Chapitre 43

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— Le roi a décidé de s'attaquer au cristal de vie. Une pierre, deux coups, il se serait débarrassé des gardiennes et des faeries à la fois. Alors jour après jour, des mois durant, il a envoyé des soldats à leur village pour tenter de les rallier à sa cause et épouser Marie-Louise pour mettre fin à tout cela, malgré le délais d'un mois dépassé. Puis trois ans ont passé durant lesquels ils ont vécu dans la crainte constante. La paix n'était plus une option et les attaques faisaient rage.

Mayela modifie l'illusion dans laquelle elle nous a plongé pour nous envoyer dans une cabane où des gardiennes et des faeries sont regroupés autour d'un feu, le visage sombre et tiré de fatigue. Une sorte de réunion secrète en plein cœur de la nuit ou je repère Marie-Louise et ma mère biologique.

— A cause du harcèlement incessant, les gardiennes et les faeries ont décidé de réagir, mais impossible de quitter le royaume, car le cristal n'était pas transportable et s'il se brisait, la Vie aurait été détruite avec. La fin du monde. Mais le roi ne faisait confiance à personne, encore moins à eux. Alors cette fameuse nuit, alors que rares étaient les villageois encore éveillés, son armée frappa son coup d'éclat.

Au même moment, un grand fracas résonne à l'extérieur. Les gardiennes se lèvent et se précipitent au dehors, accompagnées des faeries. La panique réveille les villageois qui avancent avec des torches jusqu'à l'extérieur. Les hennissements des chevaux dont les croupes reçoivent des coups de cravache pour les faire avancer plus vite secouent la foule et avertissent l'arrivée des soldats. Cette fois-ci, il n'est plus question de simplement les rembarrer. Aussi pacifistes soient-elles, les gardiennes prennent les armes pour se défendre.

Les faeries repoussent les hommes du roi avec la magie pour ceux qui le peuvent, tandis que les autres saisissent bâtons, balais, fourches et pelles pour aider à repousser ceux qui sont devenus leurs ennemis. La bataille fait rage. Les corps volent, s'écrasent sur le sol, sont projetés sur les murs des maisons qui lâchent peu à peu. Le sang jaillit pour la première fois et la mort gagne progressivement le village où la vie est d'ordinaire célébrée jour après jour. A chaque mort, les gardiennes s'excusent d'avoir ôter la vie, mais les blessures des leurs renforcent leur envie de se battre pour se protéger. Puis soudain, le ciel sombre se teinte d'un rouge sang. Le cristal a été touché.

Il n'y a pas besoin d'une voix pour unir les gardiennes, un regard suffit à toutes les conduire dans le temple. Un petit groupe de soldats saccagent le cristal avec des masses, frappent dessus de toutes leurs forces. Des éclats volent dans tout le temple jusqu'à ce que des plus gros morceaux tombent sur le sol. Hélmédos arrive dans la salle avec deux autres faeries qui se chargent de se débarrasser des soldats. Mais dehors, le ciel est toujours rouge. Certaines gardiennes commencent à suffoquer tandis que d'autres perdent connaissance, sans parler des soldats qui tombent de cheval et convulsent.

Marie-Louise et quelques autres gardiennes confient les enfants en dessous de quinze ans aux hommes du villages. Dans la précipitation, les plus petits pleurent tandis que les plus âgés tentent de rassembler quelques affaires dans les cabanes. Sous les ordres de la cheffe, ils fuient dans la campagne, sans même une torche pour éclairer leur chemin. Quelques époux s'embrassent une dernière fois avant de se séparer jusqu'à ce que la paix reviennent et les enfants, confus, regardent une dernière fois les maisons de leur village natal brûler. Le craquement des poutres qui cèdent, le crépitement des flammes, le roulement des pierres qui s'effondrent, l'odeur piquante de la fumée.

Les gardiennes et les faeries se rassemblent dans le temple pour tenter de réparer le cristal de vie, mais il est impossible de réparer une roche, d'autant plus lorsqu'elle est magique. Au dehors, une vingtaine de gardiennes restent devant le temple pour protéger celles à l'intérieur. Bien que Mayela en ait parlé, je plaque une main sur mes lèvres lorsque je vois celle qu'elle a appelé ma mère se faire transpercer par une lance et s'effondrer au sol parmi les autres corps qui gisent dans la terre et le sang. Mes poumons se contractent violemment lorsque je la vois tenter de se redresser pour attraper la jambe de la monture du cavalier pour l'empêcher de passer la barrière qu'elle forme avec les autres femmes.

Le secret des reines de DiopelfeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant