Chapitre 25

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Cette nuit encore, j'ai vu 'Méli en rêve. Je n'ai d'abord vu que des bribes avant de me réveiller, dans une maisonnette où elle semblait me compter une histoire près d'un feu, puis je l'ai vu distinctement, dans un rêve encore bien trop réel. Elle m'a paru plus âgée, tout comme le corps dans lequel j'avais l'impression d'être. Encore cette fois-ci, nous étions dans le temple, à une cérémonie dont, à présent, je semblais être l'actrice principale.

Et ce cristal vert... Il était si grand, jamais je n'ai vu de pierre de cette taille. Un vert si ensorcelant, si magique, si pur, qu'on aurait pu croire qu'il était vivant. Et je me tenais là, devant lui, plongeant dans une source d'eau claire et fraiche à ses pieds. C'est alors qu'une femme m'a donné le nom d'Ambrechâtaigne, tandis que les autres étaient en cercle autour de nous. Ce nom qui fait partie de moi, dont je me suis rappelée en me réveillant à Diopelfe. Cette partie de mon identité qui m'apparait en rêve comme un cadeau béni du ciel et des étoiles.

Mais ces rêves ne sont que des rêves. Ou du moins, jusqu'à preuve du contraire. Car ni Valerian, Ezeckiel, Elowyn et Dashalric ne savent d'où provient ce temple qui hante mes nuits. Il n'a d'ailleurs probablement jamais existé et n'est peut-être que la matérialisation de mon inconscient pour me faire passer un message que je ne comprends pas encore. Cependant, je me plait à croire que la gardienne du savoir saura répondre à mes interrogations lorsque je la rejoindrai plus tard dans la journée.

Comme Mirelty a jugé que je me suis relâchée ces derniers jours, elle a décidé de me faire cours tout l'après-midi. Elle me rappelle les règles et les protocoles que j'ai déjà entendu des dizaines de fois, puis tente de m'enseigner la gestion de l'argent, comme j'en ai promis le don à plusieurs famille.

Cependant, comme à chaque fois que je suis dans la bibliothèque à présent, la petite voix m'empêche de me concentrer et d'écouter ce qu'a à me dire l'Owlette. Alors, quand je me sens au bord de la crise de nerf, quand je ne supporte même plus d'entendre mon propre nom, je change de sujet.

— Dites, Mirelty, je me demandais... Auriez-vous connaissance d'un groupe de femmes qui vivraient dans un temple ou non loin ?

Elle réfléchit tout juste quelques secondes avant de me répondre.

— Non, il n'en existe pas. Pourquoi cette question ?

— Pas même dans les cités de l'Air ?

— Eh bien... Il y a les liseurs d'étoiles, les cantateurs et les astrologues, mais la moitié au moins sont des hommes. Il n'y a pas de groupe exclusivement féminin.

— Il n'y en a jamais eu ? Même dans les temps anciens ?

— Jamais, Diopelfe est très hétérogène comme vous pouvez le constater.

Déçue d'apprendre pour de bon que cet espoir est vain, je ne peux m'empêcher de penser à la fille de mes rêves. Je commence à penser que j'ai une imagination bien trop débordante et que mon esprit essaye juste de trouver quelque chose à quoi s'accrocher pour faire face à cette période qui met tout le monde à vif.

Lorsque ma professeure estime qu'il est temps de s'arrêter pour la journée, je fais venir Sulkie et lui demande d'apporter du thé. Je compte partir à la recherche d'ouvrages en tout genre sur les rêves. Je sais que je trouverai mon bonheur, mais je vais avoir besoin de courage pour tous les parcourir et Sulkie prépare le thé comme personne. Cela lui permettra de faire une petite pause dans l'entretien du palais.

J'accède au troisième palier de la bibliothèque, l'avant dernier avant d'atteindre la mezzanine la plus haute, et suivant les panonceaux, je me dirige vers une allée. Tout est classé par thème, puis par ordre alphabétique en fonction des auteurs, puis des titres. Je n'ai donc aucun mal à trouver les traducteurs de rêves, les dictionnaires et toute œuvre permettant de les interpréter.

Le secret des reines de DiopelfeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant