La nuit est tombée depuis peu et nous n'avons toujours pas de nouvelles de Sulkie. Après avoir déjeuné avec le sénéchal dans un petit salon à l'abri des regards, il a accepté de m'accompagner jusqu'à l'infirmerie malgré le couvre-feu de sécurité imposé il y a quelques heures.
Nous marchons à pas de loup dans le palais. Les torches sont presque toutes éteintes, seulement quelques-unes servent de veilleuses pour ne pas plonger entièrement le château dans la pénombre.
Non loin de l'infirmerie, je distingue une forme étrange devant la porte. J'échange un regard avec Ezeckiel, lui aussi l'a vu. Nous restons sur nos garde. J'espère de tout mon cœur qu'il ne s'agit pas de la fausse domestique de retour pour finir le travail. Mais plus nous avançons, plus cette forme m'est familière. Serait-ce...
— Elowyn ? s'étonne le sénéchal à voix basse. Qu'est-ce que tu fais ici ?
La lapine se retourne en sursaut et plaque ses mains sur sa bouche pour étouffer un petit cri.
— Moi ? Et toi, alors !
Lorsqu'elle me distingue derrière le sénéchal malgré la pénombre, elle descend ses mains jusqu'à son cœur et s'incline en avant.
— Oh votre Majesté, je suis vraiment navrée ! Je ne voulais pas rompre le couvre-feu ! Je me faisais un sang d'encre et...
— Calmez-vous, on va nous entendre, je réponds à mi-voix. Vous n'avez pas à vous inquiéter, nous sommes aussi ici pour la voir.
La lapine souffle de soulagement. Mais elle sursaute à nouveau lorsque le déclic de la poignée de la porte retentit comme un écho dans le silence. Mon cœur s'emballe et le sénéchal place son bras en défense devant moi. Mais au lieu de tomber nez à nez avec l'intruse, nous faisons face à Valerian et Mirelty.
— Qu'est-ce que vous faites là ? demande le chef des soldats les yeux écarquillés.
— Et vous ? répond aussitôt Ezeckiel.
— Nous sommes venus voir Suklie... avoue Mirelty avec un air coupable. Nous n'avons pas résisté à l'attente...
— Comment va-t-elle ? je demande impatiente.
— L'hémorragie est maîtrisée, son cœur s'est stabilisé et elle a été recousue, elle est hors de danger. Le médecin n'a pas osé envoyer quelqu'un avec le couvre-feu.
Il n'y a qu'à regarder nos visages pour comprendre que tous autant que nous sommes, nous sommes soulagés.
— Nous pouvons la voir ?
— Elle dort, mais oui, il faut juste ne pas faire de bruit.
— Oh par la grande étoile du Septentrion ! hurle une voix.
Nous nous retournons tous d'un bon. Dashalric se tient derrière nous, par terre, tout juste tombé de son nuage.
— Si j'avais su qu'il y avait autant de monde j'aurai mis des chaussures !
— Chuuut ! lui répond Mirelty en affolant sa main devant sa bouche.
— Vous êtes tous là pour Sulkie ? demande-t-il bien plus bas.
— Oui.
— Et alors ? Comment va-t-elle ?
— Pas vraiment bien, mais pas trop mal non plus. Elle n'a pas été contaminée par une quelconque toxine, ce sont « juste » les tissus qui sont abîmés. Elle se repose.
— Peut-on la voir ?
— Vous pouvez essayer, mais je ne promets pas que le médecin de garde ne finisse pas par nous chasser. Nous imposons un couvre-feu mais nous sommes les premiers à le rompre, répond Valerian qui malgré son inquiétude reste mal à l'aise de briser les règles.
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Le secret des reines de Diopelfe
FantasyAurore n'a pour souvenir que son nom lorsqu'elle se réveille dans le royaume de Diopelfe où on la couronne reine. Alors que le peuple réclame le retour de la magie, presque complètement disparue depuis la crise magique, le mystère des reines plane...