Chapitre 17

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Seel, l'espion agissant comme un simple domestique grâce à son apparence de fée de maison, me rapporte qu'Hearl est entre les murs du palais.

Les messagers circulent dans tout le reinaume, que ce soit dans le palais, les forêts, les villages, les îles ou les montagnes. Une fois qu'ils sont en course et envoyés par leur interlocuteur, ils vont et viennent, pouvant parcourir des distances impressionnantes avant de revenir à leur point de départ. Ils continuent de se déplacer tant que quelqu'un leur donne un message à transmettre.

Je recherche Hearl depuis le jour où j'ai appris qu'il avait transmis la lettre à Valerian pour l'envoyer visiter la prison alors que le Conseil pour élire un sénéchal se trouvait quelques heures après. Mais étant toujours en course à l'autre bout du pays, puis s'étant fait attaqué par des voyous en plein regain de magie, il n'a pas pu arriver au palais plus tôt. Les chefs de garde, en qui j'ai une totale confiance, ne pouvaient pas se permettre de se déplacer pour l'interroger à cause de la situation actuelle.

Je l'attend de pied ferme. Un petit homme entre dans le bureau, les joues creusées, le teint pâle. Il tient dans ses mains un petit chapeau rouge qu'il tord avec ses doigts. Ses yeux bleus et ronds ne se détachent pas du sol et ses grandes oreilles pointent vers ses épaules.

— Votre Majesté, me salue-t-il intimidé.

Les deux gardes qui surveillent l'entrée se déplacent vers la porte à l'extérieur de la pièce, prêts à intervenir au besoin. Le messager tremble. Il sait qu'il a été convié mais ignore pourquoi.

— Avez-vous fait bonne route ? je demande

— O-oui, madame.

— Comment va votre blessure ?

— B-bien mieux, j-je vais bien. Merci.

Je lui propose de s'assoir lorsque je vois son visage pâlir un peu plus, mais il est bien trop tendu pour bouger, alors il reste debout au centre du cercle du tapis rouge et vert.

— Vous rappelez vous avoir transmis un message à Valerian Corindon peu après le couronnement ?

— O-oui, c'était une lettre. De votre part, j-je crois.

— Qui vous a transmis cette lettre ?

— Une fée de maison qui travaille p-pour vous. Dans le château.

— Connaissez-vous son nom ? A quoi ressemblait-t-elle ?

Le messager essuie la sueur qui perle sur son front avec son chapeau tout froissé. Ses boucles châtain collent à son front.

— Elle était b-belle. Comme toutes les fées de maison. Elle m'a dit qu'elle était très importante et que j-je devais vite la donner au chef de la garde des soldats, alors j-je lui ai transmis.

— Portait-elle un uniforme ? Avait-elle un signe distinctif ? Des ailes ?

— O-oui, un uniforme avec le b-blason du reinaume. Une b-belle femme. C'était le j-jour o-où vous avez emprunté plein de documents à la bibliothèque, j-je vous ai croisé peu de temps avant. Elle m'a dit que la lettre était de votre part et m'a souhaité une b-bonne journée, dit-il en s'appuyant sur le dossier de la chaise qui lui fait face.

Touché. L'uniforme des fées de maison est entièrement blanc, aucune d'elles ne porte le blason. De plus, elles ne s'attardent jamais aux « bonjour » et aux « bonne journée », elles ne disent pas même les noms des rédacteurs sauf si celui-ci le lui a explicitement demandé. Les fées de maison ne parlent pas et ne transmettent pas les lettres aux messagers. J'ai à présent une idée de l'apparence de l'intru s'il est toujours parmi nous.

Le secret des reines de DiopelfeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant