— Est-ce que tu essaies vraiment de me faire croire que ton oreille n'était pas collée à cette porte il y a tout juste dix secondes ?
Becka fait mine d'être installée sur le canapé depuis un moment et tente de se montrer surprise par mon arrivée.
— Oh, mon dieu, d'accord, j'avoue tout ! J'étais derrière la porte et si j'en crois les gémissements que tu as poussés, c'était un peu plus qu'un baiser d'au revoir qu'il t'a donné dans le couloir.
J'ai les joues encore rougies par ce que je viens de vivre avec Connor, mais je suis à peu près certaine qu'elles rougissent encore davantage.
— Est-ce que j'ai manqué de discrétion à ce point ?
— Eh bien je pense que les voisins vont peut être nous regarder bizarrement pendant quelque temps... plaisante-t-elle.
Je suis morte de honte à l'idée d'avoir pu me donner en spectacle, mais ma colocataire me rassure immédiatement.
— Ne fais pas cette tête, je plaisante ! Et puis qu'est-ce qu'on s'en fout de ce qu'ils pensent de toute façon ? Je ne t'ai pas vu avec un aussi large sourire sur le visage depuis bien longtemps ! J'en déduis que ça s'est sacrément bien passé !
Je dois reconnaître que j'ai apprécié chacune des minutes de ce rendez-vous.
Je m'étais pourtant promise de ne pas trop lui simplifier la tâche et surtout de ne pas l'embrasser dès ce soir. Mais la vérité, c'est que j'en avais eu envie à la seconde où il avait saisi ma main.
Tout paraissait si normal, si naturel...
Alors oui, j'avais choisi de me laisser aller et de profiter de l'instant, pour une fois.
Les choses avaient un peu dérapé, mais je ne regrettais rien, même si, malgré les efforts de Connor et le temps que nous avions passé ensemble au cours du mois écoulé, je restais convaincue que son seul et unique but était de coucher avec moi.
— Ok, c'était un peu plus qu'un baiser.
Becka lève les bras vers le ciel, triomphante.
— Ah, je le savais ! C'était juste impossible que tu ne craques pas pour lui !
— On se calme, Mademoiselle Peterson.
— En deux ans je t'ai vu refuser au moins cinquante invitations par les clients du bar, alors excuse-moi de me réjouir de te voir enfin passer du bon temps.
Becka exagère sans doute quand elle parle d'une cinquantaine d'invitations, mais il est vrai que les hommes qui fréquentent le bar tentent régulièrement leur chance. Et que, tout aussi régulièrement, je les envoie balader.
Alors oui, le fait que je sorte avec Connor ce soir est un évènement.
— Comment c'était ?
— Honnêtement ? Il m'a emmené dans un restau hyper chic, tu vois le genre d'endroits où les nanas portent du rouge à lèvres qui coûte une semaine de paye !
— La vache, il doit vraiment avoir envie de coucher avec toi, s'extasie-t-elle.
— Becka!
Face à moi, elle ne peut s'empêcher de rire.
— Désolée, continues.
— Et bien, en fait...
— Ne me dis pas que vous n'avez pas mangé là-bas !
Mon amie me connait bien et elle sait que je n'apprécie pas particulièrement ce genre d'endroit.
— Oh, mon dieu, je le vois à ta tête, je suis sûre que tu n'as pas tenu deux minutes dans ce restau !
— On est allés manger un hot dog sur la plage.
Becka se frappe le front avec la paume de sa main.
— Rory Abigaïl Johnson, est-ce que tu es vraiment en train de me dire que tu as refusé l'invitation à dîner dans un endroit hyper chic avec un homme canon, pour aller manger des hot dogs ?
— Euh... oui. Mais l'homme canon était quand même toujours là.
— Dieu merci ! Maintenant, raconte-moi comment vous êtes passés d'une séance de grignotage à une séance de presque sexe sur le palier !
Becka est comme ça. Un peu folle et bien plus ouverte que moi sur le fait de parler de sexe.
Je sais qu'elle a très envie d'entendre ce que j'ai à raconter et qu'elle se réjouit sincèrement pour moi. C'est une des choses que j'apprécie le plus chez elle. Sa capacité à apprécier réellement quand les choses se passent bien pour quelqu'un d'autre. Sans jugement ni jalousie.
Je m'amuse beaucoup de sa réaction et m'installe donc sur le canapé à ses côtés avant d'entamer le récit de ma soirée.
**************
J'ai très envie de redire à Connor à quel point j'ai apprécié cette soirée et c'est pourquoi j'ai tourné et retourné dans tous les sens possibles le SMS que j'hésite désormais à lui envoyer.
Moi qui m'étais promis de ne pas craquer trop vite et de ne pas m'emballer... Je me retrouve à papillonner dans ma chambre comme une ado qui vient d'embrasser un garçon pour la première fois. Fichues hormones !
Je regarde mon reflet dans mon miroir, me souvenant de la sensation de la bouche de Connor contre mon cou et de l'excitation que cela a engendrée chez moi.
Il a fait des efforts considérables pour que je finisse par accepter de sortir avec lui et, au fond, je crois que c'est ça qui me fait craquer.
Je m'allonge finalement dans mon lit et ferme les yeux, un sourire aux lèvres qui ne me quitte pas.
Finalement, alors que je commence à me détendre suffisamment pour m'endormir, c'est mon téléphone qui sonne, m'indiquant l'arrivée d'un nouveau message. Je souris en voyant le nom qui s'inscrit. Il aura donc cédé avant moi.
Je l'attrape afin d'en lire le contenu, mais j'ai la désagréable sensation que quelque chose ne va pas.
L'air semble étrange et une épaisse fumée a envahi les lieux... Je me lève précipitamment afin de rejoindre le salon. C'est encore pire et je peine désormais à respirer.
Je me précipite vers la chambre de Becka qui vient elle aussi de se lever et tousse considérablement.
— Rory, je crois que quelque chose brûle, dit-elle, affolée.
C'est ce que je pense aussi, mais la fumée noirâtre qui arrive du couloir nous indique que le problème ne vient pas de chez nous.
— Je crois que ça vient de l'extérieur.
— Qu'est-ce qu'on fait ?
— Il faut qu'on sorte d'ici, et vite ! dis-je avant de l'entrainer avec moi.
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Rien que pour toi
RomanceTout réussit à Connor. Surtout les filles, qu'il enchaîne avec facilité... Lorsqu'il décide d'aller boire un verre avec son meilleur ami dans un bar, il tombe immédiatement sous le charme de Rory, qui y travaille en tant que serveuse. La jeune femme...