Love, Lies & Desires

Jax

— Je n'en reviens pas de ce que tu me fais !

Où avais-je la tête ? Bien sûr que Hal serait contre l'idée d'un nouveau break deux mois seulement après le dernier. Sauf que celui-ci est bel et bien définitif.

— Non mais t'es sérieux, là ?

J'expire lourdement devant son regard qui vire au rouge - métaphoriquement parlant - quand il me fusille. J'aurais peut-être dû attendre qu'il termine son sandwich car le couteau plein de mayonnaise qu'il tient dans sa main semble dirigé vers moi comme un avertissement ou une menace potentielle.

Holly reste en retrait, silencieuse. Je ne voulais pas qu'elle soit témoin de cette scène mais je ne pouvais pas attendre une minute de plus !

Lorsqu'il m'a demandé de l'accompagner à une soirée gay, j'ai pris ma décision sur un coup de tête mais celle-ci reste irrévocable en ce qui me concerne. Comment peut-il me demander de l'accompagner alors qu'entre nous rien ne va plus ? En plus, il sait que je déteste ce genre d'endroit depuis ce qui est arrivé à ma sœur Joyce ! Preuve encore de l'égoïsme qui le caractérise.

— Je sais que c'est un coup dur pour toi.

— Un coup dûr ? s'égosille-t-il. Je suis venu ici pour toi Jackson ! J'étais très bien là où j'étais ! J'avais une bonne place où je pouvais mixer deux fois par semaine et le reste du temps aider au bar et toi tu m'as demandé de te suivre ici pour ta carrière à la con !

Il pointe un doigt en direction de sa sœur tout en continuant de m'assassiner de ses yeux marrons et profonds.

— Même Holly a dû tout quitter pour toi !

— J'aimerais qu'on me laisse en dehors de ça, s'il vous plaît.

Mais Hal est si énervé qu'il ne semble pas l'avoir entendue.

— Mais t'en as rien à foutre, pas vrai ? Tu te fous royalement qu'on aie tous les deux mis nos vies de côté pour que toi tu puisses avancer dans ta carrière de nageur professionnel ! Et maintenant tu me sors que tu ne veux plus être avec moi ? C'est quoi le délire, hein ?

Soudain, une ombre passe sur son visage et il fronce les sourcils d'un air méfiant. Il dépose le couteau sur le plan de travail lentement. Ô joie, je ne vais pas mourir ce soir.

— T'as rencontré quelqu'un d'autre, c'est ça ?

Sans étonnement, je réponds :

— Non.

— Alors explique-moi pourquoi tu veux rompre ? Et ne me sort pas l'excuse à deux balles que c'est parce que j'ai rien dit à mes parents !

— Dans ce cas, tu vas affreusement être déçu parce que c'est exactement ça le problème.

Je marque une pause en mettant mes mains dans mes poches. Je hausse les épaules.

— Ça fait cinq ans qu'on sort ensemble et tu n'as toujours pas trouvé le temps ni l'envie de le dire à ton père ni à ta mère. Ma mère est au courant depuis le début alors que tes parents te croient en couple avec Enora. C'est un peu pathétique, non ?

Incrédule, mon ex secoue la tête et tente de trouver du soutien auprès de sa sœur mais celle-ci détourne son regard.

— Tu ne te demandes même pas comment je me sens moi dans tout ça. Vivre dans l'ombre, ça ne m'intéresse plus, continué-je.

— Mes cousins sont au courant et certains de mes collègues aussi !

— La belle affaire ! Je devrais m'estimer heureux sans doute ? raillé-je.

Hal ne répond pas.

— Je n'ai plus envie de faire semblant. J'en ai marre et cette relation ne me convient plus du tout. J'ai besoin d'autre chose, tu comprends ?

Soudain, il se redresse, mécontent.

— Je comprends surtout que t'as besoin d'une paire de seins !

Il referme son sandwich et l'aplati comme s'il voulait le réduire en miettes.

— J'aurais dû m'en douter. Tu fonctionnes comme ça à chaque fois après chacune de nos ruptures !

— Justement, on a rompu combien de fois en cinq ans ? Je ne les compte même plus.

— Si on a rompu autant de fois, je te rappelle que c'est uniquement à cause de toi ! Parce que t'avais besoin d'un break, parce que t'avais besoin d'aller voir ailleurs et de baiser des femmes !

Vu sous cet angle, j'ai l'air d'un parfait connard. Peut-être que c'est ce que je suis au fond.

— Les raisons qui me poussent à rompre avec toi c'est ton manque évident d'assurance. Tu ne sais pas ce que tu veux.

— Je suis venu ici pour toi. Je t'ai suivi alors je pense que tu sais parfaitement ce que je veux !

— Non, tu ne sais pas, répété-je les mains dans les poches. Si tu le savais réellement, tu ne me reprocherais pas ta présence ici alors que t'avais un super boulot à Philadelphie. Je ne t'ai obligé à rien du tout, ni toi ni ta sœur d'ailleurs.

Son visage se transforme de colère quand il réplique :

— Si je n'étais pas venu tu serais aller voir d'autres mecs, peut-être même d'autres femmes ou les deux en même temps ! T'es incapable de retenir tes putains d'ardeur Jax !

— Tu me fais si peu confiance alors ?

— Oui et à juste titre puisque tu m'as trompé à deux reprises !

J'essaie de garder mon calme mais je sens mes muscles se crisper face à l'iceberg qui se tient devant moi et aux reproches qu'il me fait à chacune de nos disputes. Mais puis-je lui en vouloir ? Sur ce point, il a raison.

— Il faudrait que t'arrêtes de ressasser le passé et que t'arrêtes de me le balancer à chaque fois qu'on se prend la tête.

— J'essaie franchement mais t'as grave merdé sur ce coup. Je t'ai peut-être pardonné mais je suis pas con au point de l'oublier totalement. Un toxico ça finit par replonger dans sa merde.

Je ris, ce qui a le don de l'énerver un peu plus.

— S'il y a un fautif là-dedans, c'est toi parce que c'est depuis ce moment-là que tous les deux on n'arrête pas de se disputer et puis de rompre !

— Très bien, je concède. J'en prends l'entière responsabilité. Je suis un putain d'enfoiré et toi t'es la parfaite incarnation de l'innocence.

— Je n'ai couché avec personne moi !

— Non, dis-je, blasé, en haussant les épaules. Toi, tu suces juste un mec dans les chiottes d'un bar. La classe ! Comment ça s'appelle ça ?

Je marque une pause en gardant mon air suffisant et moqueur sur le visage.

— Ouais, t'as raison, c'est pas du tout la même chose. Y a pas eu de baise donc y a pas eu de tromperie. C'est pas ce que tu m'as sorti le lendemain de cette fameuse soirée ?

Cela semble lui clouer son bec mais pour un instant seulement car il répond :

— Moi au moins j'ai avoué ma faute !

Faute avouée à demi pardonnée...

Aurais-je dû lui avouer alors toutes les fois où j'ai eu le besoin de me perdre entre les cuisses d'une prostituée à cause de la comédie qu'il nous impose ?