Le secret des reines de Diopelfe

Chapitre 21

Je serre par reflexe l'enfant contre moi en posant ma main sur le pommeau de la lame attachée à ma taille. Un soldat vient de lancer un bolas sur les jambes du centaure qui nous prend en chasse et qui s'effondre devant nous en se cognant violemment la tête contre un tonneau. L'homme en armure chasse du pied le sceptre afin de ligoter l'assaillant.

Floch évite de justesse une flèche matérialisée par un sceptre avant d'asséner un grand coup dans le ventre d'un centaure qui charge la famille Verbrillant. Les soldats et Ezeckiel ne tardent pas à maîtriser les créatures alors que les habitants de Cottage-terrier s'assemblent à leurs fenêtres pour voir le spectacle. Il n'y a, d'ordinaire, jamais de conflit dans ce village.

Les assaillants ligotés, le capitaine de ma garde personnelle attache un message à la patte de son faucon messager qui s'envole immédiatement en direction de la prison afin que l'on envoie des soldats pour se débarrasser des centaures. Au même moment, le sénéchal et Pam accourent vers la petite fille et moi.

— Lisine ! s'exclame sa maman en la prenant dans ses bras aussitôt que je la lâche.

Elle prend une grande inspiration dans son cou visible à cause du heaume trop grand pour son corps d'enfant. Le sénéchal me regarde de haut en bas et m'interroge du regard. Je lui fais un signe de tête pour qu'il comprenne que tout va bien. Mais maintenant que l'adrénaline retombe, je sens mes jambes trembler et mon cœur battre à tout rompre.

Je prends appui sur le mur en terre à côté de moi. Le sénéchal pose sa main sur l'épaule de la jeune mère pour les raccompagner vers leur famille, mais son regard ne me quitte pas. Je n'arrive pas à décrypter ce qu'il pense, cela me rend presque inquiète. Lorsque la tension descend et que je me sens à nouveau capable d'avancer, je rejoins le petit groupe près de leur maison. Le père Verbrillant les enlace.

— Merci. Merci mille fois, dit Pam, sans lâcher son enfant, qui cède finalement aux larmes après tant d'émotion.

Elle tombe à genoux devant moi. Les gouttent d'eau perlent abondement sur son visage. Le protocole m'en empêcherait, Mirelty aussi, mais je suis la reine et personne ici n'a à me contredire. Je m'agenouille devant elle sous les yeux écarquillés de sa famille et je prends ses mains dans les miennes. La jeune mère est inconsolable. Puis, me rappelant de la chaleur de l'étreinte de Dashlric, je la prend dans mes bras.

Les soldats et Ezeckiel restent impassibles, mais la famille Verbrillant est bouche bée. Soudain, je réalise que la froideur et la dureté de l'armure sur sa joue ne doivent pas être agréables, mais Pam se laisse aller dans mes bras malgré tout en essayant d'étouffer ses sanglots. Lisine s'approche de nous, pose le casque au sol, et enlace sa mère dans le dos.

— Pleure pas Maman, murmure-t-elle en caressant ses cheveux roux.

Progressivement, Pam se détache de moi alors que le ciel se couvre et commence à deverser lui aussi ses larmes.

— Ca va aller, je lui murmure avec un doux sourire.

Pam me répond en hochant la tête. Nous nous relevons ensemble et elle entoure les épaules de sa fille avec son bras.

— Encore merci, souffle-t-elle.

Je lui souris. La famille Verbrillant se rassemble autour de nous et Paby pose sa main solennellement sur son cœur alors que la bruine commence à tomber sur le village.

— Sachez que la famille Verbrillant sera à jamais à vos côtés, votre Majesté. Dans les meilleurs comme dans les pires instants.

Je salue la famille de Hearl et leur offre mes plus sincères condoléances. Je récupère mon heaume resté sur le sol tandis que quelques gardes arrivent tout droit de la prison pour venir chercher les centaures qui ont attaqués le village. Alors que les villageois commencent à sortir de leurs maisons, voyant que le danger est écarté, Ezeckiel, la garde et moi remontons à cheval pour rentrer au palais. Le sénéchal demande à Floch de passer en tête pour se placer à ma gauche dans le petit cortège que nous formons.