Chapitre 20 - Rory

780 56 5
                                    

Alors qu'il commence à se faire tard et que je suis sur le point de finir mon service, j'aperçois Connor qui arrive près du comptoir.

— Eh, qu'est-ce que tu fais ici ?

— J'ai un petit quelque chose pour toi.

Je le regarde, un peu surprise alors qu'il me tend un petit paquet.

— Qu'est ce que c'est que ça ?

— Ouvre-le.

Je m'exécute, impatiente et un peu nerveuse. Parce que je ne vois pas de quoi il peut s'agir. 

À l'intérieur du sac, je découvre, surprise, un téléphone flambant neuf. Bien mieux que le mien, qui a disparu dans l'incendie.

— C'est pour moi ?

Il hoche la tête avec un adorable sourire en coin qui me donne envie de lui mordiller les lèvres. Cet homme-là a le don pour me rendre folle.

— Je sais que tu n'en as plus depuis... Alors je me suis dit que ça pourrait t'être utile.

C'est adorable et je suis émue de savoir qu'il l'a acheté pour moi, mais je ne peux pas accepter ça. C'est d'ailleurs ce que je m'apprête à lui dire lorsqu'il enchaîne.

— Je t'interdis de le refuser, Rory. Tu as utilisé ton joker pour éviter le restaurant, tu n'en as plus maintenant. Tu dois l'accepter.

Sa remarque me fait sourire. Il sait que je ne suis pas du genre à accepter des cadeaux hors de prix.

— Je ne peux pas accepter.

— Qu'est-ce que je viens de te dire ?

— Je sais, mais... Connor, c'est beaucoup trop.

— C'est un téléphone Rory. Je sais que tu n'as presque rien pu sauver alors... Ce n'est pas grand-chose, pour moi. Mais ça te sera utile, a toi. Et puis c'est un cadeau intéressé, tu sais.

— Vraiment ?

— Bien sûr, comment est-ce que tu comptes m'envoyer des photos dénudées de toi sans téléphone ?

Il parvient de nouveau à me faire rire, et rougir par la même occasion.

— Je ne ferais jamais un truc pareil.

Il se penche sur le comptoir, rapprochant dangereusement ses lèvres des miennes.

— Tu as raison, ce sera bien mieux quand je verrai tout ça en vrai.

— Oh, tu en parles au futur, comme si tu étais sûr que ça allait se passer...

Son sourire s'élargit et laisse clairement transparaître l'idée qu'il a derrière la tête. Possible que j'ai la même....!

— Toi et moi on sait que ce n'est qu'une question de temps, chérie.

— On passe aux petits surnoms maintenant ?

Il hoche la tête en riant.

— Et bien, pour être honnête, j'aimerais beaucoup passer au sexe, mais les petits surnoms, ça me va aussi pour l'instant

Et comme toujours quand il fait allusion au sujet, je rougis instantanément.

Les choses sont claires entre nous depuis le premier jour, je sais ce qu'il veut et il ne s'en est jamais caché. Alors je ne devrais pas être surprise. Mais la facilité avec laquelle il met le sujet sur la table me déconcerte.

— Tu es vraiment un pervers.

— Seulement avec toi.

— Est-ce que tu crois vraiment que je vais croire ça ? Je suis sûre que tu as déjà couché avec la moitié des filles de Miami.

Je n'aime pas la pointe de jalousie que ma voix laisse entendre, mais je ne peux la réprimer. Connor est un bel homme, aucun doute là-dessus. Ses grands yeux verts et son assurance à toute épreuve ont quelque chose de magnétique et je sais que les filles tombent autour de lui comme des mouches.

Je m'en suis rendue compte ces dernières semaines, au bar. À chaque fois qu'il était là, je voyais les regards et les chuchotements autour de lui des femmes qui l'entouraient. Et même s'il s'était toujours comporté comme un gentleman en ne m'accordant de l'attention qu'à moi, je n'avais pu empêcher ce sentiment de malaise de s'installer.

Mais ce soir, il est là, face à moi, avec un téléphone flambant neuf et je regrette déjà ce que je viens de dire.

— Je suis désolée, dis-je en attrapant sa main posée sur le comptoir.

Il attrape la mienne et la porte à ses lèvres avant d'y déposer un baiser.

— Ne le sois pas. Tu as raison. Enfin, la moitié des filles de Miami, non... Je dirais plutôt un tiers. Mais bon, j'ai arrêté de compter à la deux cent cinquante-neuvième alors...

Il fait en sorte de détendre l'atmosphère et je le remercie pour ça parce que je me sens un peu plus légère. Je lève les yeux au ciel, avant de retirer ma main, un sourire au coin des lèvres.

— J'ai bien compris que tu voulais m'ajouter à ta liste, mais moi, je fais dans l'exclusivité, tu vois. Et je ne pense pas que ce soit ton truc.

Il y a une éternité que je n'ai fréquenté personne. Non pas que je n'en ai pas eu l'occasion, mais je ne m'y suis jamais autorisée. Pas après mon énorme première déception amoureuse.

— Est-ce que c'est ça qui te freine ? Tu penses que j'irais voir ailleurs à la première occasion ?

— Et bien, pour être honnête. Oui, un peu. Connor, il s'est passé quelque chose. Quelque chose qui m'a profondément marqué et qui fait qu'aujourd'hui, il m'est extrêmement difficile d'accorder ma confiance à un homme. Ce n'est pas particulièrement toi, c'est plutôt moi qui manque de conviction quant aux histoires d'amour.

Peut-être qu'employer l'expression « histoires d'amour » est un peu excessif. Après tout nous ne sommes même pas vraiment en couple. Mais quand je suis stressée, les mots sortent de ma bouche plus vite que je ne le voudrais.

— Si c'est ce qui t'inquiète, Rory, sache que je ne te ferais jamais ça. Je ne suis pas un homme parfait, j'en ai tout à fait conscience. Et je me suis déjà probablement comporté comme un connard arrogant avec les femmes plus d'une fois, mais... Tu me plais. Alors oui, clairement j'ai envie de toi. Et franchement si tu me disais maintenant que tu en as envie toi aussi, je t'emmènerai chez moi et je te montrerais à quel point. Mais si tu as besoin de temps pour dissiper tes doutes, alors ça me va.

Cette fois le rouge de mes joues a à voir à la fois avec l'excitation que la promesse d'un petit tour chez lui a engendrée en moi, et le fait que je réalise que c'est moi qui freine le début de notre relation par peur d'être blessée.

Pour la première fois depuis longtemps, j'ai envie d'essayer. Je serais probablement encore déçue et peut-être même malheureuse, mais j'en ai assez d'être seule et Connor a été assez fou pour venir ici chaque soir dans l'espoir d'un rendez-vous avec moi alors... Oui, il a le droit à une chance. Et moi aussi.

— Est-ce que tu acceptes ce fichu téléphone maintenant ?

Je souris et me penche par-dessus le comptoir pour l'embrasser, ce qui semble le prendre au dépourvu.

— Oui. Merci beaucoup, Connor, ça me touche énormément.

Il me regarde de nouveau, ses yeux brillants de malice. Il y a autre chose. Et quelque chose me dit que je ne vais pas tarder à découvrir quoi.

— Bien, maintenant que c'est réglé... J'ai quelque chose d'autre à te proposer. Et j'espère vraiment que tu vas dire oui !

Rien que pour toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant