Chapitre 33

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Plus tôt dans la matinée, j'ai été réveillée par l'alerte de Seel. Les élémentalistes ont envahi un peu plus le royaume. Le vent fait claquer les portes, ouvre les plus fragiles, s'abat violemment sur les vitres. Dans la cour du palais, on lutte contre la pluie pour rentrer dans la salle de bal les éléments du jardin qui pourraient s'envoler et on se précipite vers les écuries pour rentrer les chevaux et calmer les jeunes, plus craintifs.

Le Conseil est réuni, mais Florifer manque à l'appel. Bloqué par la tempête et se préparant sans doute à affronter les élémentalistes de son côté, il n'a peut-être même pas reçu le message. La réunion est houleuse. Que voulez-vous faire face à une tempête qui balaye le reinaume en sachant que vous ne pouvez pas atteindre la cause ? Que voulez-vous faire face à la magie sans magie ?

— Il faut envoyer des soldats ! s'exclame Fangir. Qu'on les arrête une bonne fois pour toute !

— On ne peut pas se jeter comme ça dans la gueule du loup, rétorque Valerian.

— Plus le temps passe et plus ils sont nombreux. Que l'on fonce maintenant sans savoir ce qui nous attend ou que l'on attende encore, on se retrouvera face aux mêmes difficultés !

— Je sais, tranche froidement le chef de garde. Laissez-moi juste réfléchir à une stratégie, je ne m'entends plus penser. On ne peut pas foncer la tête baissée.

— Ne pourrions-nous pas les contourner pour rejoindre le domaine de Pithaya ? Ses résidents pourraient nous aider... demande Mirelty.

— Ce serait trop risqué, ils pourraient se faire manipuler plus facilement par Mayela.

Car ce qui fait débat ce matin, ce n'est pas tant la puissance grandissante des élémentalistes ou la tempête qu'ils créent, non. Il s'agit de Mayela. Elle a enfin décidé de se montrer, au cœur de l'ouragan qui se prépare, inatteignable et sans doute plus puissante que jamais. La grande question reste : de quoi est-elle capable et que prévoit-elle ? Car je suis convaincue, comme tout le Conseil, qu'elle n'a pas décidé de venir à ce moment précis pour rien. Il y a une raison derrière tous ses faits et gestes. Il n'y a pas plus ingénieuse et manipulatrice qu'elle, sinon elle n'aurait pas pu mener son coup d'état la première fois sans que personne ne s'en doute au départ et elle n'aurait pas pu s'échapper de prison. Elle a une revanche à prendre. Contre le reinaume, ses habitants, ses gardiens et les reines. Elle a une revanche à prendre contre moi. Si l'on compare les pertes humaines et matérielles à la première fois, à autant de jours près, il n'y a aucun doute. Elle n'aura aucune pitié et le temps n'est plus aux négociations.

— Ezeckiel, que fait-on ? finit par demander Fangir, dont la patience commence à être mise à rude épreuve.

Valerian s'enfonce dans le dossier de son fauteuil en croisant ses bras sur sa poitrine. Ezeckiel souffle.

— Dès que mes hommes reviennent avec leur rapport, on évalue les risques. D'une façon ou d'une autre, il va falloir qu'on se lance. On se prépare en fonction des dangers et on protège les soldats correctement. Il va falloir qu'on arrive à séparer Mayela des élémentalistes.

— Et comment ? demande Fangir. Nous t'envoyons en première ligne ?

Ezeckiel le foudroie du regard tandis que Narïbelle se redresse sur son siège pour prendre la parole.

— Quelques connaissances de la mer commencent à être affectées par la magie. Même si cela n'enlèvera pas le vent, peut-être pourront-elles nous aider au moins pour la pluie et pour assécher le sol. Dans cette boue, il sera difficile de se battre au besoin.

— Il va falloir prévoir plus d'armures et des chars de transport, alors, répond Valerian. Les soldats pourront créer une faille et commencer à arrêter les élémentalistes pendant que d'autres s'occuperont de Mayela.

Le secret des reines de DiopelfeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant