Love, Lies & Desires

Holly

Si Jackson continue de le frapper, il va finir par le tuer ! Sans réfléchir, je saute sur son dos pour mettre un terme à cette folie et lui faire entendre raison.

— Jackson ! Arrête ! Laisse-le partir maintenant ! Tu vas te faire renvoyer de ton club de natation !

— Il l'a cherché cet abruti ! vocifère-t-il.

J'encercle ses épaules mais ses mouvements sont vifs au point que mon corps - pourtant lourd - ne parvient pas à retenir ses coups et Jackson m'embarque avec lui. Je manque de tomber à plusieurs reprises mais je resserrer mes jambes autour de son bassin et le force à me regarder. J'ignore ce qui le décide enfin à lâcher sa prise mais c'est ce qu'il fait. Cependant, la condition sine qua non pour qu'il le fasse est formulée de manière claire et concise :

— Je ne veux plus le voir ici.

Soulagée, je concède.

Je lance un regard à Raphaël qui s'empresse de quitter la pièce et de claquer la porte du rez-de-chaussée.

Jackson, lui, me regarde toujours avec cet air à la fois indigné et furieux tandis que je m'habille d'un peignoir pour cacher ma nudité. Jackson ne semble même pas s'en être soucié et ma frustration ainsi que ma bêtise accentuent ma mauvaise humeur. Je suis en colère. Contre moi-même, contre cet abruti de Raphaël mais surtout contre Jackson parce que s'il avait accepté dès le départ ma demande je ne me serais pas retrouvée à devoir me désaper et encore moins à devoir utiliser ma bouche pour faire patienter un homme avec qui je ne voulais pas réellement coucher. J'aurais fini par trouver une excuse à la con pour y échapper si Jackson n'était pas arrivé mais je ne pouvais pas me défiler complètement sans rien donner.

Mes gestes traduisent ma colère car je serre un peu trop mon noeud à ma taille quand je noue la ceinture de ma robe de chambre.

— Ce n'est pas de ta faute si Raphaël est un salopard de première, s'enquiert Jackson.

Je m'arrête un court instant, juste assez pour plonger mon regard irrité dans le sien. Puis, je réponds sèchement.

— Je savais qu'il n'avait rien du prince charmant.

Il ouvre de grands yeux stupéfaits. La veine de son cou palpite déjà avant même que les mots ne franchissent ses lèvres :

— Et tu étais prête à t'offrir à lui ?

Sans prendre la peine de lui répondre, je sors de ma chambre en le contournant. Un grognement s'échappe de sa gorge quand il tempète :

— En fait, tu te fiches de qui tu mettras dans ton lit pour la première fois, c'est ça ?

J'arrive dans la cuisine où j'ouvre le frigo à la recherche de la bouteille de lait.

— Non, je ne m'en fiche pas Jax, c'est d'ailleurs la raison pour laquelle je t'ai demandé !

Je déniche enfin ce que je cherche et remplit un grand verre.

— Bon sang Holly ! Est-ce que tu te rends compte de ce que tu me demandes ?

— Oui, je sais pertinemment que ce que je te demande est une sacrée mission mais ce que mon frère ignore ne peut pas lui faire de tort ! Et puis, je te rappelle que vous n'êtes même plus ensemble. Je ne te demande pas non plus de m'épouser !

Je bois une gorgée avant de terminer :

— Après tout ce que j'ai fait pour Hal et toi j'estime avoir le droit de demander ce petit service !

— Là, t'es vraiment mauvaise, geint-il.

Je soutiens son regard.

— Je ne vais pas insister auprès de toi parce qu'il est évident que si j'avais été ton genre de femmes tu n'aurais pas hésité une seule seconde. C'est comme ça que tu fonctionnes après tout, non ? Quand tu fais un break avec Hal, tu t'empresses de retrouver une jolie fille qui pourrait te donner ce qu'à l'évidence il te manque !

— Ce n'est pas un break mais une rupture nette et définitive en ce qui me concerne, répond-t-il avec toujours de la colère dans la voix.

— Alors où est le problème ? Hormis le fait que je sois si repoussante à tes yeux au point de t'en faire vomir.

Jackson s'offusque et me réprimande de ses yeux foncés.

— Tu n'es pas repoussante.

— Alors donne-moi une bonne raison de refuser ?

— On a déjà eu cette discussion pas plus tard que cet après-midi.

— Oui, je suis la sœur de Hal et alors ? Si je m'affuble d'une perruque ou d'un sac poubelle sur la tête, tu n'y verras que du feu !

Son visage est si dur en cet instant que l'esquisse de sourire qui parvient malgré tout à étirer le coin supérieur de sa lèvre pourrait le fendre en deux.

— C'est incroyable ce que tu peux être obstinée !

— Je sais ce que je veux Jackson et avec ou sans ton aide je parviendrai à mes fins. A toi de voir si tu veux ou non m'aider.

Son regard d'un brun doré semble habité par une étrange lueur brillante quand il détaille mon visage. Probablement pèse-t-il le pour et le contre car il reste un moment silencieux. Un moment qui me semble durer une éternité. Je croise mes bras sur la poitrine pour lui montrer mon impatience et contre toute attente, alors que ses yeux s'assombrissent, il répond :

— Très bien.

Ma surprise est grande au point que ma bouche s'ouvre mais ne sourit pas.

— Mais ce sera selon mes conditions, prévient-il entre ses dents.

Ma démone intérieure sautille de joie tandis que son ennemie jurée souffle, exaspérée d'avoir encore perdu.

— Je suis toute ouïe.

Je cache mon enthousiasme face à cette négociation cruciale. Les yeux de Jackson plongent dans les miens et il commence à énumérer sur ses doigts :

— Hal ne doit jamais le savoir.

J'acquiesce même s'il n'attend pas de réelle réponse de ma part.

— Et ce sera la première et la dernière fois que toi et moi on fait ça.

— Si tu y tiens.

Jackson semble surpris à son tour.

— Comment ça si j'y tiens ? Parce que tu comptais que ça arrive plus d'une fois peut-être ?

Je m'arme de ma moue innocente et répond, d'un haussement d'épaule désinvolte :

— J'ai entendu dire que les premières fois ne sont jamais comme on s'y attend et que c'est avec de l'entraînement qu'on apprécie la chose.

Je ne sais pas si je dois rire ou être carrément offusquée face à son expression horrifiée, comme si une seule fois c'était déjà improbable ou voire même écoeurant.

Il fronce les sourcils avant de répondre avec gravité :

— Une seule fois c'est déjà plus que ce que tu ne mérites après ce que tu viens de me faire vivre.

Je prends son attitude comme une remontrance plutôt que comme une offense, alors je souris innocemment tout en annonçant :

— C'est mieux que rien, en effet. On y va ?

Il écarquille des yeux, s'attendant probablement à autre chose qu'à cette proposition immédiate. Je remarque, à la manière dont ses épaules s'affaissent, la nervosité qui semble soudain le gagner.

— Quoi ?

Je répète ma demande à laquelle il répond d'un ton tout à coup trop nerveux qui me ferait presque pouffer de rire.

— Là, tout de suite ?

— Je ne veux pas que tu changes d'avis alors oui.

Je m'avance dans sa direction et lui prend la main pour l'emmener en direction de ma chambre.