Chapitre 7

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Sulkie attache la cape sombre aux épaulettes pointues autour de mon cou. Les plumes noires se fondent dans le velours sur lequel elles sont cousues. La robe argentée que m'a recommandé ma servante pour ce jour me donne un air strict et impassible. C'est peut-être mieux ainsi. J'espère que ces vêtements serviront à camoufler le stress qui fait trembler mon corps et me rend pâlotte.

Mes bottes claquent sur le sol à mon passage, ma cape vole derrière moi. Devant la porte de la salle du conseil, les chefs de garde et les Influents se rassemblent. Ils portent des vêtements de cérémonie : des pourpoints brodés, des bottes à la pointe d'argent, des robes droites, des bijoux sertis de pierres précieuses...

Deux gardes ouvrent les portes lorsque j'arrive. La première partie de la cérémonie se déroule dans la salle du Conseil, la seconde dans la salle du trône. Je rentre la première, suivie de mes sujets, et m'installe au centre du croissant de Lune tandis que chacun gagne sa place. Mon estomac se noue lorsque je remarque que quelqu'un manque à l'appel. Je ne tarde pas à voir les regards s'échanger entre les chefs de garde et les Influents. Face à moi, le siège est vide. Nous patientons quelques minutes. Un contre temps peut arriver à tout le monde, peut-être a-t-il eu une urgence à régler. Plus importante encore que son adoubement...

— Nous devrions démarrer la cérémonie. Cela le fera peut-être arriver... suggère Fangir en nouant ses mains sur la table.

— J'aimerais attendre encore un peu.

Mais l'heure s'écoule, et Valerian n'arrive toujours pas. Je serre les poings. S'il y a bien un jour où il ne faut pas manquer le Conseil, c'est bien celui-ci.

— Votre Majesté... tente à son tour Florifer.

— Il va arriver, j'en suis certaine.

Mes doigts sont tellement crispés que mes ongles laissent de vilaines traces dans mes paumes. Narïbelle a l'air plus inquiète que jamais. La jambe d'Elowyn tressaute sans s'arrêter, faisant trembler sa chaise. Ezeckiel s'avachit de plus en plus contre son dossier et son regard est perdu dans le vide. Fangir triture les breloques de son pourpoint en fronçant les sourcils. L'atmosphère est tendu, personne ne peut le nier. Pourquoi fallait-il qu'il choisisse ce jour-là pour s'absenter ?

Dashalric se racle la gorge.

— Il ne viendra pas, votre Majesté. Il va falloir nommer le sénéchal sans lui.

Une décision doit être prise et rapidement. Je souffle.

— Bien, je finis par céder. Démarrons la cérémonie.

Les chefs de garde et les Influents se redressent et se tournent vers moi. Je me sens presque étouffer sous leurs regards. La tradition veut que j'écrive le nom de la personne que je souhaite à mes côtés durant mon règne sur une feuille de papier, à plier ensuite de sorte à former une fleur plate afin d'assurer le Conseil de mon choix réfléchi. Bien sûr, je l'ai fait la veille. Mais, en vue des circonstances, je glisse discrètement la feuille de papier sur mon siège en me levant. Si on me fait remarquer son absence, je prétendrais un oubli de ma part.

Je pense que tous ont compris, ils ne posent aucune question. Mais peut-être est-ce mieux ainsi. Ce n'est qu'un mal pour un bien. J'essaye de me convaincre que Diopelfe me guide vers le bon choix, même si j'aurais préféré qu'il me le montre bien avant le grand moment.

Je redresse mes épaules et croise les mains comme l'exige le protocole lorsque je dois annoncer des choses solennelles. Un léger sourire se dessine sur le visage de Mirelty dans un mélange de fierté et de stress.

— La personne que je choisis pour être sénéchal à mes côtés est...

Tous les regards sont rivés vers moi, mais j'attends quand même une seconde pour être sûre d'avoir leur totale attention à tous avant de prononcer le verdict final. J'ai l'impression qu'ils retiennent leur respiration.

Le secret des reines de DiopelfeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant