La nuit passe mais je n'ai toujours aucun retour concernant les recherches. Cette sorcière va encore nous filler entre les doigts et je sais que cela l'amuse de se moquer de nous. Avec la magie de son côté, il est évident qu'elle possède un avantage conséquent. Mais ce ne sont pas ses tours de passe-passe qui vont nous arrêter.
Durant toute la fin d'après-midi, je réponds aux multiples lettres du peuple. Depuis l'enceinte du palais, je n'arrive pas à me rendre compte de ce qu'il se passe réellement pour eux. Cependant, je n'ai aucun mal à discerner la peur, la crainte et l'angoisse dans leurs messages. Les champs sont massacrés, les bêtes relâchées, les commerces ravagés, les habitations brûlées...
Je fais les cents pas dans le bureau avant de me décider à demander de l'aide aux bibliothécaires pour pouvoir répondre rapidement à tout le monde. Accompagnée de trois gardiens, nous nous attelons à notre tâche. Pourtant, je peine à me concentrer. J'ai encore l'impression d'entendre mon nom en provenance de la salle des tableaux, que les reines des années passées m'appellent encore et encore, mais que je suis la seule à les entendre. Car il n'y a que moi qui semble perturbée par les petites voix.
Je donnerais n'importe quoi pour quitter cette pièce, retourner dehors et traquer Mayela comme les autres. Mais Valerian, qui dirige les recherches depuis l'intérieur pour le moment, m'empêche de quitter le palais, même pour me rendre dans la cour. Je l'ai déjà aperçu à quelques reprises dans l'entrebâillement de la porte me jeter des coups d'œil pour savoir si je n'ai pas essayé de m'échapper. Il faut croire que Floch et le reste de ma garde personnelle lui ont fait part de mes innombrables tentatives pour me débarrasser d'eux ne serait-ce que quelques secondes.
Dès que Valerian revient, je lui adresse un signe de tête et attends qu'il parte pour prétendre une envie pressante et quitter la table de travail. Je bifurque discrètement dans l'escalier menant au premier étage. Pas de doute, c'est toujours de là que vienne les voix. J'avance d'un pas déterminé jusque dans la salle des tableaux où, comme je m'y attendais, il n'y a personne.
Je les inspecte rapidement en tendant l'oreille pour espérer entendre quelque chose de nouveau, mais rien. Plus un bruit. Je tourne sur moi-même, les yeux levés vers les portraits.
— Alors quoi ? je demande à haute voix. Que me voulez-vous ? Parlez, c'est le moment, je suis là.
J'ai beau attendre une réponse, jamais elle ne vient. J'aurais du m'en douter.
Alors que je me laisse tomber lourdement sur une banquette en velours pour attendre un signe une ou deux minutes de plus avant de reprendre mon travail, le haut de mon dos frappe le cadre d'un tableau. Je me relève en sursaut vers la jeune femme aux longs cheveux noirs et aux yeux clairs comme la Lune qui orne la peinture.
— Excusez-moi, votre Majesté ! je m'empresse de répondre lorsque je vois que j'ai déplacé le cadre, comme si j'avais peur de me faire réprimander.
J'attrape maladroitement les coins dorés et j'essaye de le faire pivoter pour le remettre droit, mais je me rends rapidement compte que quelque chose est étrange. Il m'est impossible de le faire bouger sur les côtés, en revanche, le cadre se déplace facilement vers moi à la manière d'une porte secrète.
Délicatement, je tire le grand tableau. Je découvre avec stupéfaction une niche cachée derrière la peinture, dans laquelle est déposée un coffret en verre. Je m'agenouille sur la banquette en remontant mes jupons pour ne pas m'emmêler dedans et je saisis la petite boite à deux mains. Je jette un coup d'œil à droite, puis à gauche pour m'assurer que rien ni personne ne se trouve dans la salle. Peut-être aussi parce que je crains un vile mécanisme de protection qui pourrait me faire regretter d'avoir pris l'objet. Puis, avec méfiance, j'observe le contenu : une bague avec un magnifique saphir et un parchemin habillé de l'écriture d'un scribe disant « Loi de procréation ».
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Le secret des reines de Diopelfe
FantasyAurore n'a pour souvenir que son nom lorsqu'elle se réveille dans le royaume de Diopelfe où on la couronne reine. Alors que le peuple réclame le retour de la magie, presque complètement disparue depuis la crise magique, le mystère des reines plane...