Chapitre 14

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Voilà neuf jours que tous les gardiens de la cour s'allient pour retrouver Mayela. De jour comme de nuit, je reçois les messagers où que je sois, qui m'informent constamment de l'avancée des recherches. Je ne dors pas beaucoup, comme personne ici-bas. Le peuple commence à nous soupçonner de quelque chose. Il n'est pas courant de croiser autant de gardiens dans le reinaume, armés et protégés par des talismans.

A peine ai-je le temps de m'installer dans mon bureau qu'on frappe déjà à ma porte.

— Oui ?

— Votre Majesté, me salue Elowyn en entrant dans la pièce suivie de Valerian.

— Nous n'avons plus de quoi faire des talismans.

— Allez emprunter du matériel aux forgerons.

— C'est ce que nous avons fait, Madame, répond Valerian. Nous sommes en pénurie de tourmaline et les cultures de baies noires ont été détruites, les fruits sont inutilisables.

— Alors utilisez du jais et de la mandragore.

— Nous avons récupéré ce que nous pouvions et nous cherchons encore à travers le reinaume. Mais il n'y a plus rien pour fabriquer des talismans et presque la moitié des soldats n'est pas équipée, sans parler des espions. Quels sont vos ordres ?

Je dois lutter contre l'envie de plonger mon visage dans mes mains pour me cacher le temps d'essayer de trouver un arrangement.

— Qu'ils se relaient avec ceux déjà existants et qu'on examine chaque personne suspecte d'un quelconque maléfice. Je ne tolèrerai pas qu'un soldat soit enchanté sous mon toit. Faites-leur boire des sérums de protection pour limiter les dégâts.

— Bien, votre Majesté.

Les chefs de gardes quittent le bureau. Je n'ai pas l'impression que ma réponse les satisfasse complètement, mais comme moi, ils savent qu'il n'y a que peu de possibilités restantes. Leurs voix lointaines discutent avec quelqu'un dans le couloir. On frappe une énième fois à la porte.

— Qu'y a-t-il ?

Mirelty entre dans la pièce avec des feuilles sous le bras.

— Je n'ai pas pensé immédiatement à sortir ces documents comme je l'ai connu, mais peut-être qu'ils vous seront utiles.

Je regarde les feuilles de papier qu'elle dépose sur son bureau. Il s'agit des fiches de Mayela, lorsqu'elle était cheffe de la garde de la magie et qu'elle œuvrait encore au nom de la couronne. Je ne me rappelle pas les avoir lu lorsque je suis allée dans la salle des gardiens pour en apprendre plus sur les chefs de garde.

— Où les avez-vous trouvé ?

— Elles ont été retirées de la salle de rapport et placées dans la partie des archives qui leur est dédiée.

Je la remercie. Mirelty quitte le bureau et j'en profite pour manger un fruit en commençant à lire les documents. D'après tout ce que j'entends et tout ce que je lis, je ne suis pas étonnée de savoir que la magicienne ait obtenu sa place de cheffe de garde à quatorze ans. Je ne peux être qu'impressionnée. Née dans une famille de mages peu puissants, elle a rapidement été rejetée par son entourage à cause de ses pouvoirs capables de tout et de sa passion pour l'illusion. Je note cette nouvelle information dans mon carnet qui me suit partout.

J'analyse quelques rapports. Après avoir été embauchée par le palais, il semble qu'elle n'ait jamais fait un pas de travers. De ce que je lis, elle avait même l'air plutôt stricte et rien n'indique qu'elle prévoyait un coup d'état. Aucune plainte n'a été déposée contre elle, son travail était toujours impeccable, son équipe fonctionnait et semblait l'apprécier. C'était une magicienne hors pair, une cheffe respectée, une gardienne dont l'avenir semblait rayonnant.

Le secret des reines de DiopelfeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant