Chapitre 24 - Rory

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Sans le connaître, il ne m'est pourtant pas difficile de repérer le frère de Connor parmi la foule. Il a exactement les mêmes yeux que lui. Le même regard vert émeraude qui vous captive et vous paralyse.

Lorsque Connor le voit lui aussi, un large sourire se dessine sur son visage et nous nous dirigeons immédiatement vers lui.

— Salut petit frère, lance l'homme en question.

Les deux hommes se tombent dans les bras et s'étreignent quelques secondes avant que leur attention ne se reporte sur moi.

— Carter, je te présente Rory.

A priori, tout le monde a été prévenu de mon arrivée alors il ne semble pas surpris.

— Bonjour, Rory. Alors c'est toi la fameuse fille dont mon petit frère ne cesse de me parler depuis des semaines ?

Connor lui met immédiatement un coup de coude dans les côtes qu'il doit sans doute espérer être discret, mais c'est très loin d'être le cas.

Je ne savais pas qu'il avait parlé de moi à ses frères avant de les prévenir de mon arrivée ce weekend.

— Et bien, euh, oui. Je suppose. Je suis ravie de te rencontrer.

Il me sourit franchement et je me sens étrangement à l'aise avec lui. Mais il ne fait pas de nouveau allusion à ce qu'a dit Connor à mon sujet.

— On y va ? nous demande-t-il.

Il est presque midi et mon estomac me tiraille. Connor attrape ma main avant de m'entraîner dans le dédale de couloirs de l'aéroport d'ici. Il m'a prévenu qu'il y avait environ une heure de route avant d'arriver à la maison alors je prendrais mon mal en patience.

Finalement, le trajet passe rapidement et Carter se montre très sympa et avenant avec moi tandis que nous roulons. Connor prend des nouvelles de ses neveux et les yeux de leur père se mettent à briller lorsqu'il commence à parler d'eux. Charlie a deux et demi et son petit frère, Arthur, seulement six mois. Et la petite Autumn, la fille de son deuxième frère, aura donc un an dans deux jours.

Je trouve sympa l'idée que les enfants n'aient pas un grand écart d'âge et puissent grandir ensemble. D'autant que leurs parents ont l'air très proches. Il parle d'eux avec tellement d'amour... Je suis sûre que c'est un excellent papa.

— Et Sofia ?

— J'ai réussi à la convaincre de rester à la maison six mois de plus, mais tu la connais... Elle ne tient pas en place et puis tu la connais, je la vois toujours farfouiller dans mes dossiers entre deux biberons.

— Quand je te dis qu'un jour elle deviendra ta patronne ! lance Connor, qui éclate de rire.

— Elle a déjà ce rôle à la maison, pitié, laisse moi un peu de répit.

Les deux frères rient et je me surprends à envier leur relation. Tout ça me manque à moi aussi. J'étais tellement proche de ma sœur. Avant...

Mais c'est du passé et aujourd'hui je me concentre sur ce que je suis en train de vivre, ici, avec Connor. Qui, au passage, m'a doigté en public il y a trois heures à peine.

Il me fait complètement perdre la tête !

Discrètement, depuis le siège arrière, j'observe son reflet dans le rétroviseur. J'aime la façon dont ses lèvres s'étirent lorsqu'il sourit, les petites rides qui se dessinent au coin de ses yeux et la façon dont son rire grave remplit l'air.

Il me plaît vraiment beaucoup. Et ce qui vient de se passer dans l'avion est la preuve que je suis enfin prête à me lancer dans quelque chose après deux ans d'abstinence totale.

Oui, deux ans qu'aucun homme ne m'avait touché.

Et je ne peux pas dire que je regrette que Connor ait mis fin à cette période. J'ai même adoré ça.

— Et voilà, nous y sommes, me dit-il tandis que la voiture s'engage dans l'allée.

Avant que je ne le réalise vraiment, nous voilà effectivement arrivés devant une jolie maison au bord d'un lac qui scintille avec les reflets du soleil. L'endroit est magnifique et d'un calme incroyable.

Ça change de l'agitation de Miami et ce n'est pas pour me déplaire.

Connor fait le tour du véhicule pour venir m'ouvrir la porte alors que je réunis les quelques affaires que j'ai étalées sur la banquette arrière.

— Quel gentleman, plaisanté-je.

— L'un de mes nombreux talents, dit-il en se penchant à quelques centimètres de mon oreille.

Oh, je suis certaine qu'il en a un tas d'autres. Et je suis de plus en plus impatiente de découvrir lesquels. Mais pour l'instant, je vais essayer de bien me comporter et de ne pas me donner en spectacle.

La maison est très lumineuse en ce début d'après-midi et l'odeur qui émane de la cuisine me fait immédiatement saliver. Une jeune femme brune au sourire radieux arrive vers moi, tenant d'un bras un minuscule bébé.

— Salut, tu dois être Rory, me dit-elle.

— Exact. Et toi tu es Sofia.

Elle acquiesce.

_ Ma merveilleuse femme, dit Carter qui s'approche d'elle avant de l'embrasser sur le front et de lui prendre le bébé des bras. Et cette petite terreur-là, c'est Arthur.

Ce bébé est magnifique, il a les cheveux bruns foncés de sa mère et, comme les autres hommes de la famille, les grands yeux verts caractéristiques des Coleman.

Je tends mon doigt vers lui et il l'entoure immédiatement de ses petits doigts, faisant immédiatement fondre mon cœur.

— OK, petite terreur, on se calme, c'est ma petite amie, n'essaie pas de me la voler.

Connor sourit en attrapant le bébé des bras de son frère et le porte contre lui sans que celui-ci émette la moindre protestation.

Je ne sais pas s'il réalise ce qu'il vient de dire où s'il a laissé échapper les mots par inadvertance, mais, en dehors de lui, tout le monde semble avoir remarqué qu'il vient de me présenter comme étant sa petite amie.

Et si j'en crois les têtes de Carter et Sofia, ce n'est pas une chose dont il a l'habitude.

— Où est Charlie ?

— À l'étage, en train de dévaliser le coffre à jouets, répond Sofia. Mais s'il t'a entendu arriver, il ne devrait pas tarder.

Quelques secondes plus tard, je vois effectivement apparaître une petite tête brune en haut des escaliers qui, pas timide du tout, dévale presque les marches pour venir sauter dans les bras de son oncle Connor.

C'est adorable de le voir ainsi, avec ses neveux dans les bras.

Je suis définitivement en train de craquer pour lui, c'est officiel.

— Vous avez faim ? Coop et Lena ne vont pas tarder, on devrait aller dans le jardin, nous dit-elle.

Connor utilise sa main libre pour prendre la mienne.

— Suis-moi.

Rien que pour toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant