Chapitre 12

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Le crissement des rideaux sur la tringle et la lumière du jour me réveillent comme chaque matin. Le bruit des souliers de Sulkie piétinant les tapis sur le plancher et l'odeur de pain frais m'indiquent qu'elle vient de déposer mon petit déjeuner sur la table de chevet. J'ouvre les yeux. Il fait étonnement plus sombre que d'habitude.

— Bonjour, Sulkie, je bafouille encore à moitié endormie.

Je baille et étire mes pointes de pieds en roulant sur le côté pour me redresser.

— Bonjour, votre Majesté.

Je m'arrête. Ce n'est pas la voix de la fée de maison que je viens d'entendre. Je me redresse d'un bon et vois Ezeckiel, déjà prêt à commencer la journée, debout en plein milieu de ma chambre.

— Que faites-vous ici ? Il y a un problème ? je demande paniquée.

Je rassemble mes cheveux décoiffés sur mon épaule. Sulkie entre dans la pièce et commence à préparer de quoi me coiffer et m'habiller.

— Aucun. J'ai repensé à notre discussion d'hier, commence-t-il.

Il traine la chaise du secrétaire jusqu'à un mètre de mon lit, s'assoit dessus à l'envers et croise les bras sur le dossier.

— Et je crois avoir trouvé une solution pour régler en partie le problème.

Je le regarde, intriguée. Ses yeux sont malicieux et son petit sourire habituel se dessine sur ses lèvres. Il semble de bien bonne humeur.

— Je ne peux plus me permettre de quitter le palais quand bon me semble, à présent que je suis sénéchal. Mais mes hommes, eux, le peuvent encore. Ce sont eux qui vont vous faire découvrir le peuple et le reinaume, sans même que vous ayez besoin de vous déplacer. Dépêchons-nous, n'oublions pas que vous devez rejoindre Mirelty juste après.

Sulkie le chasse de la pièce pour m'habiller. Même si je ne prête plus attention au manque de pudeur des habitants de Diopelfe, je ne peux le laisser me voir dans mon plus simple appareil. La fée de maison m'aide à nouer mon corset, puis à lacer mes bottes et enfin, elle coiffe mes cheveux d'une simple queue de cheval qui tombe jusqu'au milieu de mon dos, tenue par un ruban rouge. Je pourrai directement monter à cheval sans avoir à me changer à nouveau dans quelques heures.

J'avale en vitesse mon petit déjeuner et je rejoins le sénéchal dans l'antichambre. Il me guide jusqu'à son bureau. Les boutons de manchettes dorés de son pourpoint, utilisé comme une veste, brillent avec la lumière des torches encore allumées et le jabot de sa chemise entrouverte rebondit à chacun de ses mouvements. Ses pas sont rapides et vifs, complètement silencieux. Seul l'air qui se prend dans ses vêtements ose siffler.

Je m'étonne de le voir frapper deux coups à la porte de son propre bureau avant d'entrer. La pièce est claire malgré la fenêtre de petite taille. Son bureau est à gauche, devant une grande bibliothèque et une toile suspendue au mur, représentant des oiseaux emmêlés dans des ronces et des lys araignée.

Il fait le tour de la table et feuillette les documents posés dessus en se frottant le menton, puis il appuie avec la pointe de sa chaussure sur une pédale dissimulée dans la plainte au pied du mur. J'entends quelque chose glisser, mais je ne vois rien. Alors Ezeckiel attrape la toile et la pousse sur le côté, dévoilant un couloir secret éclairé de quelques torches. Une bourrasque glaciale s'engouffre dans la pièce en s'échappant du tunnel qui se dévoile. Je le regarde, avec les yeux ronds.

— Surprise ? demande-t-il.

— Cela ressemble drôlement à un traquenard, je réponds en levant un sourcil, un sourire incertain en coin.

Le secret des reines de DiopelfeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant