Chapitre 39

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Combien de temps me suis-je assoupie ? Le matin est déjà là...

Je tends mon bras de l'autre côté du lit, mais même si je sens que les draps sont défaits, ils sont frais et je suis seule. J'entrouvre les yeux et les frotte doucement en me redressant dans mon lit. N'était-ce qu'un rêve ? Non, je ne dors jamais nue d'habitude. Mais alors, est-il parti sans rien dire, sans même laisser un mot ?

Puis soudain je le vois sortir de la salle de toilette dans son plus simple appareil, sa chevelure ébouriffée formant des boucles sauvages autour de ses cornes. Il s'approche de moi et dépose un tendre baiser sur mon front, puis attrape ma main délicatement et y dépose un second.

— Bonjour ma Reine. Excusez-moi de vous avoir réveillé, je comptais me préparer pour aller chercher le petit déjeuner.

— Ce n'est pas vous, ne vous en faites pas... articulé-je en baillant.

— Avez-vous bien dormi ?

— C'est la meilleure nuit que j'ai passée ici, et vous ?

Il n'a pas le temps de répondre que l'on frappe à la porte et qu'elle s'ouvre aussitôt sur Elowyn, toute souriante, qui entre en se débattant avec un plateau repas surchargé dont tout menace de s'effondrer.

— Bonjour votre Majesté ! Dashalric est en retard ce matin, alors c'est moi qui vous apporte le petit déjeuner ! Je parie qu'il s'est encore endormi en méditant... Mais je suis porteuse d'une bonne nouvelle, le sénéchal est de retour ! Des soldats l'ont aperçu tard hier soir et... Zack ?! Mais qu'est-ce que... ?! s'exclame-t-elle en découvrant son ami d'enfance nu à côté de mon lit.

— Winnie, se contente-t-il de répondre sans chercher à se cacher. C'est vrai, je suis bien rentré.

— Toi et... et vous ? Et Zack ?! demande-t-elle sous le choc en peinant à réaliser ce qu'elle voit, cherchant une explication dans le regard de son ami.

Lorsqu'elle réalise que je suis aussi nue, ses joues s'empourprent et elle détourne le regard en comprenant peu à peu ce qu'il se passe, puis elle avance tout juste assez pour pouvoir déposer le plateau repas sur la table de chevet la plus proche et se recule en restant inclinée vers le sol.

— Je suis navrée d'avoir interrompu... ce que vous faisiez, s'excuse-t-elle en quittant la pièce en s'inclinant à plusieurs reprises. Aimez-vous bien ! ajoute-elle en fermant la porte.

Elle s'éloigne de quelques pas et je l'entends marmonner :

— « Aimez-vous bien », non mais je ferais mieux d'apprendre à fermer ma bouche, moi...

Je me retourne vers Ezeckiel qui ne peut s'empêcher de lâcher un petit rire en se pinçant l'arête du nez.

— Si je m'attendais à ça... Au moins vous n'avez pas besoin d'attendre plus longtemps pour votre petit déjeuner.

— Vous pensez... qu'elle pourrait en parler autour d'elle ? Je ne suis pas sûre que ce soit le bon moment pour dévoiler notre relation au monde pour l'instant...

— Non, ne vous en faites pas. Elle est bavarde mais elle sait garder les secrets. Puis Dashalric n'est pas dupe, il a dû le comprendre aussi si ce ne sont pas les étoiles qui lui en ont parlé. Ils pourront toujours comploter ensemble, c'est leur grande passion.

Ezeckiel s'assoit à côté de moi et m'enlace avec une étreinte rassurante et un doux baiser sur le front. Nous partageons le repas qu'a apporté Elowyn : du thé au jasmin, des biscuits secs avec de la confiture de fruits rouges, du pain, du beurre et du miel, du fromage et une corbeille de fruits frais.

Le secret des reines de DiopelfeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant