Chapitre 41 - Rory

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Comme chaque matin depuis maintenant dix jours, Connor vient m'entourer de ses bras puissants lorsqu'il se réveille.

Je me suis levée tôt parce que mon esprit était trop tiraillé pour que je puisse continuer à dormir.

La vérité, c'est que, depuis qu'il m'a annoncé la maladie de son père et tout ce que cela engendre, ou pourra engendrer, je n'arrive pas à me focaliser sur autre chose que sur le fait qu'il va probablement partir.

Et je ne suis pas sûre que mon cœur le supporte.

Un deuxième échec sentimental serait dévastateur.

D'autant que, même si j'ai eu du mal à l'admettre, j'ai fini par tomber amoureuse de Connor.

Il est inutile que je me mente davantage. Mes sentiments sont bien là.

Je me suis fermée totalement à toute relation durant ces deux dernières années par peur de l'échec. Et maintenant que j'y suis confrontée, je ne sais pas comment réagir.

— Mmmh, ça sent bon.

Je sens son sourire se dessiner dans mon cou.

— Qu'est-ce que tu nous cuisines de bon ?

— J'ai fait simple ce matin, ce ne sont que des pancakes.

— QUE des pancakes faits maison ? Rory, je crois que tu n'as aucune idée de ce à quoi ressemblaient mes petits déjeuners avant ton arrivée dans ma vie.

Je souris un peu malgré moi parce que je ne suis pas vraiment d'humeur. Je ne le suis plus depuis que j'ai réalisé que j'allais probablement le perdre.

— Il était vraiment temps que quelqu'un soit là pour te remettre dans le droit chemin.

Il resserre son emprise et je me laisse fondre contre lui alors qu'il s'empare d'un de mes pancakes et émet un gémissement de satisfaction en commençant à le grignoter.

— Heureusement que tu étais là.

Je me retourne et lui fais face. Malgré notre conversation, il semble toujours égal à lui-même et je ne vois pas de changement dans son attitude. Il est toujours aussi absolument adorable avec moi et je m'en veux un peu de réagir ainsi alors que je ne sais même pas quelles sont ses intentions.

À vrai dire, je ne suis pas certaine qu'il parte. Ou qu'il reste. Je crois que c'est ce qui rend la situation si difficile. Parce que s'il doit partir, les choses entre nous seront finies.

Alors je préfère commencer à me préparer à cette idée.

Il embrasse le sommet de mon crâne. C'est quelque chose qu'il fait souvent et que je trouve désormais tout à fait naturel, en plus d'être incroyablement agréable.

Mais cette fois-ci, ses lèvres s'attardent un peu plus et je le sens hésitant.

— Tu me le dirais si quelque chose n'allait pas ?

Je m'éloigne d'un pas, parce qu'il m'est impossible d'avoir l'esprit clair lorsque son corps est à proximité du mien.

— Rory ?

Il place un doigt sur mon menton et m'oblige à le regarder dans les yeux en inclinant légèrement ma tête vers lui.

— Je t'aime, Connor.

De toutes les options envisageables, les mots qui sortent de ma bouche ne sont sans aucun doute pas ceux qu'ils s'attendaient à entendre. À vrai dire, moi non plus. Je ne sais pas pourquoi ils sortent comme ça. Ni pourquoi ils sortent maintenant. Mais je ne regrette pas de lui avoir dit.

Il recule lui aussi d'un pas, l'air surpris. Ce qui n'a rien de très étonnant.

— Je suis désolée, je ne devais probablement pas te jeter ça au visage à sept heures du matin en pleine préparation du petit déjeuner, mais c'est la vérité. Ce qui arrive à ton père, c'est terrible. Vraiment. Et je me sens incroyablement égoïste de penser à moi, à nous, alors qu'il lutte pour survivre en ce moment même. Mais je suis tombée amoureuse de toi, Connor. Je veux dire... Comment les choses auraient pu se dérouler autrement ? Tu es tellement gentil... Bienveillant, soucieux de moi et de mon avis. Tu as fait tellement de choses pour moi ces dernières semaines que je ne sais pas ce que j'aurais fait sans toi. Et puis tu es...

Je tends ma main vers lui pour le designer de haut en bas.

— Tellement sexy.

Et c'est vrai. Physiquement, il m'attire comme personne d'autre.

— Sans compter le sexe... Qui est... Oh, mon dieu, je veux dire, tu m'as plus fait jouir en quelques semaines que dans toute ma putain de vie.

Face à moi, Connor ne bouge pas. Du moins c'est l'impression que j'en ai parce que je suis tellement concentrée dans ma tirade que tout autour de moi les choses semblent floues.

— Tu sais, après ce que j'ai vécu, je croyais sincèrement que tous les hommes étaient des enfoirés sans nom. Mais tu es apparu dans ma vie et tu m'as prouvé le contraire et maintenant je suis foutue parce que je suis amoureuse de toi et que tu vas partir loin d'ici et que...

Mais les mots peinent désormais à sortir de ma bouche.

— Rory... dit-il avant de faire un pas en avant et de me serrer dans ses bras.

— Je suis désolée.

Il caresse lentement mes cheveux et les larmes que je retenais commencent à couler le long de mes joues.

— Ne le sois pas. Je suis heureux que tu aies enfin laissé sortir tout ça, tu sais. Parce que je voyais bien que depuis cette discussion à propos de mon père, quelque chose te dérangeait. Mais ce n'était pas à moi de te forcer à en parler. Il fallait juste que tu sois prête à le faire.

Il passe son pouce pour stopper le cheminement d'une des larmes sur ma joue.

— Je ne veux pas que tu partes. Je suis terrifiée à l'idée de vivre loin de toi.

— Je ne vais nulle part sans toi.

— Qu'est-ce que tu veux dire ?

— Écoutes... C'est vrai qu'il y a un moment que j'envisage de revenir à Hillsborough. Mais j'ai ma vie ici, malgré tout. Ça fait des jours que je discute avec mes frères. Aucun d'entre nous n'a l'intention de retourner vivre à Los Angeles pour reprendre la société. Si on le fait, on fera en sorte de la transférer là-bas. À Hillsborough.

— Donc tu vas partir...

— J'ai beaucoup de choses à régler avant, mais je ne vais pas te mentir, il est fort probable que ce soit le cas oui. Mais Rory... Il y a longtemps maintenant que mon père est malade et tu ne faisais pas encore partie de l'équation à l'époque.

— Je comprends. Ça me brise le cœur, mais je comprends.

— Je ne savais pas comment amener la chose parce que je n'étais pas certain que tu sois prête à sauter le pas, mais... Après ce que tu viens de dire...

Il entoure mon visage de ses mains et rapproche mes lèvres des siennes.

— Je veux que tu viennes avec moi. À Hillsborough.

— Tu veux que je vienne avec toi ?

— Bien sûr que oui. Tu as complètement chamboulé ma vie, Rory. Mais c'est la meilleure chose qui pouvait m'arriver. Je ne veux aller nulle part sans toi. Je t'aime aussi.

Rien que pour toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant