Love, Lies & Desires

Holly

— Tobias, s'il te plait, arrête-toi et laisse-moi t'expliquer !

Il finit alors par se retourner vivement, plein de colère mais aussi d'un sentiment de tristesse et je sais que j'en suis l'unique responsable. Alors que je me rapproche, un cri de douleur s'échappe de ma bouche. Par terre, des tas de petits morceaux de verres sont éparpillés et mes pieds nus en sont les victimes. J'étais si pressée d'arrêter Jackson que lui courir après avec des talons, qu'ils soient compensés ou non, était juste impossible.

— Tu veux m'expliquer, c'est ça ? me devance Tobias sans prêter attention à ma douleur. Vas-y, je t'écoute. Dis-moi de quelle manière t'es tombée dans ses bras. Dis-moi par quelle putain d'excuse tu vas te justifier ! Tu sais, je m'en fichais que tu sois vierge ou non. Je ne suis pas sorti avec toi parce que tu étais vierge mais parce que tu me plaisais Holly et que je pensais que tu étais différente.

— Et je le suis, je te jure. C'est juste que...

— C'est juste que quoi ?

Il passe une main nerveuse dans sa chevelure plutôt bien fournie. Tandis que je bouge de place pour m'éloigner des bris de verre. Je fais une grimace tout en répondant :

— Quand c'est arrivé, je n'avais pas prévu que ça irait aussi loin. Je ne pensais pas sincèrement que Jackson pourrait développer des sentiments pour moi.

— Tu te fiches de moi ? Ton excuse c'est que tu ignorais à quel point il était accro à toi ?

Il rit, amer.

— Holly, tu connais Jackson depuis des années, il t'a presque vu devenir une femme ! Je ne sais pas comment tu as fait pour passer à côté de ça mais clairement, avant même qu'il rompe avec Hal, il avait des sentiments ambigus à ton égard. Pourquoi crois-tu que j'étais si nerveux à l'idée de savoir que tu partais à Tahiti avec lui pour continuer votre farce à la noix ? Jackson a toujours trouvé une excuse pour m'empêcher de t'approcher, il savait que j'avais de vrais sentiments pour toi depuis la première fois que je t'ai vue. Maintenant je comprends pourquoi.

Quoi ? Tobias était déjà amoureux de moi ? Pourquoi je l'apprend seulement maintenant ?

Tobias soupire.

— Laisse tomber. De toute façon, il a obtenu ce qu'il voulait. Il n'a jamais réellement voulu que ça marche entre nous, pourtant j'aurais pu te rendre heureuse ! Ça me désole tellement que les choses se terminent de cette manière entre nous !

— Etais-tu sérieux ?

Il ne comprend pas ce à quoi je fais allusion.

— Quand tu disais que tu avais des sentiments pour moi depuis déjà quelque temps.

Son sourire n'atteint pas ses yeux. Et je me sent horriblement mal de lui avoir infligé cette douleur.

— Evidemment.

— Pourquoi tu ne m'as rien dit ? Pourquoi as-tu attendu autant de temps pour m'inviter à sortir avec toi ?

— Je te l'ai dit, Jackson m'en a empêché. Il ne voulait pas que je sorte avec toi tant que Hal et lui étaient en couple.

— Pourquoi ?

Il hausse les épaules.

— Son excuse c'était qu'il ne voulait pas mêler sa vie privée à sa vie professionnelle. Je ne vois pas de quelle manière les deux se rejoignent puisque d'aucune manière il mélange ces deux aspects de sa vie en m'autorisant à sortir avec toi. Lui et moi on est collègues, mais ça s'arrête là.

— T'autoriser... non mais quel culot ! Comme si j'avais besoin de son autorisation pour faire quoi que ce soit !

Furieuse, je laisse échapper un cri de rage. Puis, je reporte mon attention sur Tobias et la colère laisse place à la culpabilité.

— Tobias, je...

— Holly, je n'ai pas besoin de tes excuses et d'ailleurs je n'en veux pas, m'interrompt-il. Je ne comprends pas la raison qui t'as poussée dans ses bras, je ne sais pas de quelle manière c'est arrivé et honnêtement, je ne veux pas le savoir. Alors... laisse-tomber.

Puis, il plonge son regard dans le mien alors que je sens des larmes se frayer un chemin le long de mes joues.

— Profite bien de ton voyage à Tahiti.

Il tourne les talons. Je le regarde s'éloigner comme si une partie de moi partait avec lui. Pourquoi ai-je l'horrible sentiment d'avoir commis une terrible erreur ?

Je reste plantée dans la rue quelques minutes, tentant de comprendre ce qu'il se passe dans mon esprit et même dans ma vie. Quand je me décide enfin à rentrer à la maison, c'est avec une colère non feinte et malgré ma douleur au pied que je me plante devant Jackson. Ce dernier est occupé à préparer un sandwich, comme s'il ne venait pas de foutre le bordel dans mon existence.

— Te voilà.

— Je suis là, oui, et je suis extrêmement en colère contre toi !

— Ne t'inquiètes pas, Tobias s'en remettra.

Son sandwich terminé, il en prend une grande bouchée tout en me regardant droit dans les yeux.

— Je t'avais demandé de ne rien dire ! Pourquoi l'as-tu fait ?

— Parce que je ne supportais pas l'idée de te savoir au restaurant avec lui, sans parler du fait que tu comptais coucher avec lui. Sérieusement, tu penses que j'aurais pu laisser ma copine partir tranquillement à un rendez-vous galant avec un gars qu'elle comptait mettre dans son lit et de surcroît qu'elle aurait forcément embrassé ? !

— Ta copine ? demandé-je incrédule. Je suis heureuse de l'apprendre !

— Je ne vois pas pourquoi tu sembles si étonnée. On en a parlé il y a à peine quelques heures Holly. Je pensais que c'était clair.

— Ce qui est clair c'est que tu m'as empêchée de sortir avec Tobias depuis toujours !

— Je n'ai rien empêché du tout, dit-il en mordant une nouvelle fois son sandwich.

— Tobias vient de me dire le contraire !

— Il vient de se prendre une gifle monumentale, c'est normal qu'il soit prêt à tout pour me le faire payer et planter des petites graines dans ta jolie petite tête.

— Tobias ne m'a jamais menti.

— Moi non plus.

— Mais je sais que tu es parfaitement capable de le faire, dis-je en croisant les bras sur ma poitrine.

Il me regarde, parfaitement maître de lui-même. Il prend une nouvelle bouchée sans parvenir à cacher son sourire.

— Je ne vois pas ce qu'il y a de drôle Jackson !

— Notre première dispute en tant que couple, ça me réjouit.

— Non mais je rêve ! soufflé-je exaspérée en tournant les talons.

— Pourquoi tu marches comme ça ?

— Pour changer tiens !

Même s'il devine que la raison est tout autre, il n'insiste pas à ce sujet.

— Tu vas où ?

— Dans ma chambre !

— Je peux venir ?

— NON !