Mon épaule est particulièrement douloureuse ce matin. La sensation est telle que j'émerge du lit en un rien de temps pour aller y appliquer la poche de froid que je garde en permanence dans mon frigo.
J'ai toujours vécu avec cette douleur en arrière-plan dans ma vie, mais ces derniers temps, elle revient de plus en plus fréquemment.
J'applique le patch sur ma peau à nu et me sens immédiatement soulagé par les picotements qu'elle déclenche. Le soleil inonde les larges fenêtres de mon loft et je sais qu'il sera impossible pour moi de me rendormir.
Je me dirige vers l'une des énormes baies vitrées qui donnent directement sur la mer et en apprécie le spectacle pendant quelques minutes. C'est étonnamment paisible ici.
J'ai racheté cet endroit il y a quatre ans maintenant et je l'ai rénové moi-même. Je dois bien reconnaître que je suis fier du résultat même s'il m'a arraché du sang et des larmes, au sens propre.
Avec mes frères, nous avons longtemps vécu chacun dans un coin différent du pays pendant des années, après notre départ de Los Angeles. Aujourd'hui, tous les deux vivent dans la région de New York. On ne se voit pas aussi souvent que ce que je voudrais, mais nous sommes très proches malgré tout.
Depuis la naissance de mes neveux et de ma nièce, je fais le déplacement au moins deux fois par an pour aller les voir.
On dit souvent que l'argent vous fait perdre vos valeurs et oublier l'essentiel. Je ne pense pas que ce soit mon cas. Ou du moins, je l'espère. On l'a trop reproché à notre père pour suivre ses traces une fois adultes.
La compagnie créée par mon grand-père pèse aujourd'hui plusieurs millions de dollars, mais aucun de nous trois n'y travaille. Nous avons tous suivi notre propre voie et même s'il est évident que le fait de n'avoir jamais manqué de rien a été un coup de pouce considérable pour démarrer dans la vie, chacun d'entre nous a toujours travaillé dur pour obtenir ce qu'il a.
J'aime la vie que je me construis ici, sous le soleil de Floride.
— Salut beau gosse.
Les bras de ma conquête du moment viennent se glisser autour de moi. Madison et moi nous connaissons depuis quelques semaines maintenant, via le travail, et les choses entre nous se sont concrétisées hier soir. Elle est mignonne, et je suis forcé de l'admettre, plutôt douée au lit. Mais entre elle et moi, il n'y a rien de plus.
J'ai toujours mis un point d'honneur à me montrer clair sur le sujet. Ça fait sans doute de moi un salopard. Mais la plupart des femmes que je fréquente sont aussi très intéressées par le style de vie que je peux leur offrir, ce qui a tendance à me refroidir.
— Bien dormi ?
On dirait que Madison ronronne plus qu'elle ne parle, me tournant autour comme une bête affamée.
— Très bien, oui. On remet ça ?
Ses doigts sont déjà en train de glisser sur mon torse.
— Désolé j'ai du boulot.
Et c'est vrai. En partie. Parce que je pourrais décaler ce que j'ai à faire à plus tard, mais je n'en ai pas envie. Le dossier sur lequel je travaille est très important et il faut sérieusement que je me penche dessus. Et puis je n'ai pas pour habitude de garder mes aventures près de moi le lendemain matin bien longtemps.
On a tous les deux pris du bon temps. C'était sympa, mais plus tôt elle repart d'ici et moins elle se fait d'idées.
— Tu ne peux pas te libérer ? Je croyais que c'était toi le patron.
— À cinquante pour cent seulement et il se trouve que l'autre moitié de la direction est du genre tyrannique.
C'est complètement faux. Garett est devenu mon meilleur ami maintenant et c'est un chic type. A sa place, il y a probablement longtemps que je me serais foutu dehors.
— Dommage. Peut-être une prochaine fois, alors.
Le clin d'œil qu'elle ajoute à cette dernière phrase laisse peu de place au doute quant à son intention de remettre le couvert.
— Oui, peut-être.
Madison réunit ses affaires tandis que je continue de regarder l'océan puis referme la porte derrière elle. Il est encore tôt et j'envisage un moment d'aller courir, mais je sais que la douleur lancinante de ce matin m'en empêchera. Les vibrations ont un effet atroce lorsque mon épaule est sensible. Je suis habitué à vivre ainsi, avec ce rappel presque permanent de ce qu'aurait pu être ma vie si je ne m'étais blessé. La plupart du temps, je n'y pense pas, mais parfois, cela se rappelle à moi.
Un message de Garett me demandant des nouvelles d'un contrat en cours de signature me tire de mes pensées. Ce n'est pas plus mal parce que je n'aime pas la nostalgie dans laquelle je me replonge en ce moment même. Le travail a toujours été une bonne façon de penser à autre chose. Avant, ma solution miracle était nettement plus... dévastatrice.
Mais c'est une époque lointaine et j'ai parcouru suffisamment de chemin pour pouvoir être fier de ce que je suis devenu. Je regarde à nouveau l'heure. J'ai un rendez-vous important en ville dans quarante-cinq minutes. Je ferais mieux de me motiver et de m'y mettre.
*************
— Putain, Connor, comment est-ce que tu fais pour t'y retrouver dans un tel bordel ? demande-t-il, consterné par le désordre qui règne devant lui. Depuis combien de temps tu n'as pas vu la surface de ton bureau ?
Ça m'ennuie de l'admettre, mais Garett a raison. Je suis excellent quand il s'agit de négocier, mais nettement moins quand il faut m'organiser.
— Ça va, je gère.
— Ouais, tu peux me donner tes notes sur le dossier Harris ?
Je sais très bien à quoi il joue. Il a parfaitement conscience que je vais mettre un temps fou à les trouver parmi la montagne de papiers qui m'entoure.
— Bon, OK. C'est peut-être un peu le bordel.
Il me sourit, amusé d'avoir réussi à me faire plier.
— Il faut qu'on embauche quelqu'un pour remplacer Jill.
Jill travaille pour nous depuis l'ouverture de la société. Enfin, travaillait. Jusqu'à ce qu'elle décide de se faire passer la bague au doigt subitement et parte vivre à l'autre bout du pays avec son nouveau mari. Garett et moi ne l'avons pas vu venir.
C'est vrai qu'elle a toujours été un peu spéciale, mais au moins, quand elle était là, je voyais mon bureau.
— Je sais, je m'en occupe cette semaine.
Il hoche la tête, mais c'est comme si je pouvais lire à l'intérieur la pensée qui s'y forme « tu as intérêt, mon pote ».
Il faut vraiment que j'arrive à lui changer les idées. Et je compte vraiment sur notre sortie de demain pour y arriver.
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Rien que pour toi
Lãng mạnTout réussit à Connor. Surtout les filles, qu'il enchaîne avec facilité... Lorsqu'il décide d'aller boire un verre avec son meilleur ami dans un bar, il tombe immédiatement sous le charme de Rory, qui y travaille en tant que serveuse. La jeune femme...