Chapitre 29

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J'ose enfin faire face à la pièce en plissant les yeux d'appréhension. Mais je suis à la fois soulagée et surprise de découvrir que la salle des reines est intacte. Pas un cadre arraché, pas un visage défiguré, pas un tableau abîmé. Je m'attendais à la retrouver sans dessus, dessous.

Je m'avance vers le tableau où je me rappelle avoir vu une immense perle de nacre cachée dans la niche au derrière. De la poussière scintillante est éparpillée partout sur la banquette en velours vert juste en dessous. Je décale le tableau sans mouvement brusque sous le regard attisé par la curiosité du sénéchal qui avance de quelques pas.

Il ne reste de la perle que le souvenir que j'en ai et quelques fragments. Le reste a volé en poussière. Un drôle de pressentiment s'empare de moi.

— Je crois que nous allons avoir besoin d'une échelle, je lance au sénéchal.

Il s'exécute et récupère dans la pièce d'à côté un escabeau placé face à une pile de livre plus grande que moi. Je regarde la quantité de tableaux qu'il y a avec nous, plus d'une centaine, c'est certain. Mais j'ai besoin de m'assurer que les trésors personnels des reines sont intactes. J'ai peur qu'ils aient tous été détruits.

Alors nous nous attelons à une fouille. Ezeckiel monte sur son échelle pour examiner les tableaux les plus hauts et je m'occupe de ceux à ma portée. Un par un, nous regardons les petits secrets des reines, reliques du passé, pour nous assurer qu'ils sont encore entier. C'est à en perdre la tête.

Par chance, la perle de nacre semble être le seul artefact à avoir été détruit. J'en profite alors pour regarder rapidement les autres souvenirs des reines, comme la fiche de la création des pas de danse romantique, une cartographie des étoiles, la loi de l'obligation à l'éducation, les boucles d'oreilles magiques capable de rendre l'ouïe...

Alors qu'Ezeckiel descend de l'escabeau pour le déplacer, je déplace le cadre de la reine Imelda sans vraiment porter attention à la peinture. Tenue par un support en acier, l'épée d'or sertie de rubis de la reine trône fièrement devant moi. Une gravure est inscrite sur la lame sans que je n'arrive à la déchiffrer. Éprise d'une curiosité soudaine, je fais glisser mes doigts sur l'alphabet qui m'est inconnu, espérant parvenir à le déchiffrer avant de continuer mes recherches.

Un grand flash de lumière m'envahit. Je recule de plusieurs pas, complètement aveuglée. Tout se confond autour de moi. Je tends les bras pour me repérer dans l'espace quand j'entends des rires résonner tout autour, mêlés à la voix du sénéchal qui m'appelle d'une voix qui me parait si lointaine.

— Aurore, m'appelle une voix féminine. Aurore ! Allez, dépêche-toi !

Je tourne autour de moi mais je ne vois rien que de la lumière. Je sens ma respiration s'accélérer, ma tête tanguer, la panique me gagner. J'aperçois des bribes de personnes dont j'ignore tout, puis soudain je la vois. Ou du moins je vois ses cheveux blonds comme le blé et sa robe blanche, comme dans mes rêves, avant qu'elle ne disparaisse dans la lumière et les rires.

Je lutte pour ne pas entrer dans la lumière qui tente de m'absorber, je lutte si fort. Mon corps transpire et frissonne à la fois, se crispe et se détend. Tout va si vite. Je me sens happée. Qu'on me sorte de là ! J'ai besoin d'aide !

Je sens quelque chose enlacer ma taille. Les images se dissipent, la lumière s'atténue. Mon corps entier tremble. J'enfonce mes ongles dans ce qui me maintient debout en fermant fort les yeux pour revenir à la réalité. Oui, c'est ça, la réalité.

J'ose tout juste ouvrir les yeux lorsque je sens que je recommence à avoir les pieds sur terre. Tout à l'air d'avoir disparu, je suis juste encore un peu dans les vapes...

Le secret des reines de DiopelfeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant