Chapitre 11

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Les flammèches volent dans tous les sens. Les soldats les plus proches se précipitent autour de moi, les autres protègent les alchimistes. Mais il est trop tard, une flammèche fonce à une vitesse folle en direction de mon visage. Je me baisse et me protège maladroitement avec mes bras, attendant l'impact ou la brûlure des cendres ardentes. Mais alors que les soldats se mélangent et que les alchimistes s'affolent, je ne sens rien. Je baisse lentement mes bras et plisse les yeux.

Ezeckiel se tient entre la fée et moi, le col de son pourpoint fume. Un espion à la peau d'écorce tient la fée qui se débat par les ailes tandis qu'un alchimiste se précipite dans leur direction avec une fiole de sérum pour lui faire sentir le mélange soporifique et la ramener dans la forêt. Je me redresse. Le sénéchal me foudroie du regard.

— Votre Majesté ! Tout va bien ? demande Elowyn en se précipitant vers moi.

— Oui, oui... Ça va... je réponds à moitié sonnée par l'adrénaline.

— Zack... enchaine-t-elle.

— Ça va, répond-il froidement.

Les soldats et les alchimistes reprennent leur travail, quelques peu perturbé, et la garde royale s'éloigne d'un pas en voyant qu'Ezeckiel est avec moi. Une trace de brûlure est marquée sur le col de ses vêtements et remonte jusque dans son cou, au-dessus de son épais collier d'argent et de grenat.

— Je...

— Je vous avais conseillé de rester au palais, dit-il alors que sa mâchoire se contracte.

— Je pensais que je pourrais peut-être régler les choses...

— Sans vouloir vous offenser, vous n'êtes pas prête pour ce genre de situation. Voilà le résultat.

Il soupire et se pince l'arête du nez.

— Je vous raccompagne au palais.

Il appelle le cocher et lui demande de préparer le carrosse en vitesse. Le lutin aux oreilles disproportionnées prépare les chevaux à la hâte et déplie le marchepied. Le sénéchal et moi montons à l'arrière, en face à face, chacun sur sa banquette, sans un mot.

Ezeckiel regarde par la fenêtre, me laissant voir son cou blessé. Sa peau claire a pris une teinte rougeâtre qui ne s'éclaircit pas et les frottements de ses vêtements doivent la rendre douloureuse. Je me sens comme une enfant coupable s'étant faite disputée par ses parents.

Le trajet du retour est long et se fait dans le silence. Lorsque nous arrivons au château, le cocher nous ouvre la porte et la garde royale se divise en deux. Ils n'ont pas besoin d'être autant quand nous sommes dans l'enceinte du château que lorsque nous sommes à l'extérieur. Nous franchissons la grande porte du palais donnant sur la salle de bal. Soudain, Ezeckiel se tourne vers moi.

— Qu'est-ce qui vous est passé par la tête ? demande-t-il finalement, bien plus calme qu'à l'orée de la forêt.

— J'ai pensé que je pouvais faire quelque chose pour calmer la situation, je réponds, la queue entre les jambes.

— A quoi pensiez-vous ?

Il attend une réponse, mais je n'arrive pas à lui fournir immédiatement.

— Je ne sais pas, discuter, tenter de leur demander d'arrêter, négocier une trêve... Mais je vois bien que c'était idiot de ma part.

Il ne nie pas mais n'acquiesce pas pour autant.

— Vous auriez dû m'écouter. Si je suis sénéchal, c'est aussi pour vous conseiller, ajoute-t-il d'une voix ferme mais presque douce. Vous n'êtes pas prête pour vous lancer dans de telles situations, vous n'avez pas les compétences requises, ni l'entrainement, ni...

Le secret des reines de DiopelfeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant