Chapitre 28

12 1 24
                                    

Tôt ce matin, Seel est venu nous avertir que Sulkie s'est réveillée. Je me suis empressée de me rendre dans la salle de bain avant de me faire une toilette de chat, trop pressée pour prendre un bain. J'ai enfilé une belle blouse blanche brodée d'or et une jupe orange, puis mes bottes en cuir.

Ezeckiel est resté à mes côtés toute la nuit. J'ai été ravie d'apprendre qu'aucune fée complètement folle n'est entrée dans ma chambre ou qu'aucun ogre n'ait essayé de me croquer la tête.

Je laisse tomber mes cheveux dans mon dos en défaisant ma tresse de la nuit avant d'en faire une plus jolie pour rendre visite à ma domestique. S'il y a bien une coiffure que je sais faire, c'est celle-ci ! Je demande au sénéchal de m'apporter un ruban pour attacher mes cheveux, mais j'ai le temps de finir de nouer mes cheveux qu'il n'est toujours pas venu. Je me penche un peu sur le côté pour l'apercevoir dans le miroir. Face à la commode sur laquelle il a déposé la petite boîte remplie de rubans et de petits accessoires à cheveux, trois d'entre eux sont étendus sur sa main. Il les regarde, dubitatif, et se frotte le menton en me regardant. Il finit par levé un ruban orange dans ma direction, le reposer sur sa main et comparer avec le ruban jaune. Il grimace en reposant ce dernier et le ruban blanc dans leur boîte avant de m'apporter le ruban orange. Je souris, amusée qu'il choisisse avec autant d'attention le ruban qui décorera mes cheveux pour le reste de la journée.

— Qu'en pensez-vous ? je me demande en lui montrant ma tenue finale.

— Cela vous va à ravir. Je pense que j'ai bien fait de prendre le ruban orange, les autres n'auraient pas été aussi accordé.

Je laisse échapper un petit rire amusé.

De retour sur mon tabouret, je m'essaye au maquillage. Je garde en tête ce que m'a dit Mirelty : je dois toujours avoir l'air parfaite et inaccessible peu importe la situation. Je parviens sans trop de mal à appliquer un peu de rose sur mes joues pour rehausser mes pommettes, mais lorsque vient le moment de mettre du rouge sur mes lèvres, c'est une tout autre histoire. Plus je dépasse, plus je recommence, plus je m'impatiente, plus je dépasse... Je sombre dans un cercle vicieux qui n'en finit pas !

J'essuie pour la millième fois la couleur qui ne fait que tacher mes lèvres à mesure que je l'applique et l'efface. Une moue boudeuse s'affiche désormais sur mon visage. S'il y a bien une chose dont je me rends compte à présent, c'est que je ne suis plus capable de rien sans Sulkie, moi qui avait pour habitude de refuser ses services pour me débrouiller seule. Pour ma défense, je n'ai jamais aimé porter du maquillage.

Le sénéchal s'approche de moi en pinçant les lèvres, ses bras croisés dans son dos.

— Avez-vous besoin d'aide... ?

— Non, je suis parfaitement capable de... Oui, s'il vous plait, je cède enfin pour ne pas lancer le pot de maquillage à travers la pièce.

Je confie le pinceau au sénéchal qui le trempe dans le minuscule pot dégageant une odeur de rose sucrée. Il en fait glisser délicatement les poils sur la surface et s'abaisse devant moi. De son autre main, il attrape mon menton et tire légèrement ma peau avec son pouce pour entrouvrir mes lèvres. Le pinceau glisse sur mon arc de Cupidon sans dépasser une seule fois, puis trace les contours de ma lèvre inférieure. Le sénéchal est extrêmement concentré. Son visage est tellement proche du mien que je sens mes joues rosirent. Ses iris gris sont rivés sur mes lèvres et mon cœur s'emballe lorsqu'ils rejoignent les miens. J'ai l'impression que ses yeux transpercent mon âme et détectent les battements accélérés de mon cœur. Je n'avais jamais prêté autant attention aux doux traits de son visage et à quel point il est enivrant.

J'ai presque envie de lui demander de rester lorsqu'il s'écarte légèrement pour reposer le pot de maquillage et le pinceau pour attraper la poudre d'or. C'est étrange comme ces gestes me sont fait tous les matins par Sulkie sans que cela ne me fasse quelque chose, mais que, avec les mains du sénéchal, tout semble différent. Mon corps est en alerte, mes pensées divaguent, mon cœur palpite. Quelle bête m'a piqué pour me mettre dans un état pareil ?

Le secret des reines de DiopelfeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant