Le vent est frais, c'est agréable. Il emmêle mes cheveux que je peine à maintenir en arrière et je suis obligée de garder une main sur ma tête pour que ma couronne de fleurs ne s'envole pas. La douceur de l'herbe est tellement intense que je maudis le caillou qui a osé s'y cacher pour venir se planter dans mon talon nu.
Je frotte du plat de la main mon pied endolori en m'appuyant sur un immense rocher sombre, mais ma couronne s'envole dans les airs et les nœuds succombent au vent, créant une pluie de pétales.
— Aurore ! Qu'est-ce que tu fais ? On va être en retard !
— J'arrive, j'arrive !
Je dévale la pente à toute vitesse jusqu'à arriver au pied de la colline, près du temple. 'Méli, comme on la surnomme, m'attend de pied ferme. Sa longue tresse blonde est parsemée de fleurs que nous avons cueilli le matin même pour qu'elles soient resplendissantes à l'heure de la cérémonie.
Nous courrons, comme les deux jeunes filles que nous sommes, jusque dans le temple creusé à même la roche dans la colline. Toutes les gardiennes sont vêtues de robes blanches et installées à droite sur les longs bancs qui leurs sont réservés.
'Méli a beau faire deux têtes de plus que moi, elle remarque toujours quand il me manque quelque chose.
— Où sont tes souliers ? demande-t-elle à mi-voix.
— Je les ai oublié dans les plaines fleuries...
Elle soupire d'exaspération. Il est trop tard pour aller les chercher, les tambours annoncent l'arrivée de nos invités. Les Faeries entrent dans le temple et s'installent sur les bancs de gauche. Je les regarde d'un œil émerveillé. Toutes ces couleurs, ses formes, ses odeurs nouvelles ! Certains ont des cornes ou des ailes, parfois même les deux ! Et ils sont tellement grands ! Je me demande si je ferais leur taille un jour en grandissant.
'Mélie me sort de ma rêverie en saisissant mes épaules.
— Je vais aller te chercher des chaussures, ne bouge pas de là !
Elle se faufile entre les invités et court jusque je-ne-sais-où pour me trouver des souliers convenables. Pourtant les maisons sont éloignées du temple et je n'en ai qu'une paire, je le sais, j'ai fait tomber les autres dans la rivière et elles ont été emportées par le courant.
Un mariage, ici, ça n'arrive pratiquement jamais. C'est l'attraction du siècle ! Surtout lorsqu'il s'agit d'unir les gardiennes du cristal de vie aux Faeries. Contrairement à ce que l'on pourrait penser, il s'agit d'un véritable mariage d'amour entre notre cheffe et le leur.
Comme je suis arrivée trop en retard, je suis obligée de m'assoir sur le dernier banc d'où je vois à peine ce qu'il se passe. Alors que quelques jeunes gardiennes fraichement décernées de leur titre commencent à lancer des pétales sur le chemin, 'Méli arrive en trombe et se cache derrière les bancs des Faeries où se trouvent les paniers de fleurs. Elle me lance à travers l'allée une paire de chaussures que j'enfile en vitesse, puis reprend son air sérieux et rejoint les autres avec son panier.
Je me hisse sur la pointe des pieds lorsque j'entends des murmures et des exclamations de joie. Les mariés sont arrivés, ils se présentent au grand cristal de vie qui resplendit d'un vert profond.
Le cristal. Je me sens engourdie. Ma vue se trouble. J'essaye de voir mes mains mais je n'y arrive pas, tout devient sombre, tout tremble. J'ai l'impression de manquer d'air, je m'étouffe. Mon cœur s'emballe, mon corps se tord.
Un grand claquement me sort de ma torpeur.
Je me redresse en sursaut, tellement en nage que ma chemise de nuit me colle à la peau. J'entends les rideaux glisser sur la tringle et la lumière du ciel gris m'éblouit lorsque j'arrive enfin à ouvrir les yeux, alors je me protège maladroitement avec mon bras.
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Le secret des reines de Diopelfe
FantasyAurore n'a pour souvenir que son nom lorsqu'elle se réveille dans le royaume de Diopelfe où on la couronne reine. Alors que le peuple réclame le retour de la magie, presque complètement disparue depuis la crise magique, le mystère des reines plane...