ce qui m'entoure. Pourtant j'entends Valerian et les soldats débarrassés de leurs illusions venir à mon secours, mais Mayela les empêche d'avancer en amenant tous ses ensorcelés à elle comme barrière de protection. Je parviens à entrouvrir les yeux. Ezeckiel est tout près de moi, je sens que son bras entoure ma taille. Je ne comprends pas ce qu'il dit mais il hurle après Mayela qui lui répond d'une voix calme et pourtant agressive. Puis soudain je comprends. Elle vient de m'envoyer dans le monde de mes rêves.

Le secret des reines de DiopelfeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant